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POLITIQUE - Qui sème les OGM récolte la tempête

Contre toute attente, le projet de loi sur les OGM a été rejeté mardi à l'Assemblée, à une voix près. Ce coup d'éclat replonge la majorité dans une division interne, où pro et anti-OGM s'affrontent sur les clauses de protection de l'environnement

Le grenelle de l'environnement fait grise mine en ce moment (photo AFP)

C'est un véritable coup de théâtre qui s'est produit mardi sur les bancs de l'Assemblée. Le texte sur les OGM, qui devait être entériné par le Parlement, a finalement été rejeté par une motion de procédure du PCF, à une voix près (136 contre 135). C'est un nouveau coup dur pour le gouvernement, qui avait pourtant tout orchestré pour que la loi soit votée, veillant à ce que les députés UMP soient plus nombreux que les élus de gauche ce jour là dans l'hémicycle.
C'était sans compter sur la mobilisation des socialistes, mais également sur le manque de cohésion des élus UMP sur le sujet. "Quand on veut mépriser l'opposition, on finit par le payer, c'est ce qui vient de se passer"a proclamé le président du groupe socialiste à l'Assemblée Jean-Marc Ayrault, qui réclame la création d'un nouveau projet de loi. Le débat est donc relancé sur les cultures OGM dans l'Hexagone, un sujet qui divise toujours autant la majorité. Et pas seulement la majorité !

Le débat sur la protection de l'environnement relancé
A l'origine, cette loi OGM découle du Grenelle de l'environnement de l'automne dernier, durant lequel Jean-Louis Borloo avait convié agriculteurs, écologistes, industriels et chercheurs pour s'entendre sur un projet commun. Mais lorsque le texte a été présenté en décembre au Conseil des Ministres, il a été modifié entre temps par le Sénat, incluant notamment le délit de fauchage qui vise à réprimer les actions des anti-OGM. De plus, les mesures de précautions contre les "risques de contamination" ont été amoindries. Les distances entre cultures OGM et traditionnelles restent en effet aléatoires et la protection des parcs nationaux est reléguée au bon vouloir des exploitants agricoles de la région.
En avril, les pro-OGM, soupçonnés de céder aux pressions des lobbys industriels, subissaient un premier revers avec le vote d'un amendement de l'opposition, imposant des zones de culture sans OGM. Avec le rejet du texte mardi, le débat sur l'agriculture transgénique est relancé. Mais pour mettre un terme à cette cacophonie, le Premier ministre a annoncé mardi le passage en force de la loi. Hier soir, il a convoqué une commission mixte paritaire, composée de 7 sénateurs et 7 députés, qui a finalement voté le texte controversé. Un dernier passage devant le Parlement sera cependant nécessaire pour la ratification définitive.
Frédéric GUITTON. (www.lepetitjournal.com) jeudi 15 mai 2008

En savoir plus :
Le Figaro - Projet de loi OGM : les motifs de la discorde
Le Monde - L'Elysée met en garde le groupe UMP après le faux pas sur les OGM
LCI - Copé aux députés UMP : "ça ne se reproduira pas"
Europe 1 - OGM, nouvelle version, aucun changement

- Jean-François Copé assume l'échec
C'est bien connu, lorsqu'un couac survient en politique, il faut aussitôt rechercher un coupable. En avril, c'était Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'Etat chargée de l'écologie, qui subissait les frais d'un amendement de l'opposition voté par surprise (voir l'article dans notre édition). Aujourd'hui, le nouveau fautif est clairement désigné. Jean-François Copé, président du groupe UMP à l'Assemblée, a rapidement été accusé de ne pas avoir su rassembler ses troupes derrière le projet. Aussitôt rappelé à l'ordre au téléphone par Nicolas Sarkozy, il a tenu à affirmer qu'un tel événement "ne se reproduira plus". Applaudi hier à l'Assemblée par les députés UMP en signe de soutien, Jean-François Copé a annoncé à l'AFP : "j'assume mes responsabilités, les blâmes, j'y suis habitué". Le 16 avril dernier, Nicolas Sarkozy avait appelé à la solidarité et à l'union du groupe UMP derrière les décisions prises par le gouvernement. "J'ai déjà eu l'occasion de vous le dire quatre ou cinq fois, je ne le répéterai pas une sixième"avait-t-il conclu? F.G. (
www.lepetitjournal.com) jeudi 15 mai 2008

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