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Gad Elmaleh : « New York est la Mecque du stand-up »

L'humoriste Gad Elmaleh qui se produira à New York le 11 avril 2023 au Beacon TheaterL'humoriste Gad Elmaleh qui se produira à New York le 11 avril 2023 au Beacon Theater
Écrit par Maël Narpon
Publié le 13 mars 2023, mis à jour le 14 mars 2023

Après Montréal, Dubaï ou le Maroc, le voilà de retour à New York. Gad Elmaleh et son spectacle D’ailleurs seront de passage dans la ville qui ne dort jamais pour une représentation le 11 avril 2023. Une destination qu’il apprécie particulièrement et dont les comedy clubs n’ont plus de secret pour lui.

 

L’humoriste Gad Elmaleh, en tournée pour son spectacle D’ailleurs, sera présent le 11 avril 2023 au Beacon Theater de New York pour une représentation dans l’une des villes qui l’a le plus marqué. Un spectacle qui ne porte jamais aussi bien son nom que lorsque l’artiste bien connu des Français le fait voyager à travers le monde, à la rencontre de son public francophone. Avec de nombreuses dates en France et des destinations à l’étranger comme Montréal, Dubaï, le Maroc, Londres, Tel Aviv, ou encore le Luxembourg, Gad Elmaleh s’arme pour les Etats-Unis. Entre potentiel nouveau spectacle en anglais et amour de la francophonie, le Canado-Marocain évoque pour lepetitjournal.com son attachement à la Grosse Pomme ainsi qu’à Broadway. 

 

 

La dernière fois vous vous y rendiez avec un spectacle entièrement en anglais. Quel effet cela fait d’aller se produire à nouveau aux Etats-Unis avec un nouveau spectacle ? 

Cela s'est décidé assez rapidement pour une raison toute simple. Il y a quelques semaines, je suis allé voir Jerry Seinfeld au Beacon Theater, à New York. J'ai eu une forme de nostalgie de ce théâtre que j'ai déjà fait en français, il y a très longtemps. Entre temps, il y avait eu le show en anglais - au Carnegie Hall notamment-, les clubs et le talk-show. J'avais envie de refaire cette salle parce qu'elle est très grande, mais très chaleureuse. Le projet du show en anglais était une chose différente de ce que je fais maintenant. Cette fois, je vais vraiment jouer en français devant les expatriés francophones. 

Je dis bien francophones, parce qu'à New York, quand on dit francophone, il y a les Français en grande majorité, mais il y a quand même le Maghreb, l'Afrique, les Libanais, les Suisses etc. La francophonie est à l'honneur dans ce genre de soirées, et j'adore cette idée. Contrairement à la tension qu'il y avait quand je jouais en anglais, où je me mettais plus en danger, j'ai l'impression qu'il y a une forme de confort à jouer dans ma langue devant un public avec lequel je me fais vraiment plaisir à New York.

 

Quel est votre lien avec ce pays, et la ville de New York en particulier ? 

A mon sens, c’est la Mecque du stand-up. C'est l'endroit où a été créé le stand-up comedy. C'est la ville où vivent mes idoles comme Woody Allen et Jerry Seinfeld. C'est aussi l'endroit où j'ai réalisé mon rêve de jouer en anglais, d'être dans les comedy clubs, de faire les talk-shows et de roder mes sketchs tous les jours. J'y ai vécu trois ans. Cette ville me parle vraiment, j’y ai de véritables attaches. Je suis tellement fasciné par Broadway et par toute sa culture. C'est vraiment incroyablement inspirant pour moi.
 

Le partage avec les francophones est différent dans chaque pays

Qu’est-ce que cela fait de se confronter à différents publics francophones à travers le monde ? 

Encore une fois, ce que j'adore c'est la francophonie. Mais je dois dire que ce que j'ai pu observer en jouant dans la francophonie et dans différents pays, c'est qu'elle est totalement imprégnée, imbibée, de l'environnement culturel dans lequel les francophones évoluent. Les francophones de Tel-Aviv, de Dubaï, de New York, de Londres, ne sont pas les mêmes. Je suis donc obligé de regarder dans la même direction qu’eux dans mes observations et d'analyser les populations chez qui ils habitent. J'ai l'impression de me mettre à leurs côtés pour faire des constats en tant que francophone, en tant que Français d'adoption - puisque je suis Marocain de naissance. Disons que le partage avec les francophones est différent dans chaque pays. Il a cependant un point commun : je contemple avec eux le pays dans lequel nous nous trouvons. Je me sers donc d'éléments locaux auxquels ils peuvent s'identifier, pour pouvoir faire rire.

 

Envisageriez-vous un nouveau spectacle en anglais à New York ? 

Totalement. J'aimerais beaucoup refaire un show en anglais un jour et que ce soit un monologue cette fois. Les Américains différencient one-man-show et spectacle de stand-up par le récit qu'on retrouve dans le premier. J'aimerais bien faire un récit, un monologue sur toute cette histoire au fil des années où j'habitais ici et là, où j'ai tenté différentes expériences. Ce serait l'occasion de jouer les différents personnages pour que ce soit moins "stand-up" pour produire quelque chose que l'on voit moins aux Etats-Unis.

 

L'affiche du spectacle D'ailleurs de Gad Elmaleh, en représentation à New York le 13 avril 2023

 

Est-ce que vous devez changer complètement votre style humoristique lorsque vous faites un spectacle en anglais ? 

Les changements s'opèrent plus dans la forme que dans le fond. La forme doit être plus radicale et plus efficace. Le public anglo-saxon est habitué, même s'il est constitué d'expatriés. Il a un réflexe d'efficacité, il n'y a pas de temps pour une forme d'explication à la française. La manière d'amener les choses est radicalement différente.

 

Si tant est que cela soit possible, comment est-ce que les artistes francophones peuvent trouver leur place à l’international ? 

Je pense que c'est un exercice dans l'humour qui est extrêmement difficile, même s'il n'est pas impossible, je l'ai fait moi-même. J'ai joué devant des publics anglophones et même parfois 100% américains, notamment dans les comedy clubs. Quand j'y allais sans être annoncé, il n'y avait pas un seul expatrié. C'est donc possible, mais on reste toujours une exception, la personne venue d'ailleurs. Ce qui est une bonne chose pour l'inspiration, les thèmes et le matériel utilisés. Cependant, je ne sais pas jusqu'à quel point on peut supporter d'être "l'autre". A un moment donné, je pense que l'on a envie d'être totalement intégré à la société des artistes américains. Je crois que dans le cinéma, dans le théâtre ou dans le milieu musical, il est plus envisageable de se fondre dans des productions américaines ou anglaises. 

 

Comme l'humour est quelque chose d'extrêmement personnel, et que vous allez raconter votre vie, vous allez forcément raconter que vous êtes d’ailleurs, faisant de vous "celui qui est d'ailleurs". Il y aura une valeur ajoutée, mais cela distancie quelque peu l'artiste de la micro-société des artistes américains.