Sorti le 1er mai sur le grand écran français, Border Line retrace les difficiles premiers pas aux Etats-Unis d’un couple débarqué de Barcelone. Un contrôle aux frontières éprouvant, qui est le sujet du premier film réalisé par Alejandro Rojas et Juan Sebastián Vásquez mais aussi un succès total de tous les festivals.
Grand-Prix du Jury au Festival Premiers Plans d'Angers 2024, Meilleur premier film au Festival du Cinéma Espagnol de Nantes 2024 et Prix du Public au Reims Polar 2024, Border Line a enchaîné les récompenses avant d’arriver à l’affiche en France. Un flamboyant palmarès qui prête à la curiosité et qui contraste avec sa glaçante bande-annonce.
Border Line est l’histoire d’Elena et Diego, un couple de trentenaire en ménage depuis trois ans et qui a fait le choix de quitter sa vie en Catalogne pour s’installer à Miami. Une chaleureuse destination qui sent bon les vacances. Et malgré le stress du classique “je crois avoir oublié mon passeport” lancé par Diego dans le taxi pour l’aéroport, c’est dans cet esprit décontracté que le couple s’envole pour les Etats-Unis. Mais arrivé à l’aéroport de Newark (New Jersey), l’atmosphère va rapidement changer.
Une nationalité qui pose problème
Border Line nous plonge dans un huis-clos d’1h17 qui paraît une éternité à vivre pour les deux principaux protagonistes. Elena, danseuse contemporaine espagnole, et Diego, diplômé en urbanisme vénézuélien, doivent franchir l’étape du contrôle de l’immigration : vérification du passeport, prise des empreintes digitales, photographie du visage et s’ensuit le début d’une escale qui se passe mal. En cause : le pays d’origine de Diego, le Vénézuela, qui est connu pour être en tension diplomatique avec les Etats-Unis d’Amérique. La raison n’est pas explicitement évoquée dans le film mais est aisément comprise lorsque l’on voit le traitement de faveur différent entre lui et sa compagne Elena.
Avant de pouvoir entrer “officiellement” sur le sol américain, le couple latino-hispanique est ainsi mis à l’épreuve avec une série d’interrogatoires. Plus stressants les uns que les autres et menés par une personne différente à chaque fois, Elena et Diego passent de l’agacement à l’inquiétude avant de voir leur solidarité se délier au fur-à-mesure des questions posées. Sans en dévoiler l’issue, le thriller aboutit à un final pour le moins inattendu.
Fiction d’un cauchemar américain
Peut-être parce que les personnages ont leurs failles ou peut-être parce que les émotions transmises sont convaincantes, Alejandro Rojas et Juan Sebastián Vásquez ont réalisé un film extrêmement crédible. Cela s’explique surtout par leurs expériences similaires à celle de Diego, un puits d’inspiration que les deux cinéastes aussi vénézuéliens ont raconté au média movierama : “Quand tu souhaites te rendre aux Etats-Unis, ils regardent tes origines, te dirigent vers des inspections secondaires. En ce sens, nous avons vécu des expériences que les personnages ont vécues, nos familles aussi, des amis…”
Dans ce même entretien, ils ajoutent : “On souhaitait restituer une expérience personnelle, sans exagérer. Lorsqu’on nous demande si ces expériences à la frontière sont possibles, réelles, vraies ? On répond toujours que certaines expériences sont encore plus cruelles. Et ce n’est pas seulement à la frontière américaine, c’est dans le monde entier.”
Le parcours périlleux d’Elena et Diego serait donc une musique habituelle et tellement angoissante que tous les ressortissants étrangers entendent en mettant un pied dans le pays de l’Oncle Sam. Qu’il s’agisse d’une arrivée finale ou d’une correspondance, la rencontre avec les agents des US Customs & Border est inévitable. Celle-ci est une loterie : selon la foule, la première lecture de votre dossier et votre pays d’origine, elle peut durer quelques secondes comme 3h. Si l’entrée sur le territoire américain ne l’est pas, les émotions sont - quant à elles - garanties.
Mobile Passport Control pour faciliter le passage à l’immigration
La donne pourrait changer. Lancée en 2022 et ouverte en 2024 aux détenteurs de l'Esta (une autorisation de voyage aux États-Unis) l’application Mobile Passport Control (MPC) permet aux voyageurs éligibles de soumettre leurs informations (nom, prénom, questionnaire, photo…) avant d’arriver devant les agents de l’immigration. Si cela va faciliter la vie des expatriés français, pas sûr que le chemin soit plus simple pour un émigré à l’origine latine, coupable malgré lui.