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Parthenope arrive sur Netflix: le film de Paolo Sorrentino, sa déesse napolitaine

Après l’avant-première au Festival de Cannes 2024 et un passage au cinéma, Parthenope débarque sur Netflix le 6 février. Une immersion dans l’une des plus grandes traditions napolitaines. Ce dernier long métrage de Paolo Sorrentino rejoint ainsi sept autres films du réalisateur italien à découvrir en streaming sur la plateforme.

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Écrit par Pauline Regina
Publié le 6 février 2025, mis à jour le 7 février 2025

Le film avait été présenté en compétition dans la sélection officielle du Festival de Cannes 2024 et est sorti en salles, le 24 octobre dernier, en Italie. Malgré un accueil mitigé de la presse présente sur la Croisette, le film est un véritable succès au box-office. Éloge du cinéma italien et de l’éternelle beauté de Naples, Parthenope propose un voyage, dans l’intime, dans l’Italie des années 1950 à nos jours, dans les souvenirs d’amours de jeunesse.

Que raconte le film de Paolo Sorrentino

Parthenope raconte, selon les mots de Paolo Sorrentino : « Le long voyage de la vie de Parthénope, depuis sa naissance en 1950 jusqu'à aujourd'hui. Une épopée du féminin sans héroïsme, mais habitée par la passion inexorable de la liberté, de Naples et des visages imprévisibles de l'amour. Le réel, l'inutile et l'indicible, qui vous condamnent à la douleur. Et puis ils vous font recommencer. L’été Capri parfait, en tant qu’enfant, enveloppé de légèreté. Et l'embuscade de la fin. Les jeunes ont ceci en commun : la brièveté. La vie peut être très longue, mémorable ou ordinaire. Le passage du temps donne tout un répertoire de sentiments. Et là au fond, proche et lointaine, cette ville indéfinissable, Naples, qui ensorcelle, enchante, crie, rit et sait ensuite faire du mal."

La Sirène Parthénope, véritable fondatrice de Naples
Choc esthétique et émotionnel, le film est une ode à la vie, à la jeunesse et à l’amour. Le récit, empreint de mélancolie, s’organise autour d’une protagoniste caractérisée par une extrême beauté et une grande tristesse. Son nom, Parthénope, suggère une figure hellénique tragique, en référence à la sirène de la mythologie grecque, ainsi qu’une allégorie de la ville natale du réalisateur : Naples.
Le titre du nouveau film de Paolo Sorrentino rappelle le mythe de la Sirène Parthénope, considérée par la tradition napolitaine comme la véritable fondatrice de la ville. Parthénope (du grec « vierge ») est au centre de trois versions différentes unies par le fait que la Sirène a fondé la ville de Naples avec amour et pour amour.
Tragique, le récit l’est dans son esthétique léchée - trop léchée diront ceux qui reprochent au film un côté publicitaire, empreinte potentielle de Yves-Saint-Laurent, qui coproduit le film. Tragique aussi dans ses personnages dépourvus de réalisme, mais passionnés, fantasmés, idylliques, pris dans des contradictions insolubles, torturés par un mal de vivre dévorant et démesurément beaux - filmés comme tels.

Une conception nietzschéenne de la tragédie apparaît dans la construction du film. En effet, les personnages sont habités par des forces dionysiaques, propres à l’ivresse et au chaos, rappel des films de Federico Fellini. Ils sont en proie à l’absence de sens, confrontés au sleep, et de manière inopinée, au vice et à la misère - incarnés dans des scènes rappelant le cinéma de Pier Paolo Pasolini - enfin, à la déception et à la mort de l’idéal. Le film se ressent plus qu’il ne s’explique, il suggère, rappelle des blessures intimes, des premières amours, des traumatismes adolescents, des impressions nostalgiques. Et face à cela, il oppose une certaine rationalité apollinienne. L’esthétique extrêmement lisse reprend le dessus, avec des plans soignés à l’extrême, des dialogues laconiques, de jolies phrases qui sonnent comme toutes faites. Notons également une très belle lumière, une élégance particulière dans l’agencement des couleurs entre tons chauds et bleu turquoise de la Méditerranée. Mariage du dionysiaque à l'apollinien, le film souligne ainsi le lien tacite entre douleur et beauté.
Le tout est porté à la perfection par une mise en scène maîtrisée et très belle, une actrice brillante, Celeste Dalla Porta - qui incarne ici son premier rôle dans un long métrage - des tenues élégantes signées Yves-Saint-Laurent et une bande sonore aux accords de Riccardo Cocciante et sa chanson “Era Già Tutto Previsto”.

Paolo Sorrentino en huit films en streaming sur Netflix

Parthenope complète la filmographie du grand réalisateur italien qui est à découvrir en streaming sur Netflix. La plateforme a déjà rendu disponible plusieurs œuvres, du début des années 2000 à aujourd’hui, comme Les conséquences de l’amour, La main de Dieu (Prix David di Donatello du meilleur film), This must be the place (Prix David di Donatello du meilleur film), Youth, L’Ami de la famille, La Grande Beauté, Il Divo (sur l’histoire de l’homme politique italien Giulio Andreotti).

 

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