Quand un créateur de lieux est passionné d’art, cela donne… Benjamin Trigano, co-fondateur de M+B et surtout ici à Milan de Casa MB. Un format de galerie d'art hybride... Une galerie qui n'est pas qu'une galerie dans une maison qui n'est pas qu'une maison. Visite et rencontre avec ce galeriste et entrepreneur français.
Ce jeudi, ouvre à Milan une nouvelle exposition dans un lieu vraiment spécial qui, si secret qu’il veuille rester, deviendra à n’en pas douter un des lieux préférés des férus d’arts milanais.
Casa MB, ouverte au printemps dernier au cœur de Milan (quartier Conciliazione), est le nouveau format de la galerie M+B de Los Angeles. Imaginée comme une invitation à découvrir un intérieur milanais avec, au passage des pièces d’art et de design à la pointe.
Avec des visites uniquement sur rendez-vous, Casa MB se veut un lieu accueillant et intimiste afin d’emporter les visiteurs dans des interactions avec l'art.
Benjamin Trigano, mais qui est-il ?
Dans la vie il y a deux types de bâtisseurs : ceux qui voient ce qui existe déjà et qui suivent un mouvement, et les autres, les inventeurs, les faiseurs. Ceux-là remplissent un vide, créent quelque chose de nouveau, quelque chose qui se démarquera, quelque chose qu’on ne savait même pas qu’on avait envie d’avoir et dont finalement on finit par ne plus pouvoir se passer.
Alors, quand Benjamin Trigano débarque de Los Angeles avec la tête pleine d’idées et des artistes peu ou pas vus en Italie, cela apporte un coup de frais. Montrer de nouveaux artistes signifie que vous êtes toujours à jour et que vous arrivez encore à surprendre. « Galeriste est un métier où l’on ne veut pas, où on ne peut pas montrer des choses qu’on voit déjà partout ailleurs. C’est la différence entre une galerie et un magasin », explique-t-il.
Milan… ville mystérieuse, berceau de l’élégance et capitale mondiale du design aura séduit Benjamin Trigano et ses associés. Avec sa multitude de galeries, de musées, de show rooms certains ayant pignon sur rue d’autres plus secrets, sa Fashion week, Design week et son Miart, ce tourbillon avec un zest de folie et une exécution parfaite du dynamisme à l’italienne : chic, pas trop choc mais surtout innovant tout en ayant un Campari à la main.
Ne manquait que ce concept alliant le frisson de la découverte et le confort de l’intime, ce lieu unique où on se sent chez soi tout en découvrant de nouveaux mondes.
Une alliance entre deux mondes : l’accueil et l’art
En plus de son travail de galeriste, Benjamin a créé et rendu célèbre avec son père et son frère les hôtels Mama Shelter (ndlr on adore celui de Rome). Aujourd’hui, ils s’associent de nouveau à Philippe Stark pour réinventer l’industrie hôtelière sur un concept qualitatif de deux/trois Etoiles. À suivre…
Il est né en France, mais a grandi à New York. Il attribue à sa mère, une ancienne mannequin, le mérite de l'avoir exposé à l'art, mais aussi à la vie des artistes eux-mêmes – plus c'est étrange et décalé, mieux c'est.
Avec la M+B à West Hollywood, ouverte en 2004, il a commencé en exposant exclusivement de la photo contemporaine avant de se diversifier vers l’art contemporain vers 2016.
L’ouverture de Domo Damo, une résidence d’artistes à Sao Paulo il y a six mois, continue de dresser le portrait d’un amoureux des arts et des gens qui n’a d’autre plaisir que de fusionner les univers.
Votre galerie d’art Casa MB est un espace intime, proche du cabinet de curiosités. Racontez-nous la façon dont vous avez imaginé ce lieu.
Je voulais ouvrir un espace en Europe depuis quelques temps. Milan m’a semblé une évidence, je suis amoureux de cette ville : j’y aime les gens, sa gastronomie, il y fait bon vivre… J’ai de nombreux amis à Milan et ma famille adoptive italienne m’a ouvert les bras et fait que je me suis tout de suite senti « à la maison ».
A Los Angeles, MB est une galerie classique mais j’aspirais à quelque chose de différent ici… Je trouvais plus intéressant et même galvanisant d’intégrer le travail de nos artistes à un appartement plutôt que sur des murs blancs type white cube. C’est une façon de concevoir la présentation de l’art de façon moins formelle.
L’idée est de recevoir les visiteurs chez nous autour de la table et de passer un moment à discuter. C’est quelque chose de très personnel. Un retour aux basiques que j’adore.
Une galerie d’art pour faire dialoguer les arts et les gens… Qu’aimeriez-vous que les visiteurs et les collectionneurs retiennent de leur passage chez vous ?
Je souhaite que les gens passent un moment différent, vivent une expérience différente de la galerie traditionnelle. Le temps de regarder, de respirer, de se poser, jusqu’à entrer en immersion avec le travail des artistes.
Quand les gens restent une demi-heure, une heure, que le dialogue est engagé, c’est cela qui me fait plaisir.
L’exposition qui ouvre aujourd’hui est consacrée à l’artiste Merveille KELEKELE KELEKELE. D’un côté la peinture mi-figuration mi-abstraction, de l’autre le design d’un lieu nouveau avec des pièces de design très marquées… Finalement, séparer les deux disciplines n’a que peu de sens. Comment s’articule la rencontre entre ces deux univers artistiques pour vous, et à Milan en particulier ?
En effet c’est approprié à Milan, capitale du design. Nous avons choisi chaque pièce, chaque objet, chaque lampe et chaque couleur en gardant à l’esprit ce désir de créer un lieu de vie et d’échanges plutôt qu’un lieu d’exposition.
Le problème d’une galerie classique c’est le côté parfois stérile que peut avoir l’endroit. Avec Casa MB nous avons créé un lieu où le design et l’art se parlent et où les gens prennent le temps de parler, et de regarder.
Mettre en conversation des pièces de design et d’art, les mettre en lumière dans un environnement normal, cela humanise les deux et cela permet de se projeter.
L’exposition dédiée à Merveille KELEKELE KELEKELE, inaugurée ce jeudi 14 septembre, fonctionne comme un voyage non seulement dans la propre psyché de l’artiste africain, mais aussi dans une conscience collective, fusionnant cauchemars et rêves en une riche tapisserie de monstres, d'âmes et de créateurs. Le parcours de sa vie est résumé dans les toiles et souvent complété par des objets personnels. Il orchestre un environnement dans lequel le spectateur devient un participant actif dans le récit qui se déroule.
Etudiant aux Beaux-Arts de Paris, Merveille KELEKELE KELEKELE est né en 2001 en République Dominicaine du Congo.
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