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Enkay, histoire d’une marque française de maroquinerie basée à Milan

Un atelier de fabrication de sacs artisanals Un atelier de fabrication de sacs artisanals
Nastasia Nygaard Frydman a fondé Enkay en 2014, une marque de maroquinerie artisanale made in Italy
Écrit par Marie-Astrid Roy
Publié le 3 août 2021, mis à jour le 3 août 2021

Entrepreneure et créatrice dans l’âme, Nastasia, franco-norvégienne, a lancé Enkay, sa marque de maroquinerie en France. Mais elle a choisi l’Italie pour vivre et mettre en valeur l’art des savoir-faire complémentaires des deux pays. Et développer des créations artisanales remplies d’émotion.

Derrière Enkay Atelier, se cache la main de Nastasia, jeune créatrice déterminée de 28 ans, passionnée par l’artisanat et la tradition, animée par le tissage de relations avec les artisans avec lesquels elle travaille, et enrichie par de constructives histoires émotionnelles et professionnelles.

Enkay, une histoire entrepreneuriale comblée d’émotions

Armée de courage et de volonté, l’aventure entrepreneuriale de Nastasia Nygaard Frydman a démarré très tôt. La franco-norvégienne a créé sa marque de maroquinerie en 2014, à 21 ans, alors qu’elle était étudiante à l’école de design Parsons à Paris.
« Ma mère est designer dans le prêt-à-porter, mon père est entrepreneur. Me lancer dans mon propre secteur était pour moi une évidence », explique la jeune femme. Bien que passionnée de sacs à main depuis toujours, l’univers de la maroquinerie est arrivé de manière inopinée, alors qu’elle se baladait dans la rue à Paris, où elle a grandi. « J’ai vu passer un homme avec un porte-document extrêmement classique. Pas de quoi attirer l’œil, sauf que cela m’a instantanément donné envie de revisiter ce produit pour les femmes », explique Nastasia. De là est né le premier sac Enkay, une pochette ultra pratique, au design épuré, structuré et élégant.
Déterminée, Nastasia l’a dessiné entre ses cours, mais elle a mis un an à trouver les bonnes personnes avec qui travailler. « J’ai fait plusieurs tentatives dans le sentier à Paris mais cela ne correspondait pas à mes attentes. Je voulais aller chez les artisans, communiquer avec eux, apprendre directement chez eux. Cela afin de faire de la maroquinerie, de l’artisanat et non de l’accessoire ou du montage de cuirs simplifiés », raconte-t-elle.

La jeune entrepreneure a ainsi appelé toutes les tanneries répertoriées dans un catalogue de fournisseurs, sans succès. Jusqu’à ce qu’elle tombe sur la personne qui est devenue son mentor. « J’ai débarqué à Castres, où Guy m’a ouvert les portes de son atelier », se souvient Nastasia avec émotion. La créatrice s’est immergée dans les processus de fabrication. Grâce au savoir-faire et la disponibilité de l’artisan qui l’a accueilli, elle a exploré, essayé des formes, des tissus, des coloris et des cuirs différents, sans avoir à se lancer directement dans des séries.

Mais au bout de trois ans, l’atelier où elle produisait les petites séries a dû fermer. Et son mentor lui conseille de trouver un nouvel atelier de production pour évoluer. « Ce petit village du Sud de la France vit au ralenti, il est devenu plus difficile pour les jeunes créateurs de fabriquer en France, en petites séries », regrette la créatrice.

 

fabrication d'un sac artisanal

 

Une maroquinerie au design alliant élégance et créativité

C’est alors que Nastasia décide de reprendre ses études, qu’elle avait abandonné au démarrage de son entreprise. Direction Milan et l’institut Marangoni pour une spécialisation en fashion marketing et communication. « J’ai eu un coup de cœur pour l’Italie, et Milan en particulier, une ville accueillante, dynamique et cosmopolite », raconte Nastasia. Comme happée par l’énergie créative que lui procurait Milan, en 2019, elle décide d’y rester. « L’Italie a été une façon de matérialiser mon envie de prendre mon envol et affirmer mon univers », précise Nastasia.

Alors que la créatrice recherche la même approche artisanale à l’ambiance familiale, elle parvient à dénicher un atelier situé à Varèse. « C’était un nouveau coup de foudre immédiat avec Monica qui dirige cet atelier de taille humaine », se réjouit-elle. D’autant que l’entreprise est spécialisée dans la maroquinerie de voyage, à l’image du style structuré et minimaliste des sacs Enkay Atelier.
« En voyageant et en grandissant avec moi, Enkay Atelier évolue au rythme de l’affirmation de ma personnalité. Mon style est une définition de moi-même », ajoute Nastasia. Ce style initialement minimal et structuré pour favoriser le côté pratique, à l’image de son côté scandinave par sa mère, a évolué vers le maximale sous l’influence des cultures françaises et italiennes. « En Italie comme en France, je suis nourrie par la culture, la beauté, l’élégance et la qualité », explique Nastasia. « Aujourd’hui, j’accepte de vivre avec ces deux extrémités ».

Être enfermée m’a donné envie d’expulser ma créativité

Sa « Tote » par exemple, est élaborée comme un sac ultra pratique à la scandinave, réhaussé par un choix de matériau design et extravagant, le vinyle. Le « croissant » - petit, au style vintage - est né en 2019, mais a été peaufiné sous l’impulsion du confinement : « Le fait d’être enfermée m’a donné envie de me libérer, d’expulser ma créativité », raconte Nastasia. Et d’ajouter : « J’avais besoin d’un clash de couleur, de forme différente. Aussi, plus j’avançais, plus le sac devenait moins minimal, plus coloré ! » Elle y ajoute des chaînes en plexiglass, pour lesquelles elle va choisir les maillons, un à un, dans une entreprise située à Parme.

 

des modèles de sacs Enkay Atelier

 

Combiner deux savoir-faire d’excellence

Et si le Belpaese a permis à Nastasia de libérer sa créativité, il lui a aussi offert la possibilité de perfectionner sa technique en utilisant deux savoir-faire d’excellence. « En Italie, j’ai découvert une approche plus féminine, où le détail est particulièrement important. En France, je travaillais selon une approche davantage manuelle et de construction, de robustesse et d’étude de la forme ». Deux approches qui se complètent parfaitement.
Quant aux noms choisis ? Baguette, spaghetto, brioche… « Je suis fan de tous ces aliments ! », confesse Nastasia. Mais c’est aussi un témoignage de l’appréciation des choses simples, comme savent si bien faire les Italiens.

 

MAR
Publié le 3 août 2021, mis à jour le 3 août 2021

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