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Coronavirus : 80 % des patients intubés à New York sont morts

Coronavirus New YorkCoronavirus New York
Écrit par Rachel Brunet
Publié le 15 avril 2020, mis à jour le 15 avril 2020

Au fur et à mesure que la pandémie fait son chemin, les médecins font des constats. Parmi eux : l’intubation des patients dont le cas est aggravé ne serait pas si favorable que ce qui était pensé. Un chiffre : dans la ville qui s’est endormie, 80 % des patients contaminés au covid-19 intubés sont décédés.

 

Manque cruel de recul

Le débat monte parmi les médecins traitant les malades du Covid-19 : quand faut-il les placer sous respirateur artificiel ? C'est l'une des plus grandes questions actuelles, au même titre que celle sur l'efficacité réelle de l'hydroxychloroquine. De l’Europe aux États-Unis, les questions se posent mais les réponses tardent à venir.

Pour cause : les études et le recul manquent en plein milieu de la pandémie. Il est impossible de savoir si les personnes mortes sous respirateurs auraient survécu autrement. Mais le fait est là, à New York, 80 % des patients placés sous respirateur artificiel sont morts.

De nombreux médecins ont constaté que l'état de malades du Covid-19 semblait se dégrader rapidement après l'intubation, ce qui conduit depuis quelques semaines plusieurs hôpitaux américains à un exercice délicat pour retarder au maximum le recours aux respirateurs. L’alarme a été donnée en Italie, alors que le pays était encore, la semaine dernière, le pays le plus endeuillé au monde, avant que les États-Unis ne leur emboîtent le pas. Une grande majorité des patients italiens placés en soins intensifs et sous respirateurs artificiels sont morts. Même constat du côté de la Grande Bretagne.

Au début de l'épidémie, les patients à bout de souffle, au sens propre comme au sens figuré, étaient soignés selon un protocole établi pour ce qui est appellé le syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA). Ce syndrome, qui fait que les poumons n'arrivent plus à prendre suffisamment d'oxygène pour bien alimenter les organes, peut être provoqué par une infection - telle que la pneumonie - ou un accident. La pratique, pour ces patients en détresse respiratoire, est d'intuber relativement tôt. Mais les semaines passant, et le taux de mortalité des patients atteints au Covid-19 et placés sous respirateur a alerté. Des médecins ont alors relevé que le syndrome Covid-19 n'était pas tout à fait identique à la détresse respiratoire habituelle, en tout cas pour une partie d'entre eux. Les poumons ne sont pas abîmés de la même façon.

Les médecins se sont rendu compte qu'en réalité, les patients dont le taux d'oxygénation du sang tombait à des niveaux bas, qui déclencheraient normalement une intubation, ne se portaient pas si mal.

Au lieu d'intuber vite, les médecins utilisent des niveaux inférieurs de soutien en oxygène : des canules nasales, des masques conventionnels ou plus sophistiqués, une oxygénation à haut débit, ou encore placer le malade sur le ventre, ce qui aide les poumons. D’où les images de patients touchés par le nouveau coronavirus, couchés sur le ventre dans les salles de réanimation.

Les sociétés médicales, dont les experts internationaux de la Surviving Sepsis Campaign, sont en train de rédiger des consignes de bonnes pratiques. Aucune n'a encore de réponse définitive.

 

Les respirateurs, le nerf de la guerre

Au début de la pandémie dans les pays occidentaux, la question d’un éventuel manque de respirateurs pour soigner les patients les plus critiques atteints par le coronavirus s’est faite de plus en plus pressante. En Italie, en Espagne ou aux États-Unis, la même question se posait alors : "Comment faire si le nombre de respirateurs devient insuffisant pour prendre en charge ceux qui en ont besoin ?"

Cet enjeu des respirateurs est donc devenu l’une des clés dans la lutte contre le Covid-19 et des initiatives privées se sont multipliées pour tenter de les rendre plus disponibles.

Fin mars, l’inquiétude et le débat aux États-Unis étaient au plus haut.

Selon une étude de l’Université Johns Hopkins de 2018, les Etats-Unis devraient disposer d’au moins 742 500 appareils d’assistance respiratoire pour être capables de faire face à une grave pandémie comme la grippe espagnole de 1918. Or, selon l’étude, il n’y en avait que 160 000 dans le pays, dont 98 000 incomplets mais qui pouvaient servir de base.

Trop tard jugé pour certains, Donald Trump a décidé, fin mars d’actionner le Defense Production Act, une loi d’exception datant de la guerre de Corée (1950), qui lui permet de mobiliser le secteur industriel privé pour garantir la sécurité du pays. General Motors a été contraint d’en fabriquer, dans son usine de Kokomo (Indiana), qui produisait jusqu’ici des composants électroniques pour voitures. Les premiers respirateurs approuvés devraient être disponibles vers fin avril.