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Kann Design - «Le savoir-faire local va surement connaître un déclin»

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Rudy Bou Chebel
Écrit par Aurélie Billecard
Publié le 29 septembre 2020, mis à jour le 30 septembre 2020

Les explosions du 4 août à Beyrouth ont impacté tous les secteurs, notamment le savoir-faire de la capitale. Houssam Kanaan, fondateur de Kann Design, explique à lepetitjournal.com comment cet événement a impacté sa marque. 

 

Comment avez vous vécu cette journée du 4 août ?

J’étais en vacances en France ce jour-là. J’ai commencé à recevoir des messages en disant qu’il y avait un incendie au port de Beyrouth. C’était le jour où un de nos containers allait au port pour être envoyé en France. J’ai suivi de très près les événements, et à un moment je reçois une notification sur une grande explosion au port. C’était tout simplement irréel. On se demandait si c’était la vérité ou si des images étaient photoshoppées. J’ai immédiatement appelé mes parents et ma famille pour savoir s’ils étaient sains et saufs. 

 

Comment votre marque Kann Design a-t-elle été impactée par ces explosions ?

Notre atelier n’a subit aucun dégât heureusement, car il est situé à 25 minutes de Beyrouth. Le plus grand impact que la marque Kann Design ait connu est celui du container, qui était à la porte du port. Nous avons perdu presque 80% des meubles qui étaient à l’intérieur, et les 20% restants étaient très endommagés. 

 

Quelles initiatives avez-vous pris pour la marque après les explosions, et également par la crise de la Covid-19 ?

De notre côté, rien n’a vraiment changé malgré les explosions et également avec la crise de la Covid-19. Kann Design souhaite toujours travailler avec le Liban, et continuer de fabriquer les meubles à l’atelier familial. Ce n’est pas un événement comme celui-là qui nous fera changer d’avis et d’histoire. Le plus important pour nous était de se réunir avec les artisans avec lesquels nous travaillons dans nos ateliers, pour savoir s’ils allaient bien et leurs familles aussi. Les artisans n’ont jamais baissé les bras et continuent de travailler malgré les rudes circonstances.

 

Quelle initiatives avez-vous pris pour venir en aide à la population locale ?

Dans notre atelier, une équipe a été mobilisée pour remplacer des fenêtres ou des portes. Quelques jours après les explosions, il a commencé à pleuvoir. Il était donc nécessaire de bien fermer les maisons pour que les habitants aient un peu d’isolation et un toit qui protège.

Beaucoup de meubles de nos clients libanais ont été endommagés. Nous avons établi une démarche avec les personnes qui nous ont contactés pour des demandes de réparation. Nous réparons les meubles et, au lieu de nous verser l’argent, ils le versent à une association sur place.

Juste après les explosions au Liban, de nombreuses sociétés françaises et des amis de notre entourage nous ont contactés pour proposer leur aide matérielle. Par exemple, un éditeur de luminaires nous a proposé d’offrir des luminaires pour la reconstruction des appartements au Liban. 

 

Pensez-vous que le savoir-faire local connaîtra un déclin à cause de ces multiples crises ?

Le savoir-faire local va surement connaître un déclin. La jeunesse cherche à partir du Liban à cause des multiples crises auxquels nous sommes confrontés. Donc le savoir-faire, même s’il est entre les mains des plus vieux, n’est pas transmis à nos descendants. Comme la nouvelle génération n’est plus très présente, il n’y a plus personne à qui transmettre la technique.

 

Quel avenir voyez-vous pour votre marque ?

La marque Kann Design n’est pas directement impactée par la crise économique au Liban. Notre marché est surtout en Europe et aux États-Unis. Nous avons l’avantage de pouvoir continuer de travailler aux côtés de nos artisans libanais, et de pouvoir les payer avec une monnaie forte (le dollar ou l’euro), puisque la valeur de la monnaie libanaise a chuté lors de la crise financière.

Notre activité ne va pas changer. Nous allons produire des meubles comme s’il ne s’était rien passé, car il faut aller de l’avant.