C’est un fait. L’Espagne grisonne, et certaines villes ont déjà un pied dans ce futur démographique. À Ferrol, Salamanque ou Gijón, plus d’un quart des habitants ont dépassé les 65 ans. D’après un classement établi par Holidu à partir des dernières données de l’INE (avril 2025), dix communes franchissent ce seuil symbolique. Urbanisme, santé, lien social… Le vieillissement accéléré oblige les municipalités à repenser le quotidien. Car l’enjeu est de taille : faire des villes espagnoles des lieux où l’on vieillit debout, et non assis sur un banc à l’écart.


Top 10 des villes espagnoles où la part des +65 ans est la plus élevée
(Source : Holidu, à partir des données de l’INE – avril 2025)
Ville | Population totale | Part des +65 ans (%) | Nombre de +65 ans |
---|---|---|---|
Ferrol | 64 218 | 29,67 % | 19 053 |
Salamanque | 144 458 | 28,92 % | 41 777 |
León | 122 866 | 28,59 % | 35 127 |
Getxo | 75 981 | 28,28 % | 21 487 |
Zamora | 59 553 | 28,15 % | 16 764 |
Gijón | 266 656 | 27,94 % | 74 476 |
Valladolid | 299 816 | 27,90 % | 83 682 |
Basauri | 40 388 | 27,89 % | 11 270 |
Avilés | 75 351 | 27,79 % | 20 930 |
Torrelavega | 50 113 | 27,59 % | 13 826 |
Ferrol, la ville la plus âgée d’Espagne
À Ferrol, un habitant sur trois a déjà soufflé ses 65 bougies. Avec 29,67 % de seniors, la vieille dame de Galice caracole en tête du palmarès du vieillissement urbain. Autrefois fleuron de la construction navale, la cité portuaire se cherche un nouveau cap.
Elle mise désormais sur le développement de logements accessibles, de services de santé adaptés et d’activités pour les personnes âgées. Ferrol vieillit, oui, mais avec panache !
Dans les cartons : faire de la ville une « amie des aînés », un modèle urbain qui prend en compte les besoins spécifiques des seniors dans la planification des infrastructures. Adapter la voirie, réinventer les services, multiplier les activités pour rompre l’isolement… Autant de mesures qui incitent à vieillir sans se retrancher.
Le vieillissement de la population en Espagne atteint un nouveau record
Salamanque et León réinventent la ville pour les aînés
Juste derrière Ferrol, deux villes du nord-ouest s’illustrent dans le classement. Salamanque (2e, avec 28,92 % de seniors) et León (3e, 28,59 %) abordent la transition grise en capitalisant sur leurs forces : patrimoine pour l’une, innovation pour l’autre.

À Salamanque, cité-musée par excellence, il faut composer avec deux urgences : préserver un patrimoine classé et inventer des politiques sociales tournées vers les personnes âgées. Entre les arches dorées et les cours universitaires, on déploie ainsi des programmes intergénérationnels, on déverrouille les trottoirs, on repense les places publiques. Salamanque veut accueillir sans exclure, et parie sur un tourisme qui marche au pas des cannes comme des poussettes.
Un peu plus au nord, León cultive la même ambition, en version connectée. Ici, 28,59 % de seniors, et des logements où la domotique joue les auxiliaires de vie. Volets qui s’ouvrent seuls, alarmes silencieuses, capteurs discrets… la technologie glisse ses circuits dans le quotidien, sans faire de bruit. L’idée ? Allier la brique et le numérique, l’église romane et le wifi, pour que la ville reste vivable, quel que soit l’âge.
Les seniors en Espagne représentent 20% de la population en âge de travailler
Au nord de l’Espagne, le grand âge pousse les murs
Les villes classées 4e à 9e confirment une tendance claire : le vieillissement s’accélère dans le nord de la péninsule. Getxo (28,28 %), Zamora (28,15 %), Gijón (27,94 %) et Avilés (27,79 %) forment une diagonale grisonnante sur la carte espagnole.
Et chaque ville apporte sa réponse, avec plus ou moins de moyens, mais une urgence commune. À Gijón, des initiatives innovantes voient le jour pour renforcer la participation sociale des aînés dans les espaces culturels et naturels.
À Zamora, la réponse est plus intime : centres de jour, entraide, bénévolat. Le lien humain comme remède à la solitude.
À Getxo, ville côtière, l’environnement naturel aide — mais ne suffit plus. Il faut aller plus loin : repenser les transports, les accès aux commerces, les rythmes de vie.
À Avilés, enfin, l’enjeu est autant écologique que social. La ville combine durabilité et inclusion, pour que vieillesse ne rime pas avec relégation.
Vivre vieux, vivre mieux
La 10e place du classement revient à Torrelavega (27,59 %), mais elle partage son podium avec Basauri (27,89 %) et Valladolid (27,90 %), juste au-dessus. Des villes qui cherchent moins à freiner le vieillissement qu’à l’accompagner.
À Valladolid, on pense « ville intelligente », certes, sans oublier les cœurs qui battent derrière les façades. Des réseaux de voisinage renforcés, des quartiers conçus pour ceux qui marchent moins vite, qui voient moins bien, mais qui veulent vivre pleinement le troisième âge. À Basauri et Torrelavega, on “muscle” le vieillissement en ouvrant les gymnases, en animant les places, en retissant les liens.
Car les chiffres ne mentent pas : en Espagne, les bougies s’accumulent plus vite que les naissances, et les villes doivent suivre le tempo. Le vieillissement n’est plus une promesse abstraite pour 2050, c’est une réalité qui frappe à la porte des mairies, des hôpitaux, des trottoirs trop hauts. Il y a urgence à penser autrement. Moins vite, peut-être. Mais mieux.
Pour que vieillir reste un droit, et jamais un naufrage.
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