Édition internationale

POUR OU CONTRE – Doit-on autoriser l'insémination post-mortem ?

Fabienne Justel, 39 ans, souhaite récupérer le sperme congelé de son mari décédé d'un cancer pour avoir un enfant de lui. Or en France, la loi de  bioéthique de 2004 interdit l'insémination post-mortem. Contrairement à d'autres pays d'Europe, sans parler des Etats-Unis, l'assistance médicale à la procréation est réservée aux parents vivants et en âge de procréer. Et vous, qu'en pensez-vous? Votre avis nous intéresse

Fabienne Justel et son avocat Me Collard (AFP)

(Rédaction internationale) - Dominique et Fabienne Justel voulaient avoir un enfant. Touché par un cancer incurable, Dominique a pris la précaution, dès le début de sa maladie, de confier son sperme au Centre d'étude et de conservation des oeufs et du sperme de l'Ouest (Cecos), à Rennes. Il est mort en septembre 2008. Aujourd'hui sa veuve souhaite récupérer sa semence, pour se faire inséminer. La loi s'y oppose. Avec son avocat, Gilbert Collard, elle a assigné le Cecos en justice, arguant que s'ils avaient eu connaissance des textes, les époux auraient très certainement stocké les paillettes de sperme dans un autre pays. Le tribunal rendra sa décision le 15 octobre.
Cette affaire relance le débat, d'autant que la loi bioéthique doit être réexaminée par le parlement en 2010. Il n'y a eu que cinq demandes d'insémination post-mortem en France en 30 ans. Mais aujourd'hui, la France est un des pays qui limite le plus strictement l'accès à l'assistance médicale à la procréation dans ce cas.

CONTRE
La France n'autorise pas l'insémination post-mortem au motif qu'on ne peut pas laisser les vivants ?disposer des éléments du corps des morts qui ne peuvent plus s'exprimer?. 
Le Comité national consultatif d'éthique (CCNE) se veut protecteur de l'enfant : naître d'un père mort n'est-il pas un préjudice délibéré moral et matériel ? L'enfant serait "d'emblée et volontairement orphelin de père"explique Pierre Le Coz, président du CCNE. D'ailleurs, au regard des textes, un bébé post-mortem serait dépourvu de filiation paternelle et de droits patrimoniaux.

POUR
La Grande- Bretagne, l'Espagne et la Belgique admettent cette pratique, sous conditions. Le consentement du mari doit être explicite avant son décès.
Aux Etats-Unis, il y aurait plusieurs milliers de bébés nés d'insémination post-mortem. La banque de sperme California Crybank, offrait même avec un sacré cynisme une réduction de 30% aux soldats partant en Irak qui souhaitaient conserver leur semence. Il arrive même que l'on procède, suite à un accident par exemple, à l'extraction de sperme dans le cadavre du défunt. 
Sans aller jusque là, certaines voix s'élèvent en France pour soutenir le combat de Fabienne Justel. Pour Sylviane Agacinsky, qui milite notamment contre la légalisation des mères porteuses, ?cette histoire revient à poser la situation d'un homme qui meurt quand sa femme est enceinte. Doit-elle pour autant interrompre sa grossesse? Je pense que non...?

Et vous, qu'en pensez-vous? Votre avis nous intéresse...
Marie-Pierre Parlange (www.lepetitjournal.com) vendredi 25 septembre 2009

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