Eric Fottorino est le lauréat du Prix Fémina avec Baisers de cinéma. L'écrivain journaliste mène à la fois une quête des origines, une recherche de la mère dans les salles obscures et une histoire d'amour secrète et passionnée. Paris, romance, adultère et Nouvelle Vague !
Eric Fottorino a été récompensé pour son livre Baisers de Cinéma (Photo Gallimard)
Les prix littéraires semblent aimer les journalistes. Derniers en date, Jean Haztfeld a reçu le Prix Médicis pour La stratégie des antilopes alors que le Femina a été attribué à Baisers de cinéma d'Eric Fottorino. Le directeur du Monde, auteur, entre autre, de Caresse de rouge et Korsakov, y raconte une histoire d'amour addictive sur fond de Paris cinéphile.
Il conduit une sorte de quête originelle à travers les films de la Nouvelle Vague. Né de mère inconnue et fils d'un grand chef opérateur, son narrateur s'accroche à une phrase offerte par son père avant sa mort, lui apprenant qu'il devait son existence à un baiser de cinéma.
Depuis, l'homme d'une quarantaine d'année traque sur les écrans les actrices que son père a pu côtoyer, à la recherche de la mère rêvée. En parallèle à ces heures de salles obscures et de recherches dans les archives paternelles, il vit une passion pour Mayliss, une femme mariée et énigmatique qu'il a rencontrée sur l'Ile de la Citée.
Sous les projecteurs
Le roman d'Eric Fottorino tresse deux motifs avec insistance. D'un côté, les affres et les bonheurs d'un adultère chic parisien pourront émouvoir les sentimentaux. Mayliss est diaphane, ancien mannequin chez Dior et déroutante quand elle insiste pour que leurs ébats aient lieu chez elle en l'absence de son mari et de son fils.
De l'autre, l'entrée dans le monde du cinéma que nous propose Eric Fottorino est plus inattendue. Le métier du père, sans cesse évoqué, donne lieu à quelques belles pages sur les ombres et l'infini des lumières qui nimbent et habillent les comédiens. Le chef op. de Baisers de cinéma est une fiction, mais il donne, à force de citations et de noms propres, un peu l'impression d'avoir travaillé sur tous les films des années 60-70. C'est un peu gênant et artificiel. Pourtant, dans ce trop plein, quel plaisir que l'évocation de tant d'actrices emblématiques , la Lola d'Annouck Aimée, Françoise Dorléac, Anna Karina, Marie France Pisier, Corinne Marchand, Delphine Seyrig ou la collectionneuse Haydée Politoff.
Leurs ombres gracieuses sont la matière la plus vibrante de ce roman délicat et classique, pour amateurs de doux clairs obscurs.
Jean Marc JACOB. (www.lepetitjournal.com) vendredi 23 novembre 2007
Baisers de cinéma, Eric Fottorino (Gallimard), 190 pages, 14,50?
Ecouter un extrait lu par Thierry Hancisse, sociétaire de la Comédie Française
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