Juliette Fisbein, présidente de Women4Women : “Vous n’êtes pas seules”

Pouvez-vous nous parler des missions et objectifs de l’organisation Women4Women ?

 

J’ai co-créé l’organisation Women4Women en 2021, en ayant pour objectif d’aider les victimes de violences conjugales à devenir financièrement indépendantes. Notre association pense que l’indépendance financière est essentielle pour leur permettre de reconstruire leur vie. Notre approche est globale, prenant en compte le soutien psychologique, émotionnel, la garde d’enfants, le financement des études, le coaching professionnel, et même l’assistance juridique pour résoudre les problèmes liés au divorce, à la garde des enfants et aux autres conflits matrimoniaux. Parfois, nous traitons des problèmes liés à l’immigration, bien que la plupart des participantes du programme soit composé de femmes américaines naturalisées, originaires de pays comme le Mexique, la France, l’Angola et le Bangladesh.  

Notre objectif principal est d’aider les femmes, qui rejoignent notre programme, à devenir autonomes. Nous voulons qu’elles atteignent un niveau de confort financier grâce à un emploi stable et des opportunités de développement professionnel. Cela renforce leur confiance en elles et leur permet d’élever leurs enfants dans un environnement plus sûr et sain.

 

 

Qu’est-ce qui vous a poussée à créer Women for Women en 2021 ?

 

Ma volonté de créer Women4Women est venue grâce à Fathema qui a rencontré une amie dans un parc où nos enfants jouaient. Fathema s’est confiée à mon amie, qui m’a ensuite sollicitée pour l’aider. Plus j’ai appris à la connaître, plus j’ai été impressionnée par sa force, sa résilience et sa persévérance. Elle était la première participante de notre programme et elle est désormais membre du board de notre association, et est en charge de nos programmes.

J’ai choisi d’aider les femmes victimes des violences domestiques en raison de la situation de Fathema, et de la réalité choquante des statistiques sur la violence domestique à New York. Une femme sur quatre connaît des formes de violence au cours de sa vie, qu’il s’agisse de violence intime, sexuelle ou psychologique. J’ai ressenti un profond sentiment d’injustice face à cette réalité, et je pense que c’est une cause qui mérite toute notre attention. Nous avons conscience qu’il y a également des hommes victimes de violences domestiques, et il faut faire des choix, car il y a d’autres causes importantes comme le changement climatique ou les cures contre le cancer. Je me suis concentrée sur cette cause car elle me tient particulièrement à cœur en tant que féministe et mère de famille.

 

 

Comment Women4Women collabore-t-elle avec d’autres organisations et professionnels pour offrir un soutien complet à ses bénéficiaires ?

 

Notre collaboration est quotidienne et diversifiée. Nous travaillons avec des avocats pour structurer notre organisation et pour représenter nos participantes dans des litiges juridiques. Des comptables, des coachs professionnels et des thérapeutes nous épaulent également. Certaines personnes qui nous aident ne sont pas formellement affiliées à notre organisation, mais elles apportent leur soutien aux participantes selon leurs besoins. En outre, nous collaborons avec des entreprises locales qui offrent des biens et services, comme des vêtements, des cours de taekwondo, de jujitsu, ou encore des services de tutorat. Nous travaillons en réseau pour trouver des solutions aux problèmes de nos participantes, qu’il s’agisse de subventions, de services ou d’autres besoins.

 

 

Quels sont les défis auxquels votre organisation est confrontée pour aider les femmes à surmonter les défis liés à la violence domestique ? 

 

Les femmes ont souvent du mal à se déclarer victimes en raison d’un fort sentiment de culpabilité. Elles ont du mal à demander de l’aide, notamment en cas de poursuites judiciaires contre leur agresseur. La discrimination liée au genre et à l’origine ethnique peut également être un obstacle pour elles. De plus elles ressentent souvent un très fort isolement et ne savent pas toujours vers qui se tourner. Nous travaillons donc sur la confiance en soi et la confidentialité, tout en les encourageant à demander de l’aide. Si je dois porter un message à toutes les femmes victimes de violences, ce serait : « vous n’êtes pas seules ». Demandez de l’aide, il y a de nombreuses organisations prêtes à vous soutenir. Il y a des solutions et de l’espoir. Il est essentiel de ne pas rester prisonnières d’une relation toxique et d’ouvrir la porte à l’aide extérieure. 

Heureusement, nous bénéficions d’un soutien extrêmement généreux, même si certains projets peuvent être plus difficiles à concrétiser, comme la recherche de professionnels pour dispenser des formations gratuites. Nous sommes en constante recherche de fonds et de bénévoles pour élargir notre action.

 

 

Êtes-vous en contact avec des femmes expatriées qui se retrouvent dans des situations précaires ?

 

Deux expatriées françaises se sont tournées vers nous. Je ne peux pas entrer dans les détails sur leurs profils, mais elles étaient auparavant financièrement indépendantes il y a quelques mois. Cependant, en raison des abus et des dommages subis au sein de leurs relations, elles ont tout perdu. Bien que nous ne puissions pas toujours offrir une assistance immédiate, nous avons pu rapidement identifier leurs besoins et les mettre en relation avec des professionnels. Parfois, cela nécessite l’intervention d’un avocat, d’autres fois, il s’agit de faire appel à un coach en développement professionnel pour retrouver des opportunités d’emploi. Bien que cela n’ait débuté que récemment, nous leur donnons le temps nécessaire, et je reste en contact avec les professionnels impliqués.

 

Si je dois porter un message à toutes les femmes victimes de violences, ce serait : « vous n’êtes pas seules ».

 

Quels sont les futurs projets de l’association ?

 

Nous prévoyons de nous développer davantage. Notre objectif pour l’année prochaine est de collecter $125,000 pour financer les frais de scolarité, la nourriture, les vêtements, les besoins de première nécessité, la garde d’enfants de toutes les participantes. Nous cherchons donc activement des fonds et des volontaires pour réaliser nos objectifs. Nous voulons élargir notre impact et continuer à aider les femmes dans le besoin, tout en restant une organisation locale centrée sur l’humain et assister les femmes à travers une suite de services complémentaires pour qu’elles atteignent l’indépendance.