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C. Lecourtier: "La bataille de l'export se joue d'abord en France"

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Business France
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Publié le 9 mai 2018, mis à jour le 9 mai 2018

De passage à Madrid fin avril, le patron de Business France a rencontré ses équipes en Espagne, mais aussi différents acteurs liés à l'export français dans le pays.

 

Entre une étape en Allemagne pour promouvoir la fabrication française à la Hannover Messe, le salon de l'industrie 4.0, et une visite d'Etat en Australie où il accompagnait le Président de la République venu notamment émuler les acteurs français de l'industrie navale, l'ex-Ambassadeur de France à Canberra a profité de son escale dans le pays de Cervantés pour décrypter la réforme du dispositif public d'appui à l'internationalisation des entreprises, dont il est à l'origine. Une "révolution copernicienne" de l'export, qui passe en premier par une meilleure prise en charge dès la France des entreprises candidates à l'internationalisation, via une restructuration des missions, des outils et des acteurs dans les régions de l'Hexagone.

 

C'est maintenant ou jamais. Pour Christophe Lecourtier, "la conjoncture favorable que connaissent actuellement les entreprises françaises", qui disposent "de l'état d'esprit, mais aussi des moyens pour réfléchir à 2/3 ans" constitue un "impératif absolu pour le dispositif public". "Il faut réussir à faire grossir nos PME et les transformer en ETI", défend le Directeur général de Business France, "et cela ne peut se faire que par l'internationalisation ou l'innovation". De là l'indiscutable pression et l'exigence de résultats transférés depuis la fin de l'année dernière sur l'ensemble de la "team export", sous fond de déficit commercial record (62,3 milliards d'euros en 2017 contre 48,3 milliards d'euros en 2016 -le solde commercial de la France avec l’Espagne étant quant à lui excédentaire en 2017, en légère baisse, de l'ordre de 770 millions d'euros). Dévoilé en début d'année, le plan d'action de Christophe Lecourtier a reçu l'aval des trois ministres de tutelle dont dépend Business France, et notamment de Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. 

 

Nous devons prouver que chaque euro qui est mis dans la machine Business France permet d'en générer beaucoup plus pour les entreprises, mais aussi pour l'ensemble du pays


 
 
Un plan qui prévoit la création d'un guichet unique permettant de simplifier l'accompagnement des entreprises en dehors de la France, en canalisant et centralisant les ressources, mais aussi en développant des solutions sur mesure, avec une action menée "dans les territoires en France", à l'instar des actions déjà menées en Normandie, Hauts-de-France et PACA, les trois régions pilotes du projet. A l'étranger, dans 8 pays test (Singapour, Japon, Philippines, Hong-Kong, Russie, Norvège, Belgique et Espagne), les rapprochements entre les différents acteurs de l'export sont en outre prévus. "C'est une très belle époque que nous vivons, mais c'est aussi un moment très exigeant", estime Christophe Lecourtier. "Nous devons prouver que chaque euro qui est mis dans la machine Business France permet d'en générer beaucoup plus pour les entreprises, mais aussi pour l'ensemble du pays".
 
 
Le soleil ne tourne pas autour de la Terre et l'export ne se prépare pas une fois la frontière traversée : la "révolution copernicienne" voulue par Christophe Lecourtier fait valoir la nécessité de pourvoir les entreprises en ressources, en amont de leur décision d'internationalisation. "L'export impulsif et opportuniste a très peu de chances de réussir", tranche le successeur de Muriel Pénicaud. Qui continue :  "La bataille de l'export se joue d'abord en France, où nous allons regrouper sur une même plateforme l'ensemble des solutions privées et publiques qui existent pour s'embarquer dans l'aventure internationale". D'un dispositif "touffu, complexe et multiple", avec, c’est une particularité française diront certains, des acteurs en concurrence les uns avec les autres et des solutions éparpillées un peu partout, l'idée est donc de passer à un environnement simplifié. Et ce guichet unique existera donc d'abord sous la forme numérique, à partir de 2019. L'investissement prévu, qui incluera un CRM commun à tous les acteurs de la "team France", est proche des 10 millions d'euros. Les entreprises devraient pouvoir y renseigner leurs spécificités (taille, secteur, pays ciblé etc), afin d'y trouver centralisé, en fonction des données rentrées, les ressources et solutions existantes, adaptées à leur cas. Elles pourront en outre s'assurer un accompagnement personnalisé, avec référent, concernant par exemple les financements et les études de marché préalables. 

 

L’atout maître est d’allier la capilarité des CCI à l'expertise internationale de Business France


 
 
"On n'accompagne pas une société de la même manière selon le secteur sur lequel elle se positionne", explique Christophe Lecourtier. Or, depuis 10 ans déjà, en France et à l'étranger, Business France fonctionne sur ses 11.000 accompagnements annuels (770 en Espagne) de façon sectorielle : "Ce qu'il nous manquait, c'était de prolonger cet axe jusque dans les régions en France", répète l'intéressé. Sur les quelque 125.000 entreprises françaises exportatrices, elles sont 70.000 à réaliser plus de 100.000 euros hors de l'Hexagone, qui devraient en priorité bénéficier du rapprochement prévu entre Business France et le réseau des chambres de commerce et d'industrie en France. Concrètement, ce sont 50 personnes de la première structure, alliés à 400 employés de la seconde, tous experts de l'international et établis en France, qui vont désormais travailler main dans la main dans les territoires, avec des procédés, des outils et un CRM commun, et ce, on l'a vu, avec une approche sectorialisée. "L’atout maître est d’allier la capilarité des CCI à l'expertise internationale de Business France", résume Christophe Lecourtier. "Il faut, en assurant un porte à porte de masse dans les régions, donner envie à de nouvelles entreprises de se frotter à l'export, en apportant les clés et les outils appropriés", estime-t-il. La coopération historique de Business France avec BPI France, la Banque publique d'investissement, jouera enfin un rôle essentiel dans cette réforme, permettant d'allier "le carburant à la boussole". "La capacité des entreprises à se financer dans leur processus d'export est essentielle à leur réussite", rappelle le DG de Business France.