Du maccartysme aux mouvements civiques, de l’assassinat de Martin Luther-King à la ville de New York des années 60, de la Beat Generation à la Cité des anges des années 2000, des chercheurs d’or aux nouveaux activistes, notre rédaction a sélectionné 20 ouvrages qui permettent de comprendre les États-Unis. Une sélection éclectique mais intense. Des ouvrages écrits tant par des auteurs américains que des auteurs francophones. À lire absolument !
Just Kids, de Patti Smith
Avec cette autobiographie de la rockstar, on saute à pieds joints dans le New York des années 60 et 70. De son arrivée à New York à sa rencontre avec Robert Mapplethorpe, en passant par leur installation au Chelsea Hôtel, Patti Smith décrit son ascension dans la ville des possibles. On y croise au détour des pages Janis Joplin, Lou Reed, Allen Ginsberg. Elle nous entraîne, avec Robert Mapplethorpe, dans le Time Square du début des années 70, haut lieu de la prostitution gay. Avec pudeur et émotion, elle retrace l’ascension de deux gamins, de deux âmes-sœurs, inséparables, dans la vie comme dans leur art.
Ceci n’est pas une ville, de Laure Murat
« J'ai aimé Los Angeles tout de suite, dès la sortie de l'avion. Tout m'a plu, la lumière, l'horizon, les palmiers, les voitures, l'urbanisme improbable, la langueur du paysage, la couleur d'or rose de l'atmosphère. Los Angeles, cité dépourvue de centre et de monuments, propice à l'errance et à la rêverie, défaisait d'un coup tous mes préjugés et m'offrait ce que je n'avais jamais su faire : lâcher prise. Que signifie tomber amoureux d'une ville ? Quel est le rapport érotique qui nous lie à certains lieux et pas à d'autres? Pourquoi Los Angeles, ville sans bords qui ne se laisse ni définir ni saisir »
Née à Paris où elle a vécu la majeure partie de sa vie, Laure Murat s'est installée à Los Angeles au début des années 2000. Elle pose sur cette ville un regard singulier et libre, composé d'expériences intimes et de réflexions subjectives. Elle aime Los Angeles comme on aime Dieu, sauf que Dieu n’existe pas et Los Angeles oui.
Harlem, de Jonathan Gill
Professeur d’histoire américaine et de littérature, Jonathan Gill a enseigné à Columbia University, à University of Amsterdam et Manhattan School of Music. Il raconte Harlem sur ses 400 ans d’histoire. Harlem est peut-être le quartier le plus célèbre et emblématique des États-Unis. Un bastion de la liberté et la capitale de l'Amérique noire, la renaissance du XXe siècle de Harlem a changé à jamais les arts, la culture et la politique. Mais ce n'est qu'un des nombreux chapitres d'une histoire merveilleusement riche et variée. À Harlem, l'historien Jonathan Gill présente la première chronique complète de ce lieu remarquable. Il retrace l'histoire du quartier, rassemblant une immense richesse de détails et une foule de personnages fascinants de George Washington à Langston Hughes. Harlem était un centre agricole sous la domination britannique et le site d'une bataille clé au début de la guerre révolutionnaire. Plus tard, des élites riches, dont Alexander Hamilton, y construisirent de grands domaines pour se divertir et se reposer des épidémies ravageant le centre-ville. Au XIXe siècle, les transports ont urbanisé Harlem et ont amené des vagues d'immigrants d'Allemagne, d'Italie, d'Irlande et d'ailleurs. Le mélange de cultures, de richesse extraordinaire et d'extrême pauvreté sont parfaitement décrits par l’auteur.
« Louis Malle : regards sur l’Amérique », de Pauline Guedj
Pauline Guedj est anthropologue et journaliste. Spécialiste des États-Unis et des cultures africaines-américaines, elle est maître de conférences à l’université Lyon 2 et collabore avec plusieurs journaux français et américains dont l’hebdomadaire Politis. Elle vit aux États-Unis, entre New York et Milanville en Pennsylvanie. « Je connaissais mal le cinéma de Louis Malle avant de venir m’installer à New York. C’est en découvrant ses films américains que j’ai compris la singularité de ce cinéaste qui abordait chacun de ses films comme un chercheur tentant d’assouvir sa curiosité, de décortiquer un sujet ou une série de questionnements, » explique Pauline Guedj. Et de rajouter « Aux États-Unis, Louis Malle a réalisé huit longs-métrages, alliant oeuvres de fiction et documentaires, croquant des régions aussi différentes que le Midwest, le Texas, New York et San Francisco et faisant appel à des acteurs de renom comme Burt Lancaster, Brooke Shields, Julianne Moore et Susan Sarandon. Avec ce livre, l’objectif a été pour moi d’analyser le regard de Louis Malle sur le pays tout en forgeant un récit plus ludique revenant sur son parcours et déroulant le fil de ses intuitions jusqu’à l’époque contemporaine. »
Avec ce second ouvrage, Pauline Guedj propose une approche documentée du travail du célèbre cinéaste français outre Atlantique. Le regard d’une anthropologue posé sur la réflexion que Louis Malle se faisait de l’Amérique. En vente chez Rencontre des Auteurs Francophones.
La Femme révélée, de Gaelle Nohant
La Femme révélée. L’histoire d’une Américaine qui, dans les années 50, décide de tout abandonner. Sa famille, son pays, son identité. Si une partie de l’intrigue se déroule à Paris, l’auteure nous ramène dans l’Amérique des années 50 et 60. Destination Chicago sur fond de racisme, d’émeute et de manifestions. Un retour dans le temps et dans une période de l’histoire de l’Amérique. L’héroine se retrouve dans une ville chauffée à blanc par le mouvement des droits civiques, l’opposition à la guerre du Viêtnam et l’assassinat de Martin Luther-King. Partie à la recherche de son fils, elle est entraînée au plus près des émeutes qui font rage au cœur de Chicago. Ça parle de la ville de Chicago, de sociologie et d’histoire.
Facades, de Bill Cunningham
En 1968, le photographe Bill Cunningham s'est lancé dans un projet de huit ans pour documenter les richesses architecturales et l'histoire de la mode de New York. En parcourant les friperies, les maisons de ventes aux enchères et les foires de rue de la ville à la recherche de vêtements vintage, et en explorant les sites à vélo, Cunningham a produit un essai photographique intitulé Facades, qui associe des modèles - en particulier sa muse, sa collègue photographe Editta Sherman - en costumes d'époque. Un projet qui a pris place à une époque où les problèmes entourant à la fois la préservation et les problèmes du paysage urbain occupaient une place importante à New York.
Yellow Cab, de Benoit Cohen
Pour les besoins d’un scénario, le réalisateur Benoit Cohen s’est transformé en chauffeur de taxi new-yorkais. Au fil des pages, on voit défiler les rues de Manhattan, de Brooklyn et de Queens. Mais pas que ! On comprend le parcours du combattant de ces hommes et de ces femmes qui deviennent chauffeur de taxi à New York. Arrivé à la 244e page, on porte un regard différent sur les yellow cabs. On comprend le quotidien des chauffeurs de taxis new-yorkais, et parfois leur détresse.
Pavot d’Or, de Jean Monnier
Pavot d’or, l’odyssée d’un proscrit en Amérique reprend l’histoire des chercheurs d’or français en Californie et raconte les aventures de l’un d’eux dans cette Californie que l’appât de l’or avait transformé à la fois en casino sauvage et en véritable coupe-gorge. La vague de révolutionnaires français qui déferlèrent sur San Francisco autour de 1849 reste un événement assez méconnu. C'est dans ce contexte que se situe la fabuleuse aventure de trois barricadiers qui, fuyant la sanglante contre-révolution de juin 1848 à Paris, se retrouvent embarqués malgré eux pour un périlleux voyage autour du cap Horn à destination de la Californie. À San Francisco, ils échangeront leurs idéaux révolutionnaires pour la fièvre de l'or. Sur les placers dans les contreforts de la Sierra Nevada leur expérience de chercheurs d'or se terminera tragiquement par la mort de deux d'entre eux. Antonin, blessé, sera recueilli par une tribu d'Indiens Miwok. En vente chez Rencontre des Auteurs Francophones
Comment devenir antiraciste, d’Ibram X. Kendi
Ce livre de l’universitaire très en vue aux États-Unis sur le thèmes des politiques antiracistes a servi d’aiguillon au mouvement Black Lives Matter depuis la mort de George Floyd. Salué par le New York Times comme étant le livre le plus audacieux à ce jour sur le problème de la race dans l’esprit occidental, il pourrait aussi s’avérer utile au combat antiraciste hexagonal.
Génération Ocasio-Cortez, les nouveaux activistes américains, de Mathieu Magnaudeix
Dans Génération Ocasio-Cortez, le correspondant de Mediapart aux États-Unis, Mathieu Magnaudeix, plonge le lecteur au cœur des nouveaux activistes américains. Il y dresse les portraits de jeunes et moins jeunes militants qui font la politique en dehors des carcans imposés par les partis. Un ouvrage qui ne donne qu’une seule envie : entrer en résistance. La préface nous laisse entrevoir une lueur d’espoir, « une bataille de l’imaginaire face au capitalisme, au patriarcat, et à la destruction de la planète ».
Little Rock 1957 : L’histoire de neuf lycéens noirs qui ont boulversé l’Amérique, de Thomas Snegaroff
La photographie de l'une des Neuf, Elizabeth Eckford, 15 ans, huée et insultée, fait la une des journaux. L'Amérique est bouleversée. Commence alors un bras de fer qui oppose le gouverneur de l'Arkansas, Orval Faubus, au président des États-Unis Dwight Eisenhower. Thomas Snégaroff, spécialiste des États-Unis a enquêté sur cet épisode majeur de l'histoire de la lutte pour l'égalité des droits. Grâce à des témoignages inédits et des archives publiques exploitées pour la première fois, il nous livre un récit captivant et émouvant qui brosse un portrait de l'Amérique d'hier et d'aujourd'hui.
Un mariage américain, de Tayari Jones
Avec ce portrait de la classe moyenne noire du Sud des États-Unis, Tayari Jones radiographie le couple et signe une histoire d'amour tragique et contemporaine qui explore les thèmes de la famille, de la loyauté, du racisme. Caustique et rigoureuse observatrice de son temps, cette auteure reconnue s'attaque en femme de lettres aux maux qui rongent la société américaine, et parvient à donner à ce texte fulgurant et âpre tous les atours d'un grand roman.
Les sorcières de Salem, d’Arthur Miller
En 1953, alors que l’Amérique est en proie au maccarthysme et à la « chasse aux sorcières », Arthur Miller écrit une pièce incisive sur un célèbre épisode de l’histoire américaine : le procès qui, en 1692, ébranla la petite ville de Salem, gagnée par une crise d’hystérie puritaine, et se solda par la condamnation de nombreuses personnes soupçonnées de pratiques sataniques et par vingt-cinq exécutions.
Cette oeuvre illustre de façon magistrale comment peut être franchie – à toute époque – la frontière entre raison et folie, justice et fanatisme.
Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, d’Harper Lee
Décryptage des rapports de classes, des inégalités entre communautés, ode au courage individuel et collectif, éveil à l’injustice... Ce plaidoyer pour la tolérance, vu dans les yeux d'une enfant, fut dès sa parution en 1960 un immense succès aux États-Unis alors que la lutte pour les droits civiques s'engage.
The North American Indian, d'Edward Sheriff Curtis
Pour la première fois sont rassemblées en un volume toutes les photographies des 20 légendaires portfolios The North American Indian d'Edward Sheriff Curtis (1868-I952). Le photographe, pendant plus d'une vingtaine d'années, s'est rendu auprès de 80 tribus d'Indiens entre le Mexique et l'Alaska pour immortaliser, par des prises de vue uniques, les traces de leur culture menacée.
Sur la route, de Jack Kerouac
Initialement intitulé Beat Generation, Sur la route, de Kerouac, résonne comme le manifeste de ce mouvement américain créé en 1948 par le romancier et ses acolytes : Ginsberg et Burroughs, puis Cassady. Ils se revendiquent comme « une génération de mecs à la coule illuminés et fous qui tout d’un coup se lèveraient pour parcourir l’Amérique, sérieuse, curieuse, clocharde et faisant du stop dans toutes les directions, en loques. » L’idée de déchéance et la revendication libertaire intrinsèquement contenu dans la Beat generation attirera au fil des ans les vagabonds d’une nouvelle littérature : Gregory Corso, Kenneth Rexroth, Gary Snyder, Lawrence Ferlinghetti, Michael McClure, Philip Whalen et Lew Welch... L’écriture de l’ouvrage est poétique, désorganisée et parfois un peu folle, mais c’est sublime.
Top et jamais assez, de Mary L. Trump
La psychologue Mary L. Trump, nièce de Donald Trump, a publié un portrait psychologique ravageur de son oncle. Nourri de l’expérience personnelle de l’autrice et de plusieurs entretiens, ce livre permet de pénétrer dans l’univers familial lugubre des Trump, et de comprendre la mentalité très inquiétante de Donald, ce « menteur pathologique » dont la capacité à « ressentir le spectre complet des émotions humaines » a été neutralisée par son père…
Le pouvoir aux jeunes, de Jamie Margolin
Née en 2001, Jamie Margolin n’a pas encore 15 ans quand, pour lutter contre le réchauffement climatique, elle organise sa première manifestation dans sa ville de Seattle. Depuis, elle a créé le mouvement Zero Hour qui invite, partout dans le monde, les jeunes à se mobiliser pour le climat. Ce livre est d’ailleurs un manuel d’action collective à l’usage de la génération Z. Aux Etats-Unis, elle est devenue une figure politique du rang de Greta Thunberg (qui préface son livre), et un témoin de la résistance à Trump.
Un livre de martyrs américains, de Joyce Carol Oates
A la fin des années 1990, en Ohio, un médecin pratiquant des avortements est assassiné par un fanatique chrétien. C’est le point de départ d’un splendide roman où l’écrivaine brosse un portrait saisissant de ces Etats-Unis épuisés de rancœur et profondément divisés sur la question du droit à l’avortement.
Nomadland, de Jessica Bruder
L’auteure américaine sillonne les Etats-Unis pour aller à la rencontre d'une nouvelle main d'oeuvre constituée de seniors nomades et saisonniers. Ces retraités se trouvent acculés par leurs maigres retraites et leurs crédits, faisant l'affaire des employeurs américains qui trouvent là des travailleurs à bas prix, campant généralement sur place, pour travailler dans leurs champs ou encore dans des entrepôts.