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« L’Aliéniste » de Caleb Carr, une plongée dans le New York d’hier

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Photographie de l’Aliéniste, de Caleb Carr
Écrit par Rachel Brunet
Publié le 7 décembre 2018, mis à jour le 7 décembre 2018

La rédaction du Petit Journal New York vous invite, chaque mois, à découvrir un ouvrage dont l’intrigue se passe à New York. Une occasion de découvrir la ville différemment. Ce mois-ci, nous vous proposons de plonger en 1896, dans un New York assez sordide, mais les détails historiques avancés par l’auteur, en valent la lecture. Partons à la découverte de « L’Aliéniste » de Caleb Carr.

 Le nom de Carr vous dit quelque chose ? Et pour cause, Lucien Carr, le père de Caleb Carr, était plus connu comme écrivain et compagnon de route de Jack Kerouac, Allen Ginsberg et William Burroughs, les têtes pensantes de la Beat Generation. En 1944, Lucien Carr tue à coups de poignard un instructeur scout qui lui faisait des avances un peu trop pressantes. Avec la complicité de son fidèle ami Kerouac, il jette le corps dans l'Hudson River. Ce qui valut quelques jours de prison à Kerouac et deux ans d'incarcération à Lucien Carr. À sa sortie il restera très lié avec Kerouac, Ginsberg et Burroughs. Souvenir d'enfance du jeune Caleb : « C'étaient des types assez sympathiques, mais vraiment bizarres. En tant qu'enfant, les fréquenter, était dans l'ensemble, plutôt éprouvant.» À croire que ces moments éprouvants ont pu alimenter l’imagination de l’auteur, mais peut-être aussi son côté sombre.

 Pour comprendre le titre de cet ouvrage écrit par Caleb Carr, écrivain mais aussi historien, il faut comprendre la définition que Carr donne lui-même du mot aliéniste. « Avant le 20ème siècle, les malades mentaux étaient considérés comme aliénés, c’est-à-dire étrangers, non seulement au reste de la société, mais aussi à leur propre nature. Les spécialistes qui étudiaient et traitaient leurs pathologies étaient connus sous le nom d’aliéniste ». Et l’aliéniste de cet ouvrage s’appelle Laszlo Kreizler, homme dont les travaux vont révolutionner la médecine psychiatrique. 

 L'action se passe à New York en 1896. Dans les quartiers pauvres du Lower East Side, la police découvre la première victime, un adolescent de treize ans, éventré et mutilé, Giorgio Santorelli, alias Gloria, pour la maison de passe où il travaille travesti en femme. Aucun indice, aucune piste. Puis, suivra  une série de meurtres, tous aussi abjects les uns que les autres. Soutenus par le chef de la police de New York – le dénommé Théodore Roosevelt qui deviendra en 1901 le 26èmeprésident des Etats-Unis-, le journaliste John Moore et une poignée de policiers incorruptibles vont mener l’enquête sous la direction de l’aliéniste, avec une méthode surprenante. 

 L’histoire est glauque mais très bien ficelée. Cependant, au-delà de l’intrigue et de la qualité de l’écriture, ce qui prévaut pour nous autres New Yorkais, est la casquette d’historien de Caleb Carr, qui décrit avec précision, un New York ombrageux et souvent effrayant de cette fin de 19èmesiècle. L’œuvre reste une fiction, mais les détails savamment mis en avant sur la ville, en apprennent beaucoup au lecteur.  Ainsi, nous découvrons que Delmonico fut le tout premier restaurant de New York. Alors situé au 2 South William Street, aujourd’hui le Financial District, ce restaurant est le lieu de rendez-vous des protagonistes de l’histoire. Une partie de l’intrigue se passe dans ce haut-lieu de la gastronomie d’alors. Et comble de l’histoire, on y servait des plats français largement arrosés de vins, tout aussi français. L’auteur promène le lecteur dans un New York sombre et pesant, et  par son souci du détail historique, dresse un singulier portrait de New York, à l’aube de la modernité. On y croise même JP Morgan...

 À lire et à relire, peut-être dans cet avion qui vous ramènera en France pour y passer les fêtes de fin d’année. D’autant que là-bas, l’ouvrage vient d’être adapté à l’écran...

 

 

Rachel Brunet
Publié le 7 décembre 2018, mis à jour le 7 décembre 2018