Le constat est flagrant et désespérant : les inégalités territoriales ne cessent de se creuser en Italie, selon le rapport Svimez 2019. Entre chômage et abandon, le Sud de la Botte s’enfonce dans la pauvreté.
Baisse des investissement publics, croissance faible, fuite des jeunes en hausse, chômage des diplômés, une population qui s’appauvrit... Le tableau dressé par le rapport Svimez 2019, association pour le développement de l’industrie dans le Mezzogiorno, traduit un décrochage du Sud de la Botte par rapport au Nord du pays, alors même que ce dernier n’est plus considéré comme l’un des moteurs de l’Europe.
L’étude présentée la semaine dernière à Montecitorio à Rome devant le président du Conseil Giuseppe Conte, rapporte qu’au cours des 20 dernières années, la politique économique italienne a désinvesti dans le Mezzogiorno, engendrant un écart plus grand entre le Nord et le Sud de l’Italie.
Aussi, la Svimez estime une baisse du PIB dans le Sud de la Botte de 0,2% en 2019, alors que dans le Centre-Nord devrait augmenter de 0,9%.
Le décrochage du Sud se voit accentué par une situation d’abandon avec une baisse des investissements publics, passés de 10,4 milliards à 10,3 milliards en 2018. Or, sur la même période, ils ont augmenté de 22,2 à 24,3 milliards dans le Centre-Nord, selon les calculs de la Svimez.
L’Europe a quant à elle débloqué des fonds, de l’ordre de 20 milliards d’euros pour le budget de 2014-2020. Reste qu’à peine 20% de l’argent a été investi pour l’heure. En cause, selon le rapport : "L’incapacité de l’administration centrale et régionale d’utiliser pleinement des ressources disponibles qui pourraient stimuler fortement la croissance dans le Sud".
50 millions de résidents en moins
Le Sud de l’Italie fait face à une crise démographique accentuée. Depuis le début des années 2000, la population méridionale ne compte que 81.000 habitants en plus, contre 3,3 millions pour le Centre-Sud. Et dans les 50 années à venir, le Sud devrait perdre 50 millions de résidents, selon les estimations du rapport.
A la baisse du nombre de naissances – 156.000 en 2018, soit 6.000 de moins que l’année précédente - , s’ajoute l’exode des jeunes diplômés vers le Nord du pays ou à l’étranger. Plus de 2.000 jeunes à la recherche d’un emploi ont quitté le Mezzogiorno en 10 ans. Et pour cause, seuls 4 diplômés de l’université sur 10 parviennent à trouver un emploi dans les 3 ans de la fin de leurs études.
Plus bas taux d’activité des femmes
Seules 20% des femmes en âge de travailler ont un emploi dans le Mezzogiorno (contre 58% dans le nord de l’Italie et 63,8% en Lombardie), il s’agit du taux le plus bas de toutes les régions européennes.
Si le Premier ministre Giuseppe Conte a promis "un grand plan pour le sud" à la fin de cette année, souffrance du Mezzogiorno risque encore de s’aggraver avec le dernier abandon en date, celui de’Arcelor Mittal qui a annoncé lundi dernier qu’il résiliait son offre de rachat de l’aciérie italienne Ilva dans les Pouilles. Quelque 8.000 emplois sont menacés, sans compter les plusieurs milliers de personnes en sous-traitance.