En amont du Forum CCE des Amériques en mars 2025, Lepetitjournal.com est allée à la rencontre de Mathilde Hodin, Conseillère du commerce extérieur au Mexique. “Notre mission est de faire rayonner la France à l’étranger, de soutenir les entreprises souhaitant s’installer au Mexique et de promouvoir le développement des jeunes à l’international." Retour sur le parcours d’une ingénieure passionnée par l’Amérique Latine et directrice de projet chez Opella, ainsi que ses confidences pour les entrepreneurs français qui se lancent…


C’est l’un des conseillers du Service Economique qui m’a incité à devenir conseillère du commerce extérieur au Mexique.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel et de ce qui vous a conduit à devenir conseillère du commerce extérieur au Mexique ?
Ingénieure des Mines de Paris, j’ai pu bénéficier de nombreuses expériences à l'international dès ma vie étudiante. Je me suis passionnée très vite pour la langue espagnole et l’Amérique Latine où j’ai décidé de commencer ma carrière en tant que VIE responsable projet dans une des usines de Sanofi au Mexique. J’ai ensuite eu l’opportunité de me développer dans différentes positions au sein du groupe tant aux affaires industrielles qu’aux opérations commerciales pour finalement prendre la direction de projets globaux liés á d’importants investissements dans lesquels la compréhension du contexte politico économique mexicain et le soutien du service économique de l’Ambassade de France au Mexique se sont avérés indispensables. C’est l’un des conseillers du Service Economique qui m’a incité à devenir conseillère du commerce extérieur au Mexique.
Quelles sont les missions d'un conseiller du commerce extérieur au Mexique ?
En tant que conseiller du commerce extérieur, notre mission est de faire rayonner la France á l’étranger, de soutenir les entreprises souhaitant s’installer au Mexique et de promouvoir le développement des jeunes à l'international. Je me suis particulièrement investie dans le développement du programme VIE dans mon secteur, dans l’entreprise et à l'extérieur pour - par exemple - maximiser les opportunités de trouver un emploi après le VIE.

le Mexique est un marché hautement concurrentiel, où prédominent les entreprises locales bien positionnées et les grandes sociétés américaines possédant une vaste expérience
Quels défis spécifiques les entreprises et entrepreneurs français au Mexique ?
L’un des premiers défis est la distance géographique, qui rend difficile la concurrence avec des acteurs beaucoup plus proches, comme les États-Unis. Dans ce cas, investir dans les infrastructures locales est une alternative pour certaines entreprises. Cependant, les équipements disponibles dépendent de chaque état et ne sont pas toujours faciles à appréhender. L’autre grand défi est de savoir faire face à la réglementation spécifique à chaque secteur d’activité, où les délais de réponse peuvent être longs. L’aide d’un spécialiste est certainement nécessaire pour tirer le meilleur parti de ce délai. Une approche sectorielle a été définie par l’État, ce qui peut être utile dans les deux cas.
Par ailleurs, le Mexique est un marché hautement concurrentiel, où prédominent les entreprises locales bien positionnées et les grandes sociétés américaines possédant une vaste expérience. Pour Opella, la compréhension et le respect des codes culturels mexicains, tels que l’importance des relations personnelles dans les affaires, la prise de décision hiérarchique ou la nécessité d’établir une confiance à long terme, ont été aussi pertinents que l’adaptation à un cadre réglementaire complexe et changeant. La capacité d’adaptation aux normes locales non écrites est donc très importante.
Tenir compte des particularités du pays est donc un autre défi à affronter ou il y a peu de place pour l’application d’une formule globale générique. Dans ce sens, Opella a mis l’accent sur la compréhension de la dynamique économique locale, des habitudes de consommation et des attentes des clients mexicains. Cela a renforcé notre présence, nous permettant de générer des alliances stratégiques, d’innover dans leurs processus et de nous consolider en tant qu’acteur pertinent du secteur.
Comment la France peut-elle renforcer sa présence commerciale au Mexique face à la concurrence d’autres puissances économiques comme la Chine et les États-Unis ?
La création d’associations stratégiques qui ajoutent de la valeur au-delà de la relation commerciale me semble clé pour différencier la relation de la France avec le Mexique au travers d’actions concrètes comme : le nearshoring et le transfert de technologie, la formation du talent Mexicain, la collaboration avec les universités mexicaines par exemple, la mise en place d’un cadre de coopération sur le long terme. Il est aussi important de tirer parti du conseil stratégique Franco-Mexicain et d‘une relation diplomatique de 200 ans qui permettent de fortifier des secteurs clés de l’expertise française comme l’aéronautique. Une autre différence majeure me semble le développement de relations commerciales responsables qui s’intègrent dans l’économie circulaire locale.
Mon rôle chez Opella va d’ailleurs dans ce sens puisqu’en temps que directrice de projet, j’ai la charge de gérer un investissement de 50 M€ pour la production de nos probiotiques au Mexique ce qui implique un transfert de technologie et la mise en place d’une usine « durable ». L’objectif d’Opella est de mettre la santé entre vos mains, ce que nous cherchons, c’est offrir des opportunités de croissance, donc les investissements que nous faisons renforcent notre engagement et notre confiance dans le développement du Mexique et en tant qu’entreprise alliée aux autorités. Ce qui nous distingue, c’est l’innovation, la qualité, le fonctionnement stratégique et notre vision durable.
Le forum est donc une excellente opportunité d’amplifier cette nouvelle culture d’entreprises durables.

Quelles sont vos attentes spécifiques pour le forum des Amériques ?
Impulser Opella comme acteur de la santé en Amérique et créer de nouvelles relations B2B pour développer des opportunités sur des sujets transversaux comme l’intelligence artificielle, le développement durable, le capital humain ou le contexte économique actuel sur le continent.
De nos jours, il est clé de créer des alliances pour promouvoir des solutions bénéfiques aux systèmes de santé, en soutenant les soins, la prévention, l’accès aux médicaments et aux traitements innovants et d’apporter la santé aux patients main dans la main avec la durabilité et l’inclusion. La preuve en est la certification B Corp. que nous avons obtenue après une évaluation rigoureuse, qui a déterminé que notre entreprise a un impact positif sur la société et l’environnement. Le forum est donc une excellente opportunité d’amplifier cette nouvelle culture d’entreprises durables.
Quels conseils donneriez-vous à une entreprise française qui souhaite s'implanter ou développer ses activités au Mexique ?
Je recommanderai tout d’abord de comprendre les besoins locaux et le cadre réglementaire autour du secteur d’intérêt. Il existe beaucoup d'a priori sur le marché mexicain qui s’avèrent finalement autant régulé qu’un marché européen dans les secteurs pharmaceutiques par exemple. Le potentiel de développement du commerce en ligne est également un autre facteur à prendre en compte. Une des meilleures façons d’approcher ces aspects est de s’appuyer sur la structure déjà en place de support aux entreprises françaises : CCEF, chambre du commerce, Business France qui pourront apporter leur expertise pour apprendre plus vite.
Par ailleurs, avoir une représentation sur place est clé dans une culture latine où les relations interpersonnelles sont très valorisées. Il existe aujourd’hui plusieurs programmes pour s’appuyer de jeunes talents à l'international comme le VIE.
J’ajouterais enfin l’appel à chercher à se différencier par la qualité, l’innovation et la durabilité, comme l’a fait Opella sur le marché mexicain, grâce au fait qu’elle dispose de talents formés dans des secteurs spécialisés pour faire face aux défis du secteur.
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