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Gwendoline Finaz de Villaine, de Shanghai à New-York, une artiste monumentale

Issue d’une lignée d’artistes où la créativité coule dans les veines, Gwendoline Finaz de Villaine, finaliste du Trophée Culture et Art de Vivre des Trophées des Français de l’étranger 2024, est une peintre française aux multiples talents. Elle nous livre son parcours artistique, de Paris, Shanghai jusqu’à New-York, où elle tente de “promouvoir l’audace et l’engagement”.

gwendoline finaz de villaine peintregwendoline finaz de villaine peintre
Écrit par Elena Rouet-Sanchez
Publié le 21 février 2024, mis à jour le 23 février 2024

De ses débuts entourée d’artistes, notamment son grand-père, compagnon de route de Jacques Brel, à ses études classiques à la Maîtrise de Radio France, Gwendoline Finaz de Villaine a toujours baigné dans un environnement propice à l’épanouissement artistique. Après avoir suivi des études académiques prestigieuses à Sciences-Po et HEC, elle décide de suivre sa passion pour les arts. Expatriée un an à Shanghai, et plus récemment à New York, son expression artistique engagée se traduit par des fresques urbaines percutantes, telles que celle dédiée à la précarité étudiante à Jussieu, ainsi que par des projets monumentaux, comme ses sculptures de dragons sur la Grande Muraille de Chine.

 

 

Gwendoline finaz de Villaine oeuvre
Tableau pour la Biennale de Venise (2024).

 

Pouvez-vous retracer votre parcours artistique qui vous a amené à explorer diverses compétences artistiques ?

Je suis née dans une famille d’artistes, rien ne s’est fait par hasard on va dire. J’ai suivi des études classiques, puis obtenu un diplôme de maîtrise à Radio France. Dès que j’ai décroché un contrat de chanteuse aux Folies Bergères, j’ai quitté HEC. J’y ai passé quinze ans, avant de participer à plusieurs autres comédies musicales en France. Ensuite, après la naissance de mes enfants, je me suis lancée dans l’écriture. Ma mère est professeure de français, encore une fois, rien ne s’est fait par hasard. J’ai donc écrit la trilogie Les Brumes de Grandville, ainsi qu’un quatrième roman inspiré de l’un de mes voyages en Inde. Être écrivaine expatriée est une expérience incroyable !

Je me suis ensuite expatriée à Shanghai avec toute ma petite famille, où j’ai créé un spectacle appelé Parisienne, un cabaret rock avec des artistes locaux. Quand je suis rentrée de cette riche expatriation à l’autre bout du monde, j’ai redécouvert une nouvelle facette de mon expression artistique, qui s’est davantage développée pendant le confinement : la peinture. Je n’ai jamais cessé de peindre en fait, mais j’ai connu davantage de succès sur mon Instagram pendant la pandémie, et tout a pris beaucoup plus d’ampleur que prévu. J’ai eu l’opportunité de peindre une immense cuve à vin de quatre mètres de haut au Grand Palais ; la force du visuel fut incroyable. J’ai réalisé de nombreux autres projets par la suite, dont celui sur Joséphine Baker au Panthéon, ainsi que ce gros projet de sculptures de dragons prévu pour juin, sur la Grande Muraille de Chine.


 

Gwendoline finaz de Villaine cuve de vin
Cuve des Carmes Haut Bridon (2021).

 

Qu’est-ce qui vous a motivée à explorer l’art urbain ?

La fermeture des galeries et l’annulation d’expositions prévues m’ont poussée à explorer de nouvelles formes d’expression artistique. Le street-art m’est alors apparu comme une opportunité de partager mon art avec un public plus large, malgré les restrictions. La première fresque monumentale que j’ai réalisée sur le mur de Jussieu a abordé un sujet qui me tenait à cœur : la précarité étudiante. Cette expérience m’a confortée dans ma volonté de m’engager à travers mon art, tout en offrant un accès à la culture à tous.

Et comme je ne cesse de le répéter, durant la pandémie les galeries étaient fermées, mais la rue, elle, restait ouverte !

 

hold on à Jussieu
Mur " Hold On ! ", Jussieu, contre la précarité alimentaire étudiante (2021).

 

Comment définiriez-vous votre art ?

Mon parcours artistique est en constante évolution, explorant diverses techniques pour exprimer ma créativité. J’ai débuté avec des tableaux cubistes, fortement inspirés de l’Art africain, puis j’ai expérimenté l’utilisation de l’encre de caviar durant mon expatriation en Chine, inspirée par l’esthétique des tatouages Yakuza. Actuellement, je me concentre sur le street-art et les grandes fresques, cherchant à créer des œuvres qui marquent les esprits et qui véhiculent des messages forts. J’aime promouvoir l’audace et l’engagement. En tant que femme artiste, je crois en la force de l’audace pour inspirer le changement. Mes projets artistiques ne sont pas seulement esthétiques, ils portent des messages profonds sur des sujets qui me tiennent à cœur, tels que l’égalité et la solidarité. Mon objectif est d’utiliser l’art comme outil de sensibilisation et de transformation sociale.


 

Joséphine Baker au Panthéon
Joséphine Baker, au Panthéon (2022).

 

Comment votre projet hommage à Joséphine Baker s’est-il matérialisé et quelle signification revêt-il pour vous ?

Cet hommage est le résultat d’une réflexion sur les symboles culturels et historiques qui m’ont marquée. En créant des fresques inspirées de ses performances aux Folies Bergères, j’ai voulu rendre hommage à cette figure emblématique, tout en transmettant un message d’inclusion et de diversité. Ces fresques, découpées et distribuées aux Parisiens, sont devenues des symboles d’un art accessible à tous.


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Pouvez-vous nous partager l’histoire derrière votre projet au pied de la statue de la Liberté, à l’occasion des JO de Paris ?

Notre projet au pied de la Statue de la Liberté, en collaboration avec le Lycée Français de New York, est une initiative ambitieuse visant à promouvoir l’art français aux États-Unis. Aujourd’hui il est davantage question d’autres lieux emblématiques, à l’instar de Central Park, pour des raisons de sécurité évidentes. Mais l’objectif serait de réaliser une grande fresque dans le cadre des Jeux Olympiques de Paris, afin de renforcer les liens culturels entre les deux pays, tout en faisant rayonner la France de l’autre côté de l’Atlantique.
 

Le voyage du dragon Gwendoline finaz de Villaine
Le Voyage du Dragon, Place du Panthéon (2023). 

 

Votre œuvre La Mère Dragon sera exposée prochainement en Chine, à l’occasion du Nouvel An chinois. Pouvez-vous nous parler de l’élaboration de ce travail ?

La Mère Dragon est une création symbolique qui célèbre le Nouvel An chinois, notamment en cette année 2024 sous le signe du dragon, mais aussi l’influence de la culture chinoise dans ma vie. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard que j’ai appelé ma fille Gaïa, ayant accouché d’elle durant mon expatriation. C’est une véritable fille « made in China » !

Ce projet a vu le jour l’an passé, et sera concrétisé en juin prochain. Réalisés en Plexiglas rouge, les dragons sont inspirés de la pyramide du Louvres : ils sont semblables à des origamis de verre, mais pèsent 900 kg chacun ! Cette œuvre symbolise donc la force et la vitalité du dragon, tout en évoquant les liens d’amitié entre la France et la Chine.


 

elixir d'amour
" L'Élixir d'Amour ", acrylique et encre de Chine (2021).

 

En quoi vos différentes expatriations ont-elles influencé votre expression artistique ?

Ma peinture est très influencée par l’Orient. J’utilise notamment la technique de « l’encre-caviar », qui est devenue ma marque de fabrique, inspirée de l’artiste japonais Akinori Haga. Une influence orientale qui n’est pas passée inaperçue, comme me l’ont fait souvent remarquer des Chinois et des Japonais.

Plus récemment, j’ai utilisé des affiches arrachées dans les rues de New-York, pour créer des œuvres inspirées de la Big Apple. Là est un peu toute l’essence-même de mon art : capter des lieux et dire à travers mes œuvres que j’étais présente en tant que Française. Ce mélange de cultures ne cesse de m’inspirer.

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