Bertrand Dupont, candidat Les Républicains, UDI et Les Centristes parmi les 14 candidatures aux élections législatives pour la 2e circonscription des Français établis hors de France. De passage à Mexico, il a accepté de répondre à nos questions complémentaires sur les préoccupations des Français de la 2ᵉ circonscription :
Pour lire son interview initial
Comment vous l’avez indiqué, les électeurs attendent de la proximité avec leur prochain député. Résidant à São Paulo, qu’en est-il des autres pays de la circonscription comme le Mexique ?
Un député a largement les moyens de voyager, il faut juste en avoir la volonté. J’ai fait 18 ans de Brésil et 8 ans d’Argentine avant, mes enfants sont franco-argentins. Évidemment, on ne peut pas aller visiter les 33 pays tous les ans parce que sinon on ne fait pas son travail à l’Assemblée nationale. C’est un équilibre à trouver entre la fonction législative et l’élu local.
Je veux d’abord être un relai pour toutes les forces d’action qui existent ici, c’est-à-dire les conseillers des Français de l’étranger, les Chambres de Commerce et Industrie, les French Tech, les associations, les accueils….
Ensuite, en fonction des besoins et des évènements, j’organiserai mes rendez-vous, en sachant qu’en général quand un député voyage, c’est l’Ambassade qui organise tout son programme, mais je veux avant tout un programme qui soit réalisé avec mes compatriotes qui habitent sur place.
Ça permettra d’aborder les problématiques telles que les dossiers individuels de retraite, les dossiers pour un lycée ou des sujets plus généraux. Dans mon équipe, j’ai l’intention d’avoir une partie assistante sociale très forte ainsi qu’une collaboration commune avec le sénateur des Français de l’étranger, de sorte qu’il y ait une synergie entre les projets de loi présentés à l’Assemblée et ceux présentés au Sénat.
Par exemple, sur le Mexique, vous avez différentes problématiques. J’étais à Guadalajara hier, il manque des associations comme Guadalajara Accueil, ou de bienfaisances sur place, qui permettent de soutenir et réunir les Français.
Il y a un gros problème d’accès au consulat, puisque pour beaucoup il faut faire des milliers de kilomètres et ça coûte pour refaire un passeport. Les consuls honoraires sont soit très peu disponibles, soit n’existent pas depuis 2 ans comme c’est le cas de Cancun ou Playa del Carmen. Même si ça semble en cours de résolution et ça serait très bien. C'est des choses que le député peut aider à créer localement. Il y a un réel besoin entre les résidents et les touristiques.
Au Mexique, si l’on compte les personnes inscrites au consulat et celles qui ne le sont pas, cela fait presque 50000 personnes qui souhaitent pouvoir contacter facilement leur consulat en cas de problèmes ou de démarches courantes. Avec de plus en plus d’inscription au consulat et une administration limitée en personnel et budget, quel est votre plan d’action ?
Les Français ne savent pas exactement ce qu’est le rôle du député des Français de l’étranger. Son rôle est justement de faire le pont entre les Français de la circonscription, les autorités diplomatiques et les élus en France. Il doit être en appui aux conseillers et aux consulats, car on a un pouvoir par rapport aux caisses de retraite en France qui est plus fort. Je reçois énormément de dossiers de retraire qui ont des retards de 3, 4 ou 5 ans.
Le consul honoraire fait l’objet d’une étude et d’une validation avant d’être nommé donc je ne vois pas pourquoi il n’aurait pas le droit d’établir toute une série de certifications parce qu’il n’est pas de nationalité française. Les conseillers des Français de l’étranger devraient aussi avoir le droit de faire des certifications, cela permettrait d’avoir plus de personnel.
On a eu une réduction de plus de 311 postes sur les consulats lors des 5 dernières années. Beaucoup de procédures ont été simplifiées et informatisées, mais tout le monde ne sait pas utiliser ou n’a pas accès à internet et on ne doit pas perdre le contact local.
Travailler à l’étranger tout en continuant à cotiser pour la retraite en France est l’une des principales préoccupations ressenties par les Français de la 2ᵉ circonscription, comment pouvez-vous y répondre ?
Au Mexique, il n’y a pas d’accord bilatéral sur les retraites, alors que ça existe sur deux modèles différents en Argentine et au Brésil, donc il faut le généraliser au Mexique et à toute la 2ᵉ circonscription. Qu’est-ce que c’est un accord bilatéral sur les retraites ?
C’est : je suis installée au Mexique, je cotise me retraite au Mexique et mes trimestres cotisés en France et au Mexique sont consolidés. De la même façon pour un Mexicain qui vient s’installer en France. Cela permet d’avoir une retraite décente, mais aussi pour les entrepreneurs qui recherchent des talents français, de plus facilement les faire venir, car ils ne perdent pas leur retraire.
Au fil des années, le rayonnement culturel français s’est perdu, il y a de moins en moins d’évènements massifs organisés, tel que la célébration du 14 juillet. Quels sont vos axes de travail pour réactiver la diffusion de la culture française ?
Déjà il faudrait arrêter de couper les budgets, puisqu’une semaine et demie avant la présidentielle, on a encore perdu 50 millions d’euros.
Il faudrait faire des partenariats avec les régions en France et apprendre à travailler différemment. Je m’explique, les organismes et associations qui existent, doivent travailler en synergie pour avoir une réelle équipe de France qui allierait l’économique au culturel et social. On doit également mieux communiquer sur ces services qui existent, car on en entend très peu parler. Qui plus est, l’Amérique latine est complètement sortie des radars alors qu’on a un continent qui aime la France. On perd donc de belles opportunités.
Il y a un programme entre la French Tech, la CCI et Business France, et ça, c'est un exemple de partenariats qu’il faut amplifier et généraliser, en accord avec la partie d’influence culturelle. Il faut trouver des solutions de financement pour les petits entrepreneurs et entrepreneurs individuels (car un Français qui vient ouvrir un restaurant en Amérique latine, c’est aussi ça la culture française). En Afrique, il y a des programmes qui permettent de financer les investissements et il n’y en a pas en Amérique latine alors il faut essayer d’en avoir.
Et contrairement aux autres candidats qui se réveillent 15 jours avant les élections, nous on travaille depuis 1 an et demi sur un projet de financement pour les petits et moyens entrepreneurs qui est un fond fiduciaire dont on va faire un pilote en Colombie qui permettra de faire des prêts sans garantie avec un système de coaching. Le but est ensuite de travailler avec des organismes comme BPI, des compagnies d’assurance pour créer un système mutualiste. Mais si on attend que ça se crée en France, ça va prendre trop de temps alors que si on commence, ça sera d’un, une nouveauté et deux ça va permettre de mobiliser les gens.
De nombreux Français de la 2ᵉ circonscription souhaitent, pour leurs enfants, avoir un accès facilité à l’université en France, dans le réseau d’enseignement français ou une filière bilingue du Mexique (ou pays de résidence). Quelles sont vos propositions pour l’éducation ?
- Au même titre que les budgets pour le rayonnement de la culture français, il faudrait arrêter de couper les bourses qui ont été réduites de 10 millions d’euros. Si on double le nombre d’élèves et qu’on ne donne pas les moyens derrière, ça ne fonctionne pas.
- On perd beaucoup d’influence aussi avec les alumni : Les Mexicains, franco-mexicains ou français qui vont étudier en France avec une bourse, qui deviennent journalistes, patrons de grandes entreprises, politiciens… Lorsqu'ils reviennent au Mexique, on ne s’en occupe plus du tout. Il faut intégrer le réseau Français avec le réseau Alumni qui est extrêmement fort dans tous les pays.
- Les élèves des lycées de Français à l’étranger sont majoritairement nationaux. On peut parfaitement dupliquer ces lycées dans des zones où il n’y a pas tant de Français que cela, mais qui permettrait l’accès au Français.
- Il faut aussi revoir les critères de bourses, car beaucoup de personne sont exclues, on ne prend pas en compte les critères nationaux. Et à partir du moment où ces lycées reçoivent des subventions de l’AFE, il serait normal qu’il y ait un tarif différencié pour les enfants de Français. On me dit souvent que ce n’est pas possible, mais ça existe au Maroc ou sur notre circonscription comme en République Dominicaine.
- De plus, il faut revoir l’accès à Parcours Sup en France qui est un véritable parcours du combattant. Et on a beaucoup d’aides en France comme l’aide au logement, mais avoir accès aux prêts, c’est compliqué.
- Cela n’a malheureusement pas eu le résultat escompté pendant la campagne présidentielle, mais il est proposé un accès au prêt étudiant, mais aussi à la création de la banque de la jeune qui permettrait aux étudiants d’accéder aux prêts qu’ils ne rembourseraient qu’à partir d’un certain niveau de revenu. Oui, on propose aux étudiants de s’endetter, mais l’argent magique n’existe pas malheureusement et les prêts étudiants sont très intéressants. Moi-même, quand j’étais étudiant, j’ai dû travailler et emprunter.
- Concernant les démarches, il faut des guichets uniques pour toutes les démarches des étudiants, mais aussi des personnes qui souhaitent rentrer en France. C’est actuellement extrêmement compliqué alors que ça pourrait être parfaitement centralisé.
- On a le CNED ici, on a la possibilité d’avoir des cours en ligne, qui implique une rigueur, un travail et une participation dépendante forte. Il faut renforcer cela. Il y a des pilotes qui sont mis en place en Amérique latine qui permettent de faire de l’hybride : Certains professeurs vont donner des cours dans des lieux dédiés comme les Alliances Françaises pour les étudiants qui suivent des cours à distance.
- Aujourd’hui quand on veut passer son BAC, on dépend d’une académie et il faut voyager en France pour passer son BAC alors que l’on pourrait très bien créer des centres d’examens en Amérique latine. En particulier avec la création d’instituts régionaux de formation qui pourraient servir de centres d’examens. Si on fait un centre à Mexico, on pourra y faire venir des professeurs de Guadalajara pour faire passer les examens, et inversement. La création de centres d’examens locaux est importante.
Pour finir, l’accès à une assurance médicale fait partie des enjeux pour les Français de la 2ᵉ circonscription. Que pouvez-vous nous dire sur les travaux prévus ?
Il n’y a pas non plus d’accord bilatéral alors qu’en Afrique il y en a. Je vais donc faire mon possible pour que cela soit réalisé ici, mais ça n’arrivera pas dans les 5 ans. Un mandat est fait pour mettre en place plusieurs actions, mais aussi pour qu’il y ait une continuité derrière.
Un des points les plus durs, c’est d’avoir des accords de tiers payants ici. En attendant, il faut trouver des solutions. Certaines ont été mises en place lors de la pandémie au Mexique, via l’Union des Français au Mexique, à travers des assurances hospitalisation et rapatriement AXA. Si on a une option de rapatriement, cela permet un accès à la santé en France. Une assurance de société privée ce n’est pas l’idéale, mais c’est mieux que rien. Il faut trouver un système au niveau de l’Amérique latine qui permet d’avoir des tarifs inférieurs. Tous les retours que j’ai eus sur certaines assurances hospitalisation rapatriement de compatriotes qui l’ont pris au Mexique sont excellents et le cout est bas.
Avant d’avoir des solutions qui viennent de France, et c’est là que la connaissance de la circonscription est importante, (quand on est parachuté, on ne peut pas l’avoir), il faut être inventif et trouver des solutions, qui ne sont peut-être pas les meilleures, mais qui au moins apportent une solution.
De même qu’il faut supprimer le délai de carence de 3 mois d’accès à la sécurité sociale pour les Français qui reviennent en France. Il est absolument illogique alors que les personnes qui demandent l’asile en France ou qui sont en immigration illégale y ont accès immédiatement. En parlant d’illogique, il y a également la partie fiscale ou il faut absolument supprimer la CSG CRDS qui a été votée 3 fois au sénat et trois fois refusée à l’Assemblée Nationale.