Pourquoi le pain perdu s’appelle « french toast » aux États-Unis ?
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Initialement fait à base de pain rassis ou de brioche, de lait, d’œufs battu et de sucre, le pain perdu est appelé « french toast » aux États-Unis. Mais pourquoi donc ce qualificatif « french » ? Notre édition a mené l’enquête.
French toast et le vieil irlandais
Certains plats ont un drôle de nom... Le pain perdu est, à l’origine, un plat très peu coûteux composé de pain rassis trempé dans un mélange de lait et d’œuf battu avant de le faire revenir dans une poêle. Pain perdu parce qu’à la base de la recette, le pain est rassis et donc, immangeable. Aux États-Unis, le pain perdu est à toutes le cartes de Brunch dignes de ce nom. Sauf que les Américains l’appellent « french toast » et généralement le badigeonne de cannelle. Que serait l’Amérique sans cannelle ?
Il faut remonter dans l’histoire pour comprendre de plat qui serait né à l’époque de l’Empire Romain. En France, l'appellation « pain perdu » arrive entre le 14e et le 15e siècle. Mais ce n'est alors qu'une sorte de beignet de pain, un plat cuisiné par les plus pauvres. La recette du pain perdu telle qu'on la connaît aujourd’hui, à savoir sucrée, apparaît au 17e siècle. De plat de pauvre, le pain perdu au sucre s’invite à la table du roi. La légende dit qu'Henri IV, roi de France de 1589 à 1610, en était friand. C'est à partir de là que le pain perdu, plat désormais prisé par l'aristocratie, s'exporte un peu partout dans le monde. On le retrouve notamment au royaume d'Angleterre sous le nom de French Bread. Sauf qu’attention, cette dénomination n’est pas un clin d’œil à notre gastronomie d’alors mais est dérivé du vieil irlandais où « french » signifierait « tranché ».
La piste du « french bread » des Irlandais
Son arrivée aux États-Unis se fait en même temps que l’exode des immigrants irlandais qui fuient la Grande famine, du milieu du 19e siècle, vers le nouveau monde et emportèrent avec eux leur culture et accessoirement leurs recettes.
Le nom de « french toast » apparaît pour la première fois dans l’Encyclopedia of American Food and Drink en 1871. Selon la légende américaine, c’est l’Américain Joseph French qui aurait créé le plat en 1724, et aurait voulu nommer sa création en y accolant son nom de famille. Sauf qu’il aurait oublié l’apostrophe...
Pour Stephen Block, rédacteur en chef du Kitchen Project, site spécialisé dans l’étude des origines des recettes, la dénomination serait d’ordre marketing. « Traditionnellement, aux États-Unis, nous avons une admiration pour la cuisine française que nous considérons comme élaborée et gastronomique. Et c’est probablement pourquoi ce plat a été baptisé de la sorte. C’est simplement du marketing, » explique-t-il. Et de compléter « j'étais un chef dans les années 70, la plupart des menus proposant des plats gastronomiques avaient une connotation française. »
French fries, french kiss, french bulldog, french dip... La liste des appellations portant le qualificatif « french » aux États-Unis est longue. Pour le « french toast » la piste des colons irlandais reste la plus probable, même si le marketing a fait le reste...
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