La semaine dernière dans le cadre de la Journée internationale des femmes, l'association d'amitié hispano-française Mujeres Avenir a remis son Prix annuel à une représentante du féminisme d'Amérique latine.
a cérémonie s'est déroulée au sein de l'Ecole diplomatique, face à un auditoire comble et en présence de la Secrétaire d'Etat espagnole à l'Egalité, Soledad Murillo de la Vega, qui a remis le trophée à la lauréate. La consécration de María Marcela Lagarde a été précédée par une conférence intitulée "La femme et l'éducation universitaire", qui a rassemblé quatre présidentes d'universités autour de la question, en cohérence avec le thème fixé en 2019 par ONU pour la Journée des femmes : "Penser équitablement, bâtir intelligemment, innover pour le changement".
Avec cette cérémonie, Mujeres Avenir a en fait concentré en un seul événement trois opérations qui constituent un fil rouge de son action et marquent, au fil des ans, de leur empreinte l'ADN de l'association. A commencer par sa capacité à regrouper un auditoire toujours aussi impressionant, autour d'expertes internationales et de thématiques variées, qui permettent à chaque fois de mettre en relief des parcours féminins de haut vol. Cette fois-ci, les débats ont été l'occasion pour les intervenantes de réclamer une plus grande mixité de genre dans la direction et la présidence des universités. María Concepción Burgos García, à la tête de la l'université UDIMA de Madrid, a ainsi défendu : "Chaque année les femmes diplômées universitaires sont plus nombreuses que les hommes, comme c'est le cas pour l'obtention des Masters, mais les institutions maintiennent un plafond de verre qui nous empêche d'atteindre les postes de direction" Et d'ajouter : "En Espagne, seulement 12% des élèves inscrits dans les filières scientifiques sont des femmes". Ce même constat est partagé pour la France, comme a pu le rappeler Annick Allaigre, présidente de l'université Paris 8 Vincennes Saint-Denis. "L'accès à l'enseignement supérieur en France n'est pas ouvert aux femmes", a-t-elle déclaré, "tant pour entrer dans l'université que pour y faire progresser sa carrière professionnelle". Les interventions de Natalia Gasitoi, vice-présidente de l'université publique Alecu Russo, en Moldavie, et de Jane Delano, rectrice de l'université de Querétaro, au Méxique, ont afflué dans le même sens, en s'appuyant sur la réalité de leurs pays respectifs.
L'an dernier à la même date, Mujeres Avenir réunissait autour de sa présidente Maria Luisa de Contes la presque totalité des ambassadrices accréditées à Madrid, qui s'étaient exprimées sur l'univers diplomatique et n'avaient pas manqué d'évoquer elles aussi le plafond de verre qui, comme dans le secteur universitaire et bien d'autres corps de métiers, constitue une certaine réalité des ambassades. Surtout, cette journée, "Première conférence internationale femme et diplomatie", avait connu un tel succès qu'en 2019, au sein de l'Ecole diplomatique de Madrid, les débats n'ont pas manqué de s'inscrire sous ce même slogan. L'organisation de cette "Seconde conférence internationale femme et diplomatie" correspond au souci de Mujeres Avenir de fédérer un mouvement féministe d'élite, en s'appuyant notamment sur les forces vives des représentations étrangères dans le pays, et l'accès au plus haut niveau décisionaires qu'elles facilitent, mais aussi en s'inspirant des modèles développés au sein de la francophonie, de l'hispanité, et au-delà, pour défendre une même cause. En présence d'Yves Saint-Geours, Ambassadeur de France en Espagne, les débats ont regroupé cette fois-ci encore une vingtaine d'ambassadrices accréditées dans la capitale, démontrant la fidélité que l'association sait générer autour de ses initiatives. "Le défi actuel du féminisme est celui de la globalisation : nous devons, toutes les femmes du monde, chacun avec nos différents problèmes, être unies" a expliqué Maria Luisa de Contes. Dans une tribune publiée dans la revue diplomatique Siglo XXI, partenaire de la conférence, la présidente de Mujeres Avenir soulignait encore : "Près de la moitié des femmes dans le monde n'ont pas de revenus propres et celles qui ont des études universitaires gagnent en moyenne 30% moins que leurs homologues masculins".
C'est la Secrétaire d'Etat espagnole à l'Egalité, Soledad Murillo de la Vega, qui s'est chargée de remettre le Prix Mujeres Avenir, qui permet depuis 4 ans à l'association d'incarner ses valeurs dans l'action d'une femme et tend à ouvrir, au-delà des réalités européennes, le combat féministe à l'échelle mondiale. Remise alternativement à une représentante des mondes francophones et hispaniques, cette année c'est à l'une des principales féministes d'Amérique latine, la Mexicaine Maria Marcela Lagarde, que la récompense était destinée, pour son labeur de promotion des droits de la femme. Présidente de l'Université Nacional Autonomá au Mexique, ex-députée, cette anthropologue et chercheuse est auteure de nombreux articles et publications sur l'égalité de genre, le féminisme, le pouvoir et l'autonomie des femmes, ce qui en fait une véritable référence en la matière. "Il y a dans mon pays une violence énorme, et une culture très machiste et mysogine, ainsi qu'une grande inégalité de genre", a évoqué la lauréate.
"Pour changer le monde, il faut être préparée, et pour cela il faut passer par le monde universitaire", estime la présidente de Mujeres Avenir. "L'université, l'éducation et l'inclusion sont essentielles pour les femmes".