La NUPES, la Nouvelle Union populaire, écologiste et sociale de Jean-Luc Mélenchon a apporté son soutien à Isabelle Rivolet, militante à gauche depuis 40 ans. La candidate qui se décrit comme une « Française de l’étranger vagabonde », a construit sa carrière professionnelle autour de l’action humanitaire à l’international. Entretien.
Pourquoi avez-vous souhaité vous présenter aux prochaines élections législatives ?
J’assiste depuis trop longtemps à des choses qui ne me conviennent pas en tant que citoyenne. Au cours de mon parcours professionnel dans l’action et la diplomatie humanitaire à travers le monde, j’ai vu les dégâts sur le bien-être social, le climat et la course en avant de cette économie productiviste qui conduit à toujours plus de souffrances et de catastrophes. Mon travail consiste à m’occuper de personnes victimes de conflits, de catastrophes naturelles ou de pandémie.
Je suis une femme d’action, le moment est venu de m’engager.
Je crois encore en l’action de l’Etat, à la politique publique pour promouvoir le progrès et le partage mais aussi à l’Etat de droit qui permet de protéger les plus vulnérables : les violences faites aux enfants et aux femmes, les réfugiés et les migrants, les personnes âgées.
Quel est votre rapport avec la 8e circonscription des Français établis hors de France ?
J’ai d’abord un rapport aux pays, aux cultures. Je suis une Française de l’étranger vagabonde, amenée avec mon travail à voyager. Je vis et travaille avec l’étranger depuis l’an 2000, des circonstances amicales et professionnelles m’ont aussi permis de développer des liens et mieux connaître ces pays. Par exemple en me rendant de nombreuses fois en Italie, en travaillant avec les Nations Unies sur le programme alimentaire mondial et avec la FAO à Rome. J’ai aussi un attachement très fort à la Grèce où je me suis installée pendant deux ans avant la pandémie, à la suite d’une mission Unicef pour laquelle j’ai travaillé sur toute l’Europe.
Comment voyez-vous le rôle du mandat de député ?
Comme il devrait être, c’est-à-dire, un véritable rôle de contact avec les électeurs, en l’occurrence les résidents des Français de la 8ème circonscription des Français de l’étranger, avec une faculté d’écoute. J’ai d’ailleurs proposé personnellement, en dehors du programme de NUPES, de créer un Conseil Citoyen de la 8ème circonscription, avec représentation de la diversité, qui sera ma boussole dans mon rôle de députée, dans mon activité législative comme de contrôle du gouvernement.
Il est important qu’il y ait une majorité NUPES pour contrebalancer l’exécutif. Le programme NUPES contient 650 mesures mais il vise aussi à revigorer la démocratie et notamment la démocratie parlementaire.
Quels sont, selon vous, les défis qui attendent les Français de votre circonscription ?
J’aimerais profiter de votre question pour tenter de déconstruire les a priori communément associés aux Français de l’étranger. Selon cette représentation, ils seraient des privilégiés si ce n’est des nantis, bénéficiaires d’avantages fiscaux, déconnectés de la réalité de la France, voire – je l’ai déjà entendu – de mauvais Français. Cela est totalement faux et même révoltant.
Il faut d’abord rappeler ici les défis individuels et familiaux que représente une installation à l’étranger pour des motifs personnels ou professionnels. Beaucoup de Français de l’étranger vivent dans des conditions modestes, il y a de plus en plus de femmes et de jeunes parmi eux et la crise mondiale ne les épargne pas.
Tous expriment des difficultés croissantes pour l’accomplissement des formalités de base ou pour l’exercice de leurs droits de citoyen - à commencer par le droit de vote. Les services consulaires ont subi des coupes claires budgétaires drastiques sous le quinquennat Macron et il est urgent de mettre fin à cette politique d’austérité. Leur accompagnement face à la pandémie COVID a été désastreuse et nos services consulaires n’ont manifestement pas la capacité de répondre ni aux besoins quotidiens ni aux situations d’urgence. L’accès à l’éducation est de plus en plus onéreux et les conditions de travail de nos enseignants ne cessent de se détériorer. Cela doit changer, et tout de suite.
Je tiens aussi à dire que les Français de l’étranger sont des citoyens à part entière et qu’en particulier ils ont leur mot à dire sur des sujets plus globalisés tels que le changement climatique ou encore la paix et la sécurité internationale. Notre circonscription représente pour moi un enjeu géopolitique majeur, en tant que carrefour de l’Europe, de la Méditerranée et du Moyen Orient. L’effet domino de la situation en Ukraine se ressent déjà. Je serai très attentive à ce que mes concitoyennes et concitoyens ont à dire sur toutes ces questions.
Quels sont les axes de travail que vous souhaitez mener à bien si vous êtes élu ?
Mes priorités sont multiples. Il s’agit de promouvoir et soutenir les mesures qu’impose l’urgence sociale : en portant le SMIC à 1.500 euros, en apportant une garantie d’autonomie pour les jeunes étudiants ou en formation à 1.063 Euros ; sauver l’hôpital public en danger (avec notamment le recrutement de 100.000 soignants).
Autre priorité : promouvoir et soutenir les mesures de bifurcation écologique, notamment en passant à une agriculture écologique et paysanne et en réduisant de 65% les émission de gaz à effet de serre d’ici 2030.
Il faut aussi renforcer les moyens et le cadre institutionnel pour la protection des personnes les plus vulnérables, qu’il s’agisse de la protection de l’enfance, contre les violences faites aux femmes, et des personnes âgées.
Et pour les Français de l’étranger spécifiquement : je souhaite des dotations publiques supplémentaires pour le réseau éducatif à l’étranger et l’arrêt du transfert des fonds publics vers des établissements à but lucratif ; l’élargissement des critères pour bénéficier de la gratuité de l’accès à l’enseignement ; le renforcement des moyens alloués au fonctionnement des consulats et à leurs personnels pour plus de proximité.
Comment est organisée votre campagne et qui sont vos soutiens ?
Ma campagne repose principalement sur le réseau de militants et sympathisants des mouvements écologiques et politiques représentés dans NUPES, à savoir La France Insoumise, EELV, Génération.s, PS et PCF. Je leur sais gré de leur temps et dévouement car pratiquement tous ont une activité professionnelle ou estudiantine plein temps, et ils apportent leur concours en sus, ce qui signifie que pour certains les nuits sont un peu courtes en ce moment ! Je dois aussi mentionner l’implication de ma suppléante, Séverine Huille, qui a constitué un réseau de soutien très dynamique de Jeunes à Rome. Je dois enfin saluer les appuis et conseils chaleureux de nos représentants consulaires ou encore d’associations locales ou nationales des Français de l’étranger.