Directrice pour l'Espagne et le Portugal de l'organisme en charge de promouvoir les investissements vers la France et les exportations tricolores vers la péninsule Ibérique, Géraldine Filippi pourra se targuer de clore une année 2017 exceptionnelle. Le nombre d'accompagnements assuré par Business France, dans un sens comme dans l'autre, est en nette hausse. "On sent un véritable regain d'intérêt des entreprises françaises pour le marché espagnol", constate-t-elle.
"L'Espagne est une valeur sûre dont on ne peut pas se passer"
Business France est une entreprise à caractère industriel et commercial née en 2015 de la fusion d'Ubifrance et de l’Agence française pour les investissements internationaux (AFII), a quatre grandes missions : attirer les investissements vers la France, promouvoir l'attractivité et l’image économique de la France à l’international, développer l'export des entreprises françaises, gérer le dispositif de Volontariat International en entreprise. Quatre métiers qu'une grosse vingtaine de personnes, réparties entre Madrid et Barcelone et sous la direction de Géraldine Filippi, mettent en œuvre pour l'Espagne et le Portugal, "deux ambassades complètement investies dans leur mission économique". "L'Espagne est une valeur sûre dont on ne peut pas se passer", avance la directrice de Business France pour la péninsule Ibérique. "Tant en termes de débouchés pour nos entreprises que concernant les projets d'implantation vers la France, il y a peu de régions au monde qui soient en mesure d'apporter autant de volume, de façon aussi constante", estime-t-elle.
35 à 40 implantations qui génèrent entre 1.000 et 1.500 emplois qui sont chaque année comptabilisées dans l'Hexagone
"Entre 2008, avant la crise, et 2017, nous avons vu le nombre d'entreprises espagnoles qui s'implantaient en France et créaient des emplois croître de 68%", se réjouit Géraldine Filippi. Car même si l'Espagne reste loin derrière certains pays comme l'Allemagne ou les Etats-Unis, voire même l'Italie, au profil pourtant proche, ce sont tout de même 35 à 40 implantations qui génèrent entre 1.000 et 1.500 emplois qui sont chaque année comptabilisées dans l'Hexagone, en provenance des terres de Cervantés. Elles devraient dépasser la barre des 50 cette année. Des projets principalement originaires de Catalogne (en baisse), de Madrid (en hausse) et du Pays Basque (en hausse aussi). Et de rappeler : "La France est le pays européen le plus attractif en termes d'industrie manufacturière. Cela va à l'encontre de tous les clichés". "Notre travail consiste à convaincre des entreprises qui ont décidé d'investir en Europe, de le faire en France, et pas ailleurs", décrypte encore l'intéressée. Dans les projets horizontaux, à l'instar des centres logistiques ou des centres de services partagés, "la France est bonne : les écarts de salaires ne sont pas toujours significatifs, les personnels hyper formés", souligne Géraldine Filippi. "Le choix de la France est souvent idoine pour rayonner dans le reste de l'Europe", appuie-t-elle.
L'Espagne constitue désormais la 5e destination des V.I.E.
Dans un contexte où le Brexit conditionne nombreuses stratégies d'expansion entrepreneuriale en Europe, Business France voit en cette année 2017 les sollicitudes qui lui sont dirigées se multiplier. "Nous avons accompagné 460 entreprises à l’export en 2016", explique la directrice, "et nous sentons un véritable regain d'intérêt des entreprises françaises pour le marché Ibérique". Dans ce domaine, l'action de Business France est structurée par 4 grands pôles prioritaires : industrie clean tech (automobile, nucléaire, transport, énergie...), l'agroalimentaire ("extrêmement développé avec l'Espagne -mais on peut faire plus encore"), les technologies et services (avec le fameux Mobile World Congress à Barcelone, mais aussi le Web Summit qui devrait se tenir cette année encore à Lisbonne -"ça va être énormissime") et enfin l'art de vivre et la santé. "Nous accompagnons les entreprises en faisant du sur-mesure", expose Géraldine Filippi, "cela peut d'aller à l'étude de marché aux recommandations culturelles, en passant par la présentation de donneurs d'ordre ou la mise en place de rdv BtoB". "L'idée est de les accompagner tout au long de leur process, jusqu'à la rencontre du client. C'est d'ailleurs souvent là qu'apparaît le besoin en VIE, qui peut être coaché par nos équipes". Car c'est un autre axe prioritaire de l'action de Business France dans le pays. Longtemps négligée du fait de son coût, la formule a connu un véritable essor ces dernières années, avec une fiscalité allégée. Avec quelque 450 volontaires sur la Péninsule, l'Espagne constitue désormais en la matière, la 5e destination de prédilection.
"La France est un des pays au monde qui a la meilleure capacité à anticiper les tendances"
Tandis que Business France devrait définir à l'automne les grands axes stratégiques de son action pour les 3 années à venir, Géraldine Filippi pose un double constat : "La France est un des pays au monde qui a la meilleure capacité à anticiper les tendances et se trouve chaque année dans le top 5 des pays récipiendaires de projets d'investissements". Et de continuer : "On est franchement bons, mais on ne le sait pas toujours nous-mêmes, ou on ne le met pas forcément en avant". Et de s'agacer d'un certain french-bashing auquel nos compatriotes affectionnent parfois s'adonner à l'étranger : "Les Français ont tendance à voir le verre à moitié vide, tandis que les Espagnols tendent à le voir à moitié plein. Lorsque l'on dévalorise la France, le message qui est reçu par les étrangers est parfois déformé". Pour la créatrice de l'événement Oui Innov, "il s'agit de rendre à la France l'image qu'elle devrait avoir aujourd'hui, faire tomber les idées reçues". Mettant en scène le scène le dynamisme de l'Innovation tout en permettant de générer des relations et de renforcer des réseaux de soutien, la manifestation, coorganisée par les agences French Tech et Business France, devrait voir une troisième édition en 2018. Digital Sisters, rendez-vous bi-annuel des pépites françaises de la Tech et des décideurs espagnols et portugais, aura quant à lui lieu à Lisbonne, Barcelone et Madrid dès ce mois de novembre, sur la thématique de l'innovation.
"Nous devons nous coordonner pour faire jouer nos forces et donner une meilleure visibilité de notre action au client final"
"Business France doit travailler avec tous les acteurs français : thinks tanks, partenaires privés, chambres de commerce, associations d'entreprises, services de l'ambassade, du culturel à l'économique : tous nous devons nous coordonner pour faire jouer nos forces et donner une meilleure visibilité de notre action au client final. Si l'on place ce client au cœur du dispositif, alors nous créons une chaine de valeur ajoutée", défend Géraldine Filippi. "Idéalement, tous les Français expatriés devraient se sentir mandatés d'une mission au service du rayonnement de notre pays", sourit-elle. "Moi j'en suis concaincue, je vis viscéralement ma propre mission".