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Tu es Madrilène… si tu utilises ces expressions

À quoi reconnaît-on un vrai Madrilène ? À sa langue, pardi ! Parce que le cheli (l’argot de Madrid) est mieux qu’un passeport, c’est une signature. L’humour, la créativité, et ce grain de folie qui donne à la capitale son charme unique… Tout est question de vocabulaire. Alors, à vos cahiers, révisons ensemble !

Un groupe de personnes portant les costumes traditionnels madrilènes, posant dans une rue de la villeUn groupe de personnes portant les costumes traditionnels madrilènes, posant dans une rue de la ville
Photo : Ayuntamiento de Madrid
Écrit par Paul Pierroux-Taranto
Publié le 12 janvier 2025, mis à jour le 13 janvier 2025

 

Mazo

Si vous passez par Madrid et entendez quelqu'un dire "Me gusta mazo", ne paniquez pas : il ne s'agit pas d'une déclaration d'amour pour un marteau, mais bien d'une manière typiquement madrilène de dire "J'adore". Car oui, "mazo" est l'expression-chouchou des jeunes de la capitale pour intensifier tout, à tort et à travers.

Muy cansado ? Non, mazo cansado. L'idée est simple : "mazo" signifie "beaucoup", "très", et surtout "tellement, mais TELLEMENT !". Une manière efficace d'appuyer ses émotions sans s'embarrasser de trop de mots. Le secret de son succès ? Peut-être son origine. "Mazo", qui désigne un marteau ou un maillet, évoque quelque chose de massif, d'imposant. À Madrid, l'argot s'est approprié cette idée pour en faire l’arme de l'exagération joyeuse.

 

Tu sais que tu es Madrilène quand...

 

Dabuten

Vous cherchez un mot pour dire que tout roule, que c'est génial, ou que vous êtes en pleine forme ? À Madrid, c’est dabuten. Cette expression, avec ses variantes debuti ou debuten, est le sésame des conversations décontractées pour signifier que tout est parfait. Exemple.
On vous demande : "¿Qué tal te fue ayer?" Vous répondez avec le sourire : "¡Dabuten!" Et voilà, en un mot, vous venez de dire que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais d'où vient cette expression ? On suppose qu'elle dérive de "de buten", influencée par l'allemand "gut" ou "buten", signifiant "bien" ou "bon". Alors, votre journée ? ¡Dabuten!

 

 

Pirarse

Quand il est temps de plier bagage, les Madrilènes ne disent pas simplement "adiós". Ils emploient un verbe : "pirarse". Synonyme de "partir" ou "se tirer", cette expression familière est un indispensable du registre informel pour signifier que l’on s’en va, parfois sur un coup de tête. Exemple :

  • "Me piro, nos vemos mañana."
    Traduction : "Je m’en vais, on se voit demain." 

L’origine du terme pirarse remonterait au mot pirar, qui signifiait jadis "fuir" ou "s’évader". Une étymologie qui colle parfaitement à l’idée d’un départ rapide, souvent impulsif. Que ce soit pour quitter une soirée ou simplement pour échapper à une réunion trop longue, glissez un "me piro", et vous aurez l’air d’un vrai local.

 

Me renta

Cette expression familière, adorée des jeunes, signifie qu’une situation "en vaut la peine". C'est l'approbation madrilène, version décontractée. Exemple :

  • "¿Vamos al cine esta noche?" - "Sí, me renta." (Traduction : "On va au cinéma ce soir ?" - "Oui, ça me va.")

Ou encore :

  • "Me renta estudiar ahora para tener más tiempo libre mañana." (Traduction : "Ça vaut le coup d’étudier maintenant pour avoir plus de temps libre demain.")

Dans son sens littéral, le verbe rentar signifie "rapporter" ou "générer un bénéfice". Ici, la métaphore est claire : une activité ou une décision est vue comme un investissement qui en vaut la peine. C’est une manière simple de dire que quelque chose "rapporte" sur le plan pratique ou émotionnel. Avec cette expression, tout devient une question de ROI (retour sur investissement)… mais sans se prendre la tête.

 

Tronco/a

À Madrid, quand on vous appelle "tronco" (ou "tronca" pour les femmes), ne vous offusquez pas : ce n’est ni une insulte ni une référence à un arbre. C’est une manière amicale et familière de dire "mec" ou "pote".  Par exemple :

  • "¿Qué pasa, tronco? ¿Cómo estás?" (Traduction : "Quoi de neuf, mec ? Comment ça va ?")
  • "Tronca, no te olvides de llamarme luego." (Traduction : "Hé, ma pote, n'oublie pas de m'appeler plus tard.")

Comme interjection, elle exprime aussi une forme d'exclamation :

  • "¡Tronco, qué pasada de coche!" (Traduction : "Mec, quelle voiture incroyable !")

Quant à l’origine de l’expression, elle reste floue. Certains y voient une référence à la solidité et à la fiabilité d’un tronc d’arbre, une image pour décrire un ami robuste et sur qui on peut compter. Mais l’essentiel, c’est son caractère universel à Madrid : "tronco" est le mot qui brise la glace, qui fait sourire et qui respire la camaraderie.

 

En cero coma

Cette expression familière, star de l’argot madrilène, signifie agir avec une rapidité fulgurante, presque instantanée. Exemple : 

  • "Voy a preparar la cena en cero coma." (Traduction : "Je vais préparer le dîner tout de suite.")

Ou encore :

  • "No te preocupes, estoy ahí en cero coma." (Traduction : "Ne t'inquiète pas, j'arrive tout de suite.")

L’origine de cette tournure repose sur l’idée d’un laps de temps minuscule, proche de zéro. Le mot "coma" ("virgule" en français) évoque la décimale, renforçant cette image d’un délai si court qu’il est à peine mesurable. Bref, quand ça presse, pensez en cero coma !

 

Movida

Ah, movida ! En Espagne, ce petit mot caméléon peut tout dire, ou presque. Un problème épineux ? Une embrouille entre amis ? Une soirée mémorable ou un joyeux chaos ? "Movida" est l’expression parfaite pour capturer l’intensité, qu’elle soit négative ou positive. Exemple : 

  • "Vaya movida he tenido con mi amigo." (Traduction : "Quelle embrouille j’ai eue avec mon ami.")

Ou encore :

  • "Esto de arreglar el coche es una movida." (Traduction : "Cette histoire de réparer la voiture, c'est galère.")

Mais movida ne se limite pas aux galères. Dans un contexte festif, elle devient synonyme d’un événement marquant :

  • "Anoche hubo una movida en el bar." (Traduction : "Hier soir, il y a eu une sacrée ambiance au bar.")

Le mot a gagné ses lettres de noblesse dans les années 1980 avec la célèbre Movida madrileña, ce mouvement culturel qui a propulsé Madrid au cœur d’une explosion artistique et sociale. Aujourd’hui, il reste un incontournable du langage informel. Que vous soyez coincé dans une situation compliquée ou que vous dansiez au milieu d’une soirée déchaînée, ce mot exprime à merveille l’énergie débridée, mais toujours authentique, de la vie madrilène.

 

La Movida, c'était quoi?

 

Teki

À Madrid, pour prendre un taxi, on dit : "pillar un teki". Exemple :

  • "¿Cómo volvemos a casa?" - "Pillamos un teki." (Traduction : "Comment on rentre à la maison ?" - "On prend un taxi.")

Attention toutefois, ce mot est à garder pour vos amis et non pour les chauffeurs eux-mêmes. Essayer un "Hola, ¿teki disponible?" risque de provoquer des regards perplexes, voire froissés. Alors, si vous voulez parler comme un local, pillar un teki est une excellente entrée en matière. Mais en cas de doute, jouez la sécurité avec un simple "taxi". Car, comme le disent les Madrilènes, mieux vaut éviter de transformer un simple trajet en movida.

 

Pillarse un moco

Dans l’argot espagnol, "pillarse un moco" est une façon colorée et humoristique de dire "se soûler" ou "se mettre une cuite". Littéralement traduite par "se choper une morve", l’expression joue sur cette idée : tout comme la morve, l’alcool peut parfois "coller" un peu trop fort à vos soirées. Exemples :

  • "Anoche me pillé un moco increíble en la fiesta." (Traduction : "Hier soir, je me suis mis une sacrée cuite à la fête.")
  • "No bebas tanto que te vas a pillar un moco." (Traduction : "Ne bois pas autant, tu vas te prendre une cuite.")

Et si "moco" ne sied pas à votre vocabulaire, d’autres expressions comme "cogerse un pedo" ("se prendre une caisse") ou "cogerse un ciego" ("se mettre minable") offrent des variantes tout aussi imagées pour qualifier une soirée bien arrosée. La preuve que l’Espagne excelle dans l’art d’enjoliver même ses excès.

 

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