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Jeoffrey Collard, candidat dans la 2ème circonscription des Français de l’étranger

Jeoffrey Collard candidat législatives 2022 2e circonscriptionJeoffrey Collard candidat législatives 2022 2e circonscription
Écrit par Marion Salamon
Publié le 24 mai 2022, mis à jour le 31 mai 2022

Jeoffrey Collard, candidat Français Hors Frontières parmi les 14 candidatures aux élections législatives pour la 2e circonscription des Français établis hors de France, a accepté de répondre à nos questions :

Jeoffrey Collard, installé au Mexique, est un avocat spécialisé en droit migratoire et en droit des affaires qui soutient la communauté française au niveau local depuis 10 ans dans ses démarches avec les autorités consulaires et nationales. Suite à ces dix dernières années d’expériences, l’idée a grandi de créer un parti : « Français Hors Frontières ».

 

Pourquoi avez-vous souhaité vous présenter aux prochaines élections législatives ?

Principalement pour aider la communauté française au Mexique. Ça peut sonner faux, mais c’est une candidature complètement désintéressée. Avant tout, je suis électeur, ça fait 10 ans que j’habite en Amérique latine et ça fait justement 10 ans qu’on a des députés français de l’étranger, je n’ai pas vu d’évolution. 10 ans qu’on a des députés et des conseillers de l’étranger parachutés, dont la dernière Paula Forteza qui s’est présentée aux élections municipales à Paris pendant son mandat. Et, on a de nouveau une candidate LREM de Suisse qui se présente. Il y a beaucoup d’agacement au niveau de la communauté française qui ne se sent pas représentée, on est arrivé à un essoufflement.

Quand je vois des programmes avec des centaines de propositions, ce n’est pas viable. On peut faire la comparaison avec une carte de restaurant qui contient 70 plats dont on sait que ça sera du congelé, ou alors un menu plus restreint, mais de qualité.

À partir de ce constat, je me suis dit il faut y aller sinon rien n’évoluera et on va repartir dans la même logique que les 10 dernières années. Les Français de l'étranger, c'est des problématiques particulières et ce n’est pas pour rien qu’on a créé ces circonscriptions depuis 2012.

On a besoin de candidatures locales et justement j’applaudis d’autant plus, les candidats locaux.

 

Quel est votre rapport avec cette circonscription ?

Tout d’abord, j’ai une attache avec les Antilles, car je suis né et j’ai vécu pendant 10 ans entre la Martinique et la Guadeloupe. Ensuite, j’ai vécu en Argentine, et j’ai beaucoup voyagé dans nombreux pays d’Amérique du Sud. Ça fait 10 ans que je réside en Amérique latine, et que j’œuvre à aider la communauté en tant qu’avocat en droit migratoire et des affaires.

Les problématiques des Français de l’étranger du Mexique sont très similaires avec les autres pays de l’Amérique latine.

 

En quoi votre parcours est-il marqué par les préoccupations des Français de l'étranger ?

Ça fait 4 ans que je travaille au côté de la communauté française au Mexique et 10 ans en Amérique latine, en tant qu’avocat et souvent, bénévolement. Leurs préoccupations sont devenues ma problématique au quotidien. Mais aussi, et avant tout, je suis moi-même un Français de l’étranger et j’ai rencontré personnellement un bon nombre de problèmes que la communauté rencontre au quotidien.

 

Comment voyez-vous le mandat de député ?

5 ans de mandat avec beaucoup de travail, car il y a beaucoup de problématiques qui n’ont pas été abordées par le passé. On a principalement eu des candidatures issues de la majorité présidentielle, donc forcément une fois qu’ils sont à Paris, la problématique devient nationale et les réelles problématiques de la circonscription sont oubliées. Il y a eu quelques actions générales, mais aucun travail de fond. « Et ça, c'est mon engagement, ma priorité, c'est la circonscription. »

On me demande souvent « Avec qui vas-tu travailler, car tu vas être tout seul ? »

On est obligé de se rattacher administrativement à l’Assemblée National, en conséquence je me rattacherai à la majorité présidentielle, non pas que je partage à 100% les valeurs de la majorité, mais je préfère être dans la majorité et faire bouger les dossiers en interne plutôt que d’être en opposition et ne rien avoir. Ensuite, je travaillerai à rencontrer les autres députés et à les convaincre, car le fait de ne pas avoir d’étiquette politique nous permet de parler avec tout le monde.

Nous sommes un parti français qui n’a pas une trajectoire nationale, je ne suis de ce fait pas tenu de répondre aux grandes problématiques nationales. L’intérêt est de vraiment faire progresser les dossiers en Amérique latine.

Je vais être le pire député pour la France, mais le meilleur député pour l’Amérique latine parce que je souhaite être en circonscription avec vous et pas avec Paris. Il faut un équilibre entre être à l’Assemblée Général et être en circonscription. Malheureusement, la circonscription d’Amérique latine est un lot de consolation, comme c’est la plus petite circonscription. La France n’a pas forcément beaucoup d’échanges avec l’Amérique latine, ni d’enjeux commerciaux. Il est donc très important que le député soit le pont entre la France et l’Amérique latine.

 

Quels sont, selon vous, les défis qui attendent les Français de votre circonscription ? Et quels sont les axes de travail que vous souhaitez mener à bien si vous êtes élu ?

 

7 problématiques sont abordées dans notre programme :

 DéfisAxes de travail
L’administrationFort heureusement, le passeport français n’est pas un passeport problématique, mais les procédures administratives sont trop compliquées pour la communauté française. Il n’y a pas d’augmentation de personnel ni de budget, mais de plus en plus d’inscription au consulat, sans compter toutes les personnes qui ne sont pas inscrites, et qui ont des besoins pour une administration qui est limitée, c’est insoutenable. Je reçois notamment beaucoup de demande pour des certificats de nationalité française (CNF), c’est une grande problématique, une procédure de minimum 3 ans pour confirmer qu’on est français.

On fait espérer aux gens, une augmentation de personnel et de budget, mais ça ne va pas arriver, il faut être clair là-dessus. On vient de sortir d’une crise.

Il faut faire mieux avec moins. Il faut accélérer sur la digitalisation de toutes les démarches, ce qui rendra plus disponible le personnel pour ce à quoi il est destiné normalement.

La culture

On nous parle toujours de rayonnement culturel, mais on a des recoupes au niveau des budgets. Nous n’avons presque plus rien en culture, plus d’évènements massifs organisés. On représente l’idéal de la France individuellement, mais collectivement, il s’estompe de plus en plus. Il faut réactiver ce rayonnement culturel.

La perte de culture française à l’étranger est aussi liée à la recrudescence des CNF. Je m’explique : on a une perte d’appartenance à la communauté française, les gens se désintéressent de l’administration et ne font plus les déclarations, car elles sont trop compliquées. Pour exemple, un nouveau-né sera donc mexicain et non franco-mexicain.

La culture, c'est aussi réactiver les évènements culturels (ex : fête du 14 juillet) qui ont été mis à mal avant la pandémie, mais qui ont disparu depuis. À travers l’IFAL, les alliances françaises, les jumelages entre ville (Puerto Vallarta et Saint Tropez par exemple)

La culture n’a pas forcément besoin de beaucoup de moyens, il faut surtout mettre les bases, pour donner l’opportunité aux gens de se rencontrer et de s’organiser, pour initier à nouveau un mouvement auprès des gens.

 L’entrepreneuriatBeaucoup de personnes veulent changer de vie et ont un projet, mais la culture n’est pas la même. Malheureusement, il n’y a pas forcément d’accompagnement pour les petits entrepreneurs, qui n’ont pas seulement besoin d’argent, ils ont aussi besoin de communication et des contacts. Il faut que l’on aide à dynamiser les initiatives et les associations telles que la French Tech.

L’idée serait d’impulser une plateforme latino-américaine sur la circonscription, pour interconnecter les gens et leur permettre d’échanger sur les idées innovantes, présenter leurs projets et rencontrer des sponsors et partenaires, des personnes qui pourraient les aider, et avec un annuaire libre. Impulser par le parti et proposer aux CCI de participer.

C’est principalement un manque de communication, et souvent mettre les gens en relation, c'est ce qui fonctionne.

L’éducation

En Amérique latine, il y a un taux de réussite au bac de 97%, supérieur à la France. Nous avons donc un système éducatif et de bourses qui fonctionnent plutôt bien. En revanche, nous avons des gestions différentes des lycées qui sont homologués par l’Agence Française pour l’Éducation (AFE) et qui disposent de certification privée. Les frais de scolarité dépendent alors d’eux et on ne peut pas leur imposer une tarification ni offrir une éducation gratuite à tous en Amérique latine comme certains le proposent.

Nous rencontrons également des problématiques pour les jeunes qui viennent d’avoir leur bac et qui veulent aller en France poursuivre leurs études supérieures. Cela a un coût financier et une bourse est rarement suffisante, les familles en Amérique latine sont aussi très unies et la séparation est très mal vécue.

Je ne m’attarde pas sur la lutte pour éviter les restrictions budgétaires, car on ne devrait même pas l’indiquer, lutter contre le négatif, c'est logique. Il faut surtout y trouver des alternatives.

Nous voulons proposer une université numérique au moins jusqu’à la licence. Cela ne nécessite pas un grand budget puisque ça serait du numérique rattaché à des universités existantes. Les jeunes pourront continuer à étudier tout en restant en Amérique pour les premières années d’études supérieures. Pour les masters où il est souvent demandé de réaliser des stages, ils auront un peu plus d’expérience et de maturité et il sera plus simple d’aller en France pour poursuivre.

La retraiteLa procédure pour récupérer les fonds que l’on cotise en tant que salarié au Mexique est très compliquée. De plus, les certificats de vie reposent sur un système archaïque de papiers envoyés par courrier qui dépassent les délais et encore une fois, il faut se déplacer dans une ambassade. Tout le monde n’a pas la possibilité de faire des milliers de kilomètres facilement. Il faut simplifier ces procédures pour tout le monde puisse continuer à recevoir sa pension à l’étranger.

Nous voulons développer des conventions entre les caisses de retraite et pousser le dialogue entre les états pour faciliter la vie aux français dans les démarches de récupération de leur retraite. Ça se fait dans d’autres pays (presque tous les pays de l’UE) c’est donc possible.

Il faut savoir que le système fiscal mexicain est entièrement dématérialisé, de ce fait pourquoi ne pourrait-on pas utiliser ce type de système avec une reconnaissance faciale pour les certificats de vie dans toute l’Amérique latine ? Cela facilitera les problèmes de mobilité des personnes. Pour les personnes sans connexion internet, il faut renforcer les partenariats locaux pour qu’elles puissent aller à la mairie ou au poste de police et être accompagnées dans les démarches.

La santé 

Quand on rentre en France, on doit attendre 3 mois pour accéder à nouveau à la sécurité sociale, c’est inadmissible alors que toute autre personne de toute autre nationalité peut y accéder immédiatement en arrivant en France.

Il faut absolument supprimer ce délai de carence pour les Français également qui reviennent en France.

Il faut de plus améliorer les partenariats/conventions entre la CFE, la mutuelle, les hôpitaux locaux pour faciliter le lien avec l’assurance et éviter les avances de frais.

La vie démocratique

Les taux de participation en Amérique latine sont les plus bas. Rien que pour les élections présidentielles, on a eu un taux de 25% de participation, c’est très bas. Et pour les législatives, c’est pire. Il y a clairement un désintéressement de la vie démocratique par la communauté française à l’étranger. Mais pourquoi voter pour quelqu’un qui ne va pas nous représenter ? Une offre médiocre amène forcément une demande médiocre. C’est donc un cercle vicieux.

Le but est de communiquer sur ce qu’est un député de l’étranger et sur son rôle. Il n’y a pas d’initiative citoyenne en Amérique latine, je souhaite ainsi collaborer avec l’organisation à l’origine de la convention citoyenne pour proposer des initiatives à la population française d’Amérique latine.

 

Nous appuyons notre programme sur un système de valeurs basé sur le climat et l’écologie :

Pourquoi un système de valeurs et pas de propositions ?  Il faut rester à l’échelle de ce que l’on peut faire et ce qui est réalisable. En conséquence, si ces questions-là sont abordées à l’Assemblée, je prendrai position et toute autre proposition qui sera faite devra être transversale.

Nous devons trouver des alternatives pour limiter la consommation de nucléaire. Il est même urgent que nous changions notre consommation en énergie. C’est encore un problème de communication. Il faut informer : sur l’énergie, sur l’environnement, sur l’agriculture qui est notre alimentation de demain.

Parti Français Hors Frontières candidat 2e circonscription Législatives 2022

Comment est organisée votre campagne et qui sont vos soutiens ?

Le parti « Français Hors Frontières » a été créé par pur hasard le 8 mars 2022, jour international des droits de la femme, mais je trouve que c’est un beau message, car c’est un parti très féminin, dont les membres ont aussi une expérience sur toute l’Amérique latine. Le parti est composé de 4 personnes en tant que bureau et une équipe d’une quinzaine de personnes avec différentes spécialités qui nous aident. On a la trentaine, on a encore 30 ans devant nous pour bouger les choses. Être député ce n’est pas seulement faire les 5 ans et c’est fini, non il faut avoir une continuité.

C’est un parti récent, sans étiquette, qui a vocation à se développer. On est sur un projet pour la communauté française, un projet social, à ne pas confondre avec un projet socialiste. L’initiative citoyenne et locale que l’on propose est plus que bienvenue par nombreux conseillers des Français de l’étranger, référents de la communauté française et associations. Le fait de ne pas avoir une étiquette politique intéresse d’autant plus beaucoup de personnes.

La possibilité de propagande électorale nous est rendue difficile et n’est pas vraiment équitable, par le fait que nous n’avons toujours pas accès à la liste électorale avec les contacts des personnes. Pour y avoir droit, il faut avoir le récépissé officiel des candidatures ou être un parti politique déjà enregistré depuis longtemps.

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