Vacances j'oublie tout… Pas sûr, lorsque l'on apprend que 59% des travailleurs déclarent ne pas pouvoir se déconnecter pendant leurs vacances. Et 2 travailleurs sur 3 ne se déconnectent pas non plus à la fin de leur journée de travail. La déconnexion numérique est devenue un luxe pour une grande majorité de cadres.
Avec la généralisation du télétravail et une culture forte du présentéisme en Espagne, les travailleurs ont du mal à déconnecter. La plupart répond aux appels ou aux mails en dehors des heures de travail ou pendant les vacances. L’enfer digital est décidément pavé de bonnes intentions. La déconnexion numérique est pourtant un droit réglementé en Espagne par la loi organique 3/2018 et consolidé par la loi 10/2021. Plus précisément, l'article 88 stipule que les travailleurs et les employés publics ont le droit à la déconnexion numérique afin de garantir leur temps de repos, leurs congés et leurs vacances, ainsi que leur vie privée et familiale. À l'ère de l'hyperconnectivité, la frontière entre vie privée et vie professionnelle est en effet de plus en plus floue. C'est pourquoi ce droit est devenu plus pertinent que jamais pour les travailleurs. Mais comment cette déconnexion se matérialise-t-elle et quelle est son efficacité ?
Deconnexion numérique: Rester en alerte 'au cas où'
Le dernier rapport sur la déconnexion numérique d'InfoJobs, la principale plateforme d'emploi en Espagne, offre un aperçu détaillé du degré de déconnexion du travail atteint par les travailleurs, en mettant en lumière les habitudes et les défis auxquels ils sont confrontés lorsqu'ils tentent de profiter d'une pause ininterrompue. À cet égard, 2 travailleurs sur 3 ne se déconnectent pas complètement du travail lorsque leur journée de travail est terminée. Parmi les personnes citées, 1 sur 3 attribue cette situation aux tâches en suspens qui occupent une partie de leurs pensées, tandis que 16% déclarent être toujours en alerte au cas où il faudrait résoudre quelque chose (mais si ce n'est pas immédiat, ils s'en occupent le lendemain), et seulement 7% déclarent être toujours "en stand by" même s'il n'y a rien d'urgent.
Les plus jeunes, pourtant natifs du numérique, sont justement les plus soucieux de préserver leur espace personnel
Plus de responsabilités, moins de déconnexion
Selon le poste occupé, la déconnexion numérique devient un luxe inaccessible pour la plupart des cadres moyens (64% ne se déconnectent pas du tout) et pour 3 cadres supérieurs sur 4 (74%), pris au piège d'une dynamique d'attention constante aux exigences du travail. Les employés et/ou les spécialistes sont ceux qui réussissent le mieux à se déconnecter, quoique… Seulement la moitié (49%) déclare ne pas faire attention à leur travail pendant leur temps libre.
Légère hausse de la déconnexion numérique
Toutefois, selon les données du rapport, les travailleurs sont de plus en plus conscients de l'importance de la déconnexion numérique. Mais il y a encore une proportion importante de personnes qui répondent aux appels, aux messages ou aux courriels. 71% des travailleurs espagnols déclarent ne pas se déconnecter du travail en dehors des heures de travail. Ce chiffre reste inchangé par rapport à 2023 (avec une légère baisse d'un point de pourcentage, lorsque 72% étaient enregistrés). Cependant, la tendance à la baisse se poursuit, en particulier par rapport aux années précédentes : une différence de 4 points de pourcentage par rapport à 2022 (75%) ; et surtout de 11 points par rapport à 2021 (82%). Cela corrobore l'amélioration progressive qui se produit dans ce domaine. Le pourcentage de personnes qui ne se déconnectent pas complètement du travail se répartit entre 43% qui le font de temps en temps et 28% qui se connectent chaque fois que c'est nécessaire.
Les travailleurs sont toutefois de plus en plus conscients de l'importance de la déconnexion numérique
En ce qui concerne les données relatives à la déconnexion numérique pendant les vacances, 59% des travailleurs déclarent ne pas se connecter au boulot pendant leur période de repos, un pourcentage qui est également inférieur à celui des années précédentes. Par rapport à 2023 (62%), il y a une augmentation de 3 points de pourcentage, tandis que la différence en 2022 (64%) et 2021 (74%) est de 5 et 15 points de pourcentage, respectivement.
Qui se déconnecte le moins?
En général, les hommes se déconnectent moins que les femmes pendant la période des vacances. Un homme sur quatre répond aux appels, aux messages ou aux courriels lorsque c'est nécessaire, alors que ce pourcentage tombe à 19% chez les femmes. Toutefois, en ce qui concerne les connexions sporadiques, les résultats sont assez similaires (37% des hommes contre 38% des femmes). Si l'on analyse les données relatives à la déconnexion à la fin de la journée de travail, les hommes sont toujours les moins enclins à se déconnecter (73% ; 29% le font si nécessaire et 44% parfois), par rapport aux femmes (69% ; 27% le font si nécessaire et 42% parfois).
En ce qui concerne l'âge, les jeunes travailleurs (âgés de 16 à 24 ans) sont ceux qui se déconnectent le plus facilement, à la fois en dehors des heures de travail (80%) que pendant les vacances (69%). Ce résultat peut s'expliquer par le fait qu'il s'agit du groupe d'âge le plus soucieux de préserver son espace personnel et que, bien qu'ils soient des natifs du numérique, ils recherchent un mode de vie plus sain par rapport au travail.
Un sentiment d'obligation, principale raison de la non-déconnexion
S'agissant des raisons invoquées par les salariés pour répondre aux courriels et aux appels en dehors des heures de travail ou pendant les périodes de vacances, le sentiment d'obligation est à nouveau la principale raison de ne pas se déconnecter du travail. Ce motif a toutefois diminué de 6 points de pourcentage par rapport à 2023 et s'élève désormais à 42%. Viennent ensuite la pression professionnelle comme obstacle à la non-déconnexion, avec 33% (contre 35% en 2023), et l'achèvement d'une tâche inachevée, avec 22% (contre 24% en 2023).