Le Lycée français international Molière, dans l'ouest de Madrid, continue sous la houlette de son duo de direction, composé du proviseur Jean Christophe Orain et de la directrice du Primaire Alix Martelly, à innover. L'évolution de l'établissement passe par une place centrale accordée aux langues, notamment l'anglais, mais aussi un modèle promouvant l'inclusion et l'ouverture. La "famille Molière" était de fait appelée à se regrouper début octobre, au cours d'une journée où les institutions françaises ont visité l'établissement, et où des moments de rencontre ont été prévus avec les parents d'élèves, à l'instar de l'échange avec le député Stéphane Vojetta ou du désormais traditionnel marché bio, en fin d'après-midi. En parallèle, le label Eco-école a officiellement été renouvelé pour 3 ans.
lepetitjournal.com : Que représente le renouvellement du label Eco-école pour l'établissement ?
Jean Christophe Orain : Cette reconnaissance décernée par l'ADEAC (Asociación de Educación Ambiental y del Consumidor) est le fruit d'un travail d'équipe qui implique la famille Molière au sens large, des associations de parents d'élèves aux enseignants, en passant bien sûr par les élèves, dans des projets transversaux et sous une vision commune de ce que nous souhaitons léguer aux générations futures. Hisser ce drapeau vert dans la cour de l'école, au côté des drapeaux français, espagnol et européen, constitue évidemment une grande fierté. Il nous oblige à devenir des acteurs du changement, mais participe aussi à forger l'identité du Lycée Molière, et à renforcer son rôle d'école de proximité. A cet égard l'organisation du marché bio constitue une façon de faire rentrer les parents d'élève, mais aussi les riverains dans l'établissement.
La journée a aussi constitué l'occasion d'accueillir le député et les représentants de l'Ambassade de France en Espagne.
Oui, il y a eu un temps de visite de l'établissement avec le député Stéphane Vojetta, suivi d'un Café rencontre avec les parents, que nous tenons désormais le premier vendredi de chaque mois. Nous avons aussi accueillis le Ministre-Conseiller, Aymeric Chuzeville, ou encore Vincent Perrot, Conseiller culturel adjoint. Pouvoir regrouper notre communauté de cette façon permet un moment d'échange unique, mais s'avère aussi essentiel pour transmettre nos enjeux et coordonner nos actions. Concrètement, il a déjà été décidé d'organiser un événement qui permettrait de mieux faire connaître, sur l'ouest madrilène, les options d'enseignement intégrant la langue française. L'initiative, promue par l'association FLAM (Français LAngue Maternelle) "La France Ô Si !", devrait permettre de regrouper les IES proposant le BachiBac et ceux visés par l'AEFE, dont le Lycée Molière, et devrait se concrétiser début 2023.
Dans un contexte ultra-compétitif, quels sont les spécificités de l'établissement que vous mettez en avant ?
Elles sont nombreuses et découlent de notre longue histoire dans la capitale (50 ans l'an prochain!), des particularités de l'enseignement français et des valeurs défendues par le réseau de la Mission Laïque Française (MLF), à laquelle nous appartenons. Je citerais cependant deux axes de développement forts sur lesquels nous avons particulièrement mis l'accent et qui rendent notre offre pédagogique unique. A commencer par la place de l'anglais dans notre enseignement : en accord avec la devise de la MLF "Deux cultures, trois langues", nous sommes conscients de la nécessité d'aller au-delà de la transmission évidente du français et de l'espagnol, et de répondre à l'inquiétude des parents concernant l'apprentissage de la langue de Shakespeare. C'est pourquoi par exemple nous assurons des enseignements en anglais dès la Maternelle, ce qui est assez unique dans le réseau, ou que nous offrons, depuis cette année, des activités extra-scolaires dans cette même langue. En règle générale, nous sommes en train de muscler le dispositif, pour pouvoir assurer l'ouverture d'une section européenne très prochainement, puis dans la foulée proposer la préparation au Bac Français International (BFI). Cette modalité devrait permettre de certifier la majorité des élèves d'un niveau B2 dès la Troisième, et C1 en Terminale.
Nous assurons des enseignements en anglais dès la Maternelle
Quid du second axe de développement ?
Nous sommes convaincus, Alix Martelly et moi-même, de l'importance du bien-être de l’enfant au sein du système scolaire, pour son épanouissement et sa construction en tant que citoyen. Au-delà de la transmission des savoirs, le corps pédagogique doit être capable d'assurer la transmission de "compétences de vie", mais il doit aussi être en mesure de s'adapter aux spécificités de chaque enfant. Je crois que l'on peut dire que nous sommes l'établissement de l'inclusion, parce que cela fait partie de notre ADN, parce qu'on le voit au quotidien dans la proximité que nous avons avec nos élèves, mais aussi et surtout parce que nous nous donnons les moyens de nous occuper de chaque enfant. De l'élève à haut potentiel à l'enfant confrontés à certains troubles de l'apprentissage, comme les troubles "Dys", nous sommes en mesure de mettre en place un processus de suivi spécifique, du fait notamment du travail de notre référente inclusion, en contact direct avec les familles et avec toute une équipe de thérapeutes qui intervient sur place. Il s'agit d'un dispositif solide, qui fait ses preuves et qui nous distingue particulièrement par rapport à ce qui peut être fait dans d'autres systèmes scolaires.