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OPEN DE MONACO - Entretien avec un homme de terrain

Pendant dix jours, Laurent Florier, employédu centre hospitalier, est homme de court àl'Open de tennis de Monte Carlo. Un rôle méconnu, mais indispensable au bon déroulement du tournoi. Vue du tournoi de l'intérieur

LPJ Monaco : Laurent Florier, vous êtes un homme de terrain dans le sens le plus propre du terme puisque vous êtes homme de court. Quel est votre rôle?
Laurent Florier :
L'homme de court est chargéde la préparation de la surface de jeu, afin que les joueurs évoluent dans les meilleures conditions possibles. Nous sommes une équipe de 5 personnes qui nous occupons uniquement du court central, et environ 40 personnes au total pour l'ensemble des courts. Afin que les courts soient prêts pour 10 heures (premier match) ou bien 8 heures (pour les entraînements) nous embauchons à6 heures.
La première tâche consiste àdébarrasser le court de tous les lestes qui sont posés sur la bâche, ensuite nous débâchons et nous attaquons le court àla raclette ou au rabot, afin d'enlever toute la mauvaise terre qui a étéécrasée toute la nuit par la bâche, et bien aplanir le court afin qu'il n'y ait pas de bosses pouvant nuire àla pratique du tennis. Environ deux brouettes de terre sont enlevées chaque matin, et remplacées par de la bonne et nouvelle terre. Nous pouvons également être amenés àjeter du calcium (en granulés) afin que le court garde bien son humiditéet ne sèche pas trop vite. Ensuite nous remettons en place le filet qui avait étéenlevéla veille afin de bâcher, nous passons le filet (pas celui qui sert pour le jeu !!!) afin de bien étaler la terre uniformément, et nous faisons les lignes àl'aide d'un balai. Nous remettons en place ce qui doit se trouver sur le court, chaise d'arbitre, caissons et chaises des juges de ligne, frigos, et les bancs pour les joueurs.

LPJ : Une fois les matches commencés, votre journée est finie ?
Laurent Florier :
Non. Lorsque les matchs débutent nous devons impérativement rester en place en permanence aux abords du court en cas de problème (bande du filet qui casse, trou dans le terrain, joueur qui se plaint etc. etc.). Nous n'intervenons qu'àla fin de chaque set, afin de refaire le court (filet, balai sur les lignes) et pour cela nous n'avons que le temps de la minute de repos des joueurs. Nous entrons au pas de course sur le terrain, deux avec un filet chacun, et deux avec balai se partageant les deux côtés. A la fin des matches de la journée, entre 17 h et 22 heures parfois, on enlève tout ce qu'il y a sur le court, on trempe le terrain, on attend qu'il boive un maximum, et ensuite on bâche.
 
LPJ : En général, nous savons qu'il y a les joueurs, les arbitres et les ramasseurs de balles mais nous ignorons le reste... 
 LF :
Chaque année je suis stupéfait par le nombre de personnes qui sont employées au MCCC, durant la semaine. Il y a une équipe qui est embauchée àpartir du mois de janvier pour monter les tribunes et qui s'occupe également de tout ce qui est entretien, pose de moquette, peinture, pose de panneaux publicitaires – en fait tout ce qui est intendance et il y en a beaucoup. Il y a le personnel de nettoyage qui nettoie les tribunes le soir, et ce n'est pas une mince affaire ! Il y a également les contrôleurs chargés de gérer l'accès aux tribunes, les placeuses qui évitent également que les spectateurs ne se déplacent pendant l'échange, la sécuritéqui encadre les joueurs et qui déploie deux hommes sur le court central pour protéger les joueurs. Je vous passe tout le personnel médical, les cantines, les points de restauration, les boutiques du club... Enfin bref une organisation de folie qui se prépare d'une année sur l'autre !

LPJ : Avez-vous des anecdotes?
 LF :
Lors de la cérémonie de remise des récompenses, une dame est descendue des tribunes en tailleur jaune, avec un joli chapeau, des talons hauts, et est venue se placer aux côtés de SAS le Prince Albert sur le podium, et a commencéàlui parler àl'oreille... Je revois encore le personnel de la sécuritéqui s'interrogeait et qui pensait que cette personne faisait partie du protocole ! En fait il n'en était rien, et il a fallu que SAS fasse un geste àla sécuritépour qu'ils évacuent cette personne gentiment et discrètement. C'était tellement bien fait, mais en y repensant cela aurait pu avoir des conséquences plus graves !
Sinon du côtédu jeu, je me souviens d'un jour oùil avait beaucoup plu, et oùCarlos Moya avait repris le match très tardivement, le faisant finir aux alentours de 21h30 devant un public d'àpeine plus de 20 personnes, tellement il faisait nuit et froid. C'était hallucinant de voir une star pareille jouer de nuit, dans l'anonymat le plus complet... Je me souviens également d'un double avec Santoro/Llodra oùMickael Llodra, après sa victoire, pour remercier les gens qui était restési tard avait quasiment tout donnéau public : raquette, chaussettes, chaussures, maillot, il avait juste gardéle short, c'était très sympa et tellement peu courant dans le monde du tennis.

LPJ : Quels sont vos pronostics pour l'Open de Monaco 2006?
LF :
Les seules prévisions que je m'accorde, ce sont celles de la météo ! Car si il pleut, pour nous cela sera une semaine cauchemardesque;par contre si on a beau soleil, cela ira tout seul et passera comme une lettre àla poste. C'est tellement agréable de voir le MCCC illuminépar le soleil, avec la mer bleue en toile de fond... Pour le jeu, il faut dire que la suprématie espagnole est toujours bien présente àMonte Carlo, àmoins qu'un petit
argentin vienne une nouvelle fois brouiller les cartes ?
Propos recueillis par Eva Esztergar. (LPJ – Monaco) 19 avril 2006

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