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Seniors en Espagne : indépendants, actifs… mais fatigués et isolés

Si l’on s’en tient aux chiffres, les seniors espagnols se portent plutôt bien en 2025. Avec une note moyenne de 7,2 sur 10, leur état de santé est perçu comme assez satisfaisant. Mais derrière cette façade, une faille de taille : le bien-être émotionnel, lui, plafonne à 4,4. En clair : le corps tient bon, mais le moral ne suit pas toujours… C’est ce que révèle la dernière étude menée par la fondation MAPFRE, en collaboration avec la fondation IDIS et Lukkap. Décryptage.

un senior seul devant son ordinateur en espagneun senior seul devant son ordinateur en espagne
Andrea Piacquadio, Pexels.
Écrit par Paul Pierroux-Taranto
Publié le 13 mars 2025, mis à jour le 14 mars 2025

“Bien vieillir, c’est dans la tête", entend-on souvent. Mais qu’en est-il vraiment ? En Espagne, les seniors jugent leur état de santé plutôt satisfaisant, avec une note moyenne de 7,2 sur 10. Pourtant, leur bien-être émotionnel est bien moins reluisant, plafonnant à 4,4. Une contradiction qui soulève une question essentielle : être en bonne santé suffit-il à se sentir bien ?


 

 

 

Seniors en Espagne : une santé au beau fixe, mais un moral en berne

À les entendre, tout va bien, ou presque. Les Espagnols de 55 à 75 ans affichent une forme honorable et veillent sur leur santé comme sur un trésor. C’est du moins ce que pointe la récente étude de la fondation MAPFRE. Dans l’assiette, pas de place pour le laisser-aller non plus : 80 % avalent religieusement leur quota de fruits et légumes, 64 % boudent les aliments ultra-transformés et 6 sur 10 refrènent leurs envies de sucreries et de sodas. 

 

 

 

 

un senior actif en trainde faire des abdos sur un tapis de sport
SHVETS production, Pexels.

 

 

 

Côté activité physique, la marche reste le sport privilégié, avec 53 % des seniors qui la pratiquent quotidiennement. Pourtant, seuls 13 % déclarent faire de l'exercice au moins quatre fois par semaine, un chiffre relativement bas pour garantir un vieillissement en bonne santé.

Mais la perception de la santé n’est pas qu’une question de kilomètres parcourus et de plats légers. Trois quarts des seniors doivent composer avec une maladie chronique, les plus fréquentes étant l’hypertension (35 %), un taux de cholestérol élevé (30 %) et l’arthrite ou l’arthrose (26 %). Pour 15 % d’entre eux, les choses se compliquent encore avec des pathologies lourdes comme les maladies pulmonaires, les AVC ou les cancers, qui assombrissent le tableau.

 

 

 

 

 

 

 

 

Fatigue et solitude : les deux ennemis des séniors espagnols

Si les seniors se sentent en majorité indépendants et entourés (8,1 sur 10), leur bien-être psychologique serait en revanche en berne, avec une note de 4,4 dans l'étude. 

Premier coupable : le sommeil. Ou plutôt son absence. 43 % des seniors peinent à atteindre les sept à huit heures recommandées par nuit, et 67 % déclarent ne pas se réveiller frais et dispos, la majorité du temps. Les nuits sont donc loin d’être réparatrices... Et quand le sommeil est bancal, c’est toute la perception de la santé qui vacille.

Autre facteur clé : la vie sociale. Un déjeuner entre amis, une virée culturelle ou un voyage improvisé valent parfois mieux qu’un complément vitaminé. L’étude est formelle : ceux qui multiplient les activités sociales se sentent en meilleure santé (7,6 sur 10), tandis que ceux qui sortent à peine une fois par mois stagnent à 6,7.

 

Selon la Fondation MAPFRE, bien vieillir repose sur cinq piliers essentiels. D'abord, une alimentation équilibrée, avec au moins cinq portions de fruits et légumes par jour, tout en limitant les aliments trop sucrés ou gras. Ensuite, une activité physique régulière pour préserver mobilité et vitalité. Le bien-être émotionnel est tout aussi crucial : adopter une attitude positive, gérer son stress et entretenir une vie sociale active favorisent une meilleure qualité de vie. Le sommeil joue aussi un rôle clé : il est recommandé de dormir au moins sept heures par nuit et d’adopter une routine de repos stable. Enfin, éviter le tabac et modérer sa consommation d’alcool restent des facteurs déterminants pour la longévité et la prévention des maladies chroniques.

 

 



 

Bien vieillir : une question de climat, d’habitudes… et de compagnie

En Espagne, la perception du bien-être varie selon le climat et la latitude. Ainsi, les résultats changent en fonction des régions. En tête du classement, la Navarre (7,5), suivie de près par La Rioja et Madrid (7,4), où les seniors semblent aborder les années avec une certaine sérénité. À l’inverse, aux Canaries (6,8) et dans les Asturies (6,9), la perception est plus morose. 

D’autres différences régionales émergent : d’après l'étude, les seniors de Cantabrie, de Catalogne et d’Andalousie sont les plus optimistes sur leur avenir. Quant à ceux vivant dans la Communauté valencienne et la Castille-et-León, ils estiment que leurs activités quotidiennes leur apportent un grand “sentiment de valorisation”. 

Pourtant, une réalité persiste : même les plus assidus à l’alimentation saine et à l’exercice ne sont pas à l’abri d’une baisse de moral. L’isolement, le manque d’interactions sociales et des nuits agitées ternissent la perception de leur santé. Manger équilibré et marcher tous les jours, c'est bien. Mais sans éclats de rire, discussions animées et projets à partager, la recette du bien-vieillir reste incomplète. Être en bonne santé, c’est avant tout une question d’équilibre… et d’un peu de compagnie.

 

 

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