L’Organisation Internationale de la Francophonie célèbre cette année son cinquantenaire. Depuis le mois de mars dernier, et jusqu’à la fin de l’année, des événements - virtuels, pandémie oblige ! - sont organisés aux quatre coins du monde afin de fêter le jubilé de cette organisation dédiée à la francophonie. Notre édition entre dans la danse en publiant dans ses colonnes, des auteurs francophones des États-Unis.
En notre qualité de premier média francophone de par le monde à l’attention des expatriés francophones, avec quelque 69 éditions sur 5 continents, notre édition new-yorkaise a décidé de rendre hommage à la langue de Molière en publiant dans ses colonnes, durant cette période de jubilé, des auteurs francophones installés aux États-Unis. Aujourd’hui, nous avons rendez-vous avec Pauline Guedj, une Française de New York qui vient de publier son seconde ouvrage « Louis Malle - Regards sur l’Amérique ».
Pauline Guedj
Pauline Guedj est anthropologue et journaliste. Spécialiste des États-Unis et des cultures africaines-américaines, elle est maître de conférences à l’université Lyon 2 et collabore avec plusieurs journaux français et américains dont l’hebdomadaire Politis. Elle vit aux États-Unis, entre New York et Milanville en Pennsylvanie.
« Je connaissais mal le cinéma de Louis Malle avant de venir m’installer à New York. C’est en découvrant ses films américains que j’ai compris la singularité de ce cinéaste qui abordait chacun de ses films comme un chercheur tentant d’assouvir sa curiosité, de décortiquer un sujet ou une série de questionnements, » explique Pauline Guedj. Et de rajouter « Aux États-Unis, Louis Malle a réalisé huit longs métrages, alliant oeuvres de fiction et documentaires, croquant des régions aussi différentes que le Midwest, le Texas, New York et San Francisco et faisant appel à des acteurs de renom comme Burt Lancaster, Brooke Shields, Julianne Moore et Susan Sarandon. Avec ce livre, l’objectif a été pour moi d’analyser le regard de Louis Malle sur le pays tout en forgeant un récit plus ludique revenant sur son parcours et déroulant le fil de ses intuitions jusqu’à l’époque contemporaine. »
Avec ce second ouvrage, Pauline Guedj propose une approche documentée du travail du célèbre cinéaste français outre Atlantique. Le regard d’une anthropologue posé sur la réflexion que Louis Malle se faisait de l’Amérique.
Extrait de « Louis Malle : Regards sur l’Amérique »
Arrivé en Amérique, Louis Malle s’intéressera aux bordels de La Nouvelle-Orléans (Pretty Baby), aux casinos d’Atlantic City, au quartier de Mission District à San Francisco (Crackers), au milieu du théâtre new-yorkais (My Dinner with André / Vanya on 42nd Street), aux pêcheurs de la baie de Galveston au Texas (Alamo Bay), à des communautés d’immigrés aux quatre coins du pays (... And the Pursuit of Happiness) et à la petite ville de Glencoe dans le Minnesota (God’s Country). Entre 1978 et 1986, avec une coda pour son ultime film Vanya on 42nd Street en 1994, Louis Malle a fait de sa spécificité dans le paysage local, Français bilingue et caméléon, sa marque de fabrique. Ne jamais devenir « un autre cinéaste américain », disait-il. Des États-Unis, il a cherché à décrire ce qui dérange, le racisme, les inégalités sociales, le règne dangereux du capitalisme qui écrase les individus, le temps qui passe et qui dans cette nation acquiert une valeur différente de celle qu’il observe en Europe. Mais il a aussi voulu transmettre ce qui lui fit aimer ce pays, la spontanéité des individus et des artistes, le goût pour la nouveauté, pour l’aventure, la quantité infinie des microcosmes sociaux qu’il y rencontre, ce qu’il appelait des « mini-cultures », la mosaïque d’immigrés, un statut que Malle partage et qui lui va à merveille. Avoir deux ou trois cultures. Être à l’intérieur tout en prenant du recul. En être tout en pouvant s’en extraire. Un destin qui d’une certaine manière est celui de nombre d’Américains et dans lequel il n’a cessé de se reconnaître.
Pour commander « Louis Malle : Regards sur l’Amérique » de Pauline Guedj