Édition internationale

INTERVIEW - Le bonheur selon Eric-Emmanuel Schmitt

Écrit par Lepetitjournal Milan
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 13 novembre 2012

Lezioni di felicità -Odette Toulemonde- sort aujourd'hui sur les écrans italiens. En juillet dernier Eric-Emmanuel Schmitt, était venu présenter cette comédie sur le bonheur à Madrid, où il avait accordé un entretien au petitjournal.com

LPJ : Qui est Odette Toulemonde ?
Eric-Emmanuel Schmitt :
Comme son nom l'indique, c'est une personne comme tout le monde, qui vit de petits métiers. Mais elle a en même temps un côté étrange et singulier. Elle idolâtre un écrivain, Balthazar Balsan, et essaie de rentrer en contact avec lui. Mais tout ne se passe pas comme prévu?

On a adapté beaucoup de vos livres, mais là c'est la première fois que vous réalisez vous-même une adaptation au cinéma. Avez-vous changé votre manière de travailler pour cela ?
Oui, j'ai voulu utiliser le langage du cinéma pour raconter cette histoire : le son, la couleur, le mouvement? Il y a des passages dansés, chantés, où Odette "s'envole de bonheur". J'avais l'impression que la caméra libérait mon imagination, ma fantaisie, et m'emmenait dans des mondes différents de celui de l'écriture.

Dans l'histoire, l'un des personnages principaux est un écrivain à succès qui est descendu par la critique. Est-ce qu'il y a en vous quelque chose de ce Balthazar Balsan ?
J'ai la chance de ne pas être Balthazar Balsan ! Moi, c'est la critique qui m'a découvert. Après, le public a suivi et c'est tant mieux. Maintenant, avec le succès qui se renouvelle, je prends parfois des critiques épouvantables dans la figure ! C'est inévitable. Le problème de Balthazar Balsan, c'est que plaire à Odette, ce n'est pas assez bien pour lui, il veut plaire aux intellos.

Le titre espagnol indique qu'il s'agit d'une "comédie sur le bonheur"(en italien : Lezioni di felicità - Odette Toulemonde). Comment définiriez-vous le bonheur ?
Le bonheur, c'est lorsqu'on comprend qu'être heureux ce n'est pas être à l'abri de la souffrance, du deuil ou de la maladie. Il faut au contraire accepter cette souffrance et, malgré tout, vivre. Il s'agit d'une épreuve de lucidité, de modestie, d'humilité. Je suis contre cet idéal stoïcien ou bouddhiste qui consiste à penser que le bonheur, c'est l'absence de souffrance.

Vous avez beaucoup écrit pour des causes humanitaires. Croyez-vous encore au rôle de l'intellectuel engagé ?
Mon écriture est un engagement pour certaines valeurs, comme la tolérance. Je crois franchement au rôle des arts dans certains combats. Tout le monde dit "il faut être tolérant", mais il faut avant tout créer le désir de la tolérance. Et cela, ce sont les romans, les contes ou les pièces de théâtre qui vont le faire mieux que les discours. C'est là que les artistes peuvent apporter leur pierre.
Propos recueillis par Nicolas GRIMALDI. (www.lepetitjournal.com) vendredi 7 mars 2008
(Article initialement publié dans l'édition de Barcelone en juillet 2007)

Odette Toulemonde, réalisé par Eric-Emmanuel Schmitt, avec Catherine Frot, Albert Dupontel, Jacques Weber... (1h44) Sorti en France le 07/02/2007, sorti en Italie aujourd'hui.
La fiche Allociné

Les salles et les horaires à Milan : http://www.mymovies.it/cinema/milano/

lepetitjournal.com Milan
Publié le 7 mars 2008, mis à jour le 13 novembre 2012
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