

La semaine dernière, le Los Angeles Time a proposé un long reportage très documenté sur les conséquences de la légalisation du cannabis en Californie. Alors que New York vient, cette année, de légaliser la vente dans son État, les effets de la loi provoquent exactement l’inverse de ce qui était escompté.
Pourquoi légaliser la culture de cannabis?
À l’origine, la légalisation de l’usage du cannabis dans un cadre récréatif avait pour but de mettre fin au trafic et, accessoirement, de récupérer une manne financière sans équivalent pour les États : 5Md d’euros de ventes taxées en 2021.
Mais l’assouplissement de la loi, et donc des contrôles a permis aux trafiquants de poursuivre ou même de commencer leur activité à moindre risque. Et bien qu’il n’existe aucun chiffre sur ce marché parallèle, des photos satellites montrent que les cultures illégales sont dix fois plus nombreuses que celles autorisées.
Évidemment, le cannabis produit de manière illégale, utilisant une main-d’œuvre clandestine, sans aucun cadre ni respect de l’environnement ni, enfin, aucune taxe, coûte beaucoup moins cher à la production et la revente, ce qui a fait plonger les prix. Un demi-kilo de fleurs séchées se vendait il y a quelques années autour de 2000€. 380€ aujourd’hui.
Encore faut-il trouver un acheteur.
Les trafiquants sont si bien parvenus à saturer le marché que les producteurs agréés ne parviennent même plus à vendre leur production. La Californie produirait aujourd’hui 1 600 tonnes par an pour une consommation de 900 tonnes (Le Los Angeles Times parle mêmes d'une production deux fois plus importante selon ses propres chiffres).
Pour compenser, l’État a consenti à des baisses d’impôts, mais cela ne semble pas suffisant.
Les difficultés financières des producteurs agréés ne sont pourtant pas les seuls problèmes.
Un désastre écologique et sociétal
Du point de vue environnemental, la culture illégale est une catastrophe. Elle consiste à passer les terrains au bulldozer pour y construire des dizaines de serres, à utiliser des engrais ou produits pour lutter contre les rongeurs qui ont été interdits depuis 25 ans aux États-Unis. Les cultures sont également très gourmandes en eau qui est pompée sur place ou apportée dans d’immenses camions-citernes.
Le trafic génère également plus de violence. La main-d’œuvre illégale est souvent mal ou pas payée. Par ailleurs, là où une condamnation pour culture illégale impliquait la prison, elle est aujourd’hui, grâce à la loi, seulement passible d’une amende de $5000 que les trafiquants n’ont aucun mal à payer.
La police, totalement dépassée, est en effectifs trop faibles pour que les saisies de produits illégaux soient significatives.
Ironiquement, ce sont les Services de la faune et de la pêche qui sont les plus habilités à lutter contre la culture illégale, avec une capacité à réclamer jusqu’à $ 30 000 par jour aux contrevenants. L’Oregon a placé les contrôles de police dans ses priorités.
Mais de nombreux petits producteurs légaux, qui ont dû s’endetter pour mettre leurs installations aux normes, sont sur le point de faire faillite, laissant le terrain libre - au sens littéral du terme - aux trafiquants...
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