

(Rédaction internationale) - En juillet 2000, un avion Concorde de la compagnie Air France prend feu et s'écrase (AFP), peu de temps après son décollage de Roissy, sur un hôtel de Gonesse (Val-d'Oise). Les 109 passagers et membres d'équipages ainsi que 4 occupants de l'hôtel décèdent dans la catastrophe. Selon l'avis des experts, ce serait une lamelle en titane de 43,5 cm tombée d'un avion de Continental Airlines qui avait décollé juste avant, qui aurait provoqué l'éclatement d'un pneu du supersonique dont des débris auraient endommagé l'aile et les réacteurs de l'avion.
Un procès titanesque
Le procès qui s'ouvre aujourd'hui au tribunal correctionnel de Pontoise (Val-d'Oise) doit déterminer si la compagnie aérienne Continental Airlines, deux de ses employés, deux anciens responsables du programme Concorde et un ancien cadre de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) sont coupables d'"homicides et blessures involontaires". Le procès qui doit s'étaler jusqu'au mois de mai, devra éplucher plus de 90 tomes de dossiers et analyser 534 pièces à conviction. Les débats qui auront lieu trois jours par semaine seront menés en trois langues. Les parties civiles -la compagnie Air France, plusieurs syndicats et certaines des familles des victimes- attendent de fortes indemnisations. Les prévenus risquent une peine maximale de 375.000 euros d'amende pour les sociétés, et de cinq ans de prison et 75.000 euros d'amende pour les particuliers.
Version officielle contre thèse officieuse
La thèse officielle selon laquelle la lamelle de titane, la "bande d'usure"de l'avion, serait à l'origine de l'accident est contestée par l'avocat des protagonistes de Continental Airlines. Selon Me Olivier Metzner, l'incendie se serait déclenché avant le passage sur la lamelle. Son argument serait appuyé par 28 témoins oculaires, dont des pilotes et des pompiers. "La version de ces témoins dérangeait, et les juges ont construit leur vérité", a estimé Me Metzner à Reuters. Plusieurs incidents du même type auraient d'ailleurs été évités de justesse sur d'autres vols du Concorde précédant la catastrophe.
L'avocat de la défense, soutenu par son collègue Me Soulez-Larivière, met en cause l'ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel qui n'aurait pas retenu les éléments à décharge et plaide la nullité de la procédure.
Une tragédie dont le deuil n'est pas encore fait
10 ans après les faits, cette catastrophe marque toujours les esprits. L'accident avait d'ailleurs mis fin à la production de l'avion de ligne le plus rapide de l'histoire. Le Concorde a effectué son dernier vol en octobre 2003, après 27 ans de carrière. Quant au terrain de Gonesse, il ne trouve toujours pas d'acquéreur. Mis à prix 100.000 euros lors d'une vente aux enchères à la bougie 4 jours avant le début du procès, le terrain d'une surface de 44 ares n'a pas été vendu. Cela n'étonne guère l'avocat du liquidateur du terrain, Me Malherbe, "compte tenu du contexte". "Rien ne le distingue d'un autre terrain hormis la présence d'une stèle", a cependant précisé l'avocat, qui compte remettre le lieu de la catastrophe en vente un peu plus tard, à "un prix plus bas".
Damien Bouhours (www.lepetitjournal.com) mardi 2 février 2010
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Article de l'Express, Quatre mois de procès pour la tragédie du Concorde


































