

Le pavillon Chanel de l'architecte Zaha Hadid a élu domicile depuis le 29 avril sur le parvis de l'Institut du Monde Arabe (IMA) à Paris. L'IMA s'initie ainsi à un genre nouveau, juxtaposant à la fois, une pointe de mode, le travail d'une artiste irakienne et de l'architecture contemporaine
Un exemple de tours réalisées par Zaha Hadid (photo : Sophie Ughetto)
Zaha Hadid est une architecte méconnue en France. Pourtant l'Irakienne, diplômée de l'Architectural Association de Londres, est une pointure dans son domaine, et se distingue par son style futuriste et déconstructiviste. Avec l'aide de son agence Zaha Hadid Architects créée à Londres en 1980 et ses 250 employés, elle s'est imposée dans le paysage urbain chinois, avec l'opéra de Canton, achevé en 2010, dans celui du pays de Galles, de l'Angleterre ou encore des Etats-Unis et de l'Allemagne. Dans l'hexagone, elle s'est illustrée dans plusieurs villes : à Marseille avec la tour CMA-CGM, du nom d'une compagnie de transport, à Strasbourg, avec la gare de tramway. Cette dernière a obtenu le prix de l'architecture européenne contemporaine Mies Van der Rohe en 2003. Quant aux réalisations en cours, elles sont exposées dans le pavillon Mobile Art, créé par Zaha Hadid elle-même pour Chanel en 2008.
Un pavillon itinérant ... immobile
Conçu sur la demande de la célèbre maison de couture, le pavillon itinérant Mobile Art aux allures de coquillage matelassé, était destiné à accueillir les ?uvres d'artistes du monde entier. Le Mobile Art s'est ainsi déplacé à Hong Kong, New-York et Tokyo, avant d'être immobilisé à Paris, pour cause de crise économique. "Chanel a pensé à l'époque que les dépenses liées au Mobile Art aient pu être considérées comme choquantes", explique Philippe Cardinal, directeur de la communication de l'IMA. Depuis, le Mobile Art abrite, sous ses volutes de plastique "peu écologiques" (d'après Julien 39 ans, visiteur de l'exposition), les projets de ? Zaha Hadid !
A la question : "le bâtiment fait-il preuve d'une absence de réflexion sur son impact environnemental ?", Philippe Cardinal répond, embarrassé : "les gens sont plus sensibles maintenant à cette problématique qu'il y a quelques années, mais elle ne doit certainement pas échapper à Zaha Hadid. Elle prend ces questions très à c?ur en général?".
Les visiteurs, eux, sont pour la plupart conquis : "je suis très surprise mais également fascinée par ces tours éclatées [l'exposition des réalisations de Zaha Hadid], qui laissent passer la lumière au fur et mesure qu'elles s'élèvent", confie, enthousiaste, Josiane, 42 ans. Sébastien, 31 ans, reste, lui, sur sa faim : "l'exposition est trop brève, on a envie de voir tous les projets exposés ici en vrai, bien réels, plutôt qu'en trois dimensions". Mais en règle générale, le public trouve le travail de Zaha Hadid "beau, bien que je n'aime pas trop ce qui est urbain en général", déclare Jean, 35 ans.
L'avenir du pavillon encore incertain
Depuis que l'IMA en a fait la demande à Chanel, le pavillon est stationné de manière permanente devant l'Institut. Le directeur de la communication de Philippe Cardinal avoue "je n'ai pas encore arrêté la programmation mais je souhaiterais y accueillir des créateurs contemporains dans le domaine des arts plastiques, tels que la sculpture, la vidéo, ou encore des installations, et des peintures". Le suspense demeure donc entier sur les expositions à venir... Celle de Zaha Hadid s'achève, elle, le 30 octobre 2011.
Sophie Ughetto (www.lepetitjournal.com) lundi 27 juin 2011
Institut du monde arabe
1, rue des Fossés Saint-Bernard
Place Mohammed V
75005 Paris
Tél. 01 40 51 38 38
http://www.imarabe.org/
métro ligne 7 et 10 : Jussieu, et ligne 10 : Cardinal Lemoigne.
prix : 7?, tarif réduit : 5?.