

Le rap fait désormais partie intégrante du paysage musical français. Mais à mesure que les ventes grimpent et que la notoriété des rappeurs grandit, les revendications politiques et sociales disparaissent. Au départ pourtant, c'était l'essence même de cette musique?
Diam's a gagné la célébrité, mais a perdu son côté engagé en route (photo AFP)
Le rap français dit s'inspirer directement du rap américain, mais agit plutôt comme un miroir. Et en bon miroir, il fait tout pareil, mais à l'envers.
A la fin des années 90, quand le rap US devenait une musique commerciale et perdait son identité, le hip-hop made in France connaissait son âge d'or derrière les têtes d'affiches IAM et NTM, qui avaient un vrai message revendicatif à transmettre. Aujourd'hui outre-Atlantique, la tendance est au retour à la musique engagée. Game Theory, le dernier album des Roots, bijou musical mais surtout véritable manifeste politique, est considéré par beaucoup de puristes comme le meilleur album de 2006.
De leur côté, les rappeurs français se laissent séduire par les sirènes de l'argent facile, et donc, de la musique facile. Commercialement, le rap se porte très bien. L'album de Diam's, Dans ma bulle, a terminé 2006 en tête des ventes d'album (600.000 exemplaires), tous genres confondus, devant Laurent Voulzy ou Les Enfoirés.
La nouvelle poule aux ?ufs d'or du rap illustre parfaitement le virage à 180° amorcé par ce courant. Jadis rappeuse engagée, Diam's a vite compris que pour vendre, il fallait viser les (pré)ados et donc édulcorer son discours. Et ça marche. Comme le souligne VSD, ?pour plein de gamines, c'est, après Lorie, la première étape musicale pour devenir adulte?.
Gagner de l'argent à tout prix
Chacun dans leur style, de nombreux rappeurs français sont un symbole de la déchéance du rap. Booba, un autre habitué du hit-parade, clame désormais haut et fort que son unique but est de gagner de l'argent, beaucoup d'argent, à tout prix. Et il y arrive très bien : son Ouest Side s'est vendu à plus de 300.000 exemplaires. Le temps où il s'engageait avec son groupe Lunatic est bien loin.
Bien sûr, il reste quelques artistes engagés, comme le groupe Sniper qui réussit à allier textes forts et succès commercial. Mais dans sa grande majorité, le rap français est devenu une sorte de variétoche sympatoche qui plaît à tous. De là à affirmer que c'est toujours du rap?
Joris SABI (www.lepetitjournal.com) 16 février 2007
Ecouter des extraits
Diam's ? Dans ma bulle
Booba ? Ouest Side
Abd Al Malik ? Gibraltar
The Roots ? Game Theory


































