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Mujeres Avenir: 1ère conférence internationale "femme et diplomatie"

mujeres avenir madridmujeres avenir madrid
Julia Robles
Écrit par Vincent GARNIER
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 13 mars 2018

Pour que se tienne la première conférence internationale "femme et diplomatie" et que soit effective la remise du 3e Prix Mujeres Avenir, décerné jeudi 8 mars à Madrid à la Sénégalaise Julie Cissé des mains de l'Ambassadeur de France en Espagne Yves Saint Geours, il aura fallu le concours d'une bonne dose d'énergie, de foi, d'amitié, de fraternité et d'enthousiasme coordonnés par la Présidente de l'association Mujeres Avenir, avec la participation de la multitude de soutiens que l'organisme engrange chaque jour un peu plus. "Les femmes, une fois qu'elles veulent quelque chose, si elles sont ensemble elles l'obtiendront", a au cours de la cérémonie résumé la lauréate, évoquant les difficultés rencontrées par l'association à l'heure d'obtenir son visa, et la mobilisation autour de Mujeres Avenir qui s'en est suivie. 

Les 450 personnes ayant confirmé leur participation à l'événement, qui a vu les salons du Club financiero Genova litéralement envahis par l'assistance répartie en trois salles distinctes pour suivre les débats préalables, constituent peut être l'élément le plus tangible pour mesurer le dynamisme qui entoure l'association. D'autant que, une fois n'est pas coutume, et la capacité à surmonter l'adversité preuve de l'implication des diverses personnalités appelées à intervenir au cours de la cérémonie, l'événement s'est déroulé selon un protocole un tant soit peu chaotique, à cause de... la Journée de la femme et de l'énorme succès de la manifestation féministe convoquée pour l'occasion, qui a bloqué la circulation pendant de nombreuses heures dans le centre de la capitale. 

 

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Photo Julia Robles

 

Tandis que les sommités invitées se présentaient au compte-goute, la concentration du corps diplomatique au sein de la foule allait croissant. Dix-neuf ambassadrices (sur les 21 accréditées à Madrid) étaient présentes, quatre d'entre elles à la tribune : Taous Feroukhi, Ambassadrice d'Algérie en Espagne, Koula Sophianou, Ambassadrice de Chypre en Espagne, Doris Osterlof Obregón, Ambassadrice du Costa Rica en Espagne et Eniko Gyiori, Ambassadrice de Hongrie en Espagne. En accord avec les traditionnelles conférences organisées par l'association d'amitié hispano-français, elles ont toutes les quatre apporté leur vision sur la place faite à la femme dans leur secteur, la diplomatie. Parallèlement, les dix-neuf ambassadrices ont en outre signé une tribune chacune dans la revue de l'Académie diplomatique, Diplomacia Siglo XXI, partenaire de la manifestation au même titre que l'école diplomatique espagnole. Les débats modérés par Helena Cosano, Directrice adjointe de l'école diplomatique espagnole, ont permis de dépeindre dans quatre pays différents un secteur d'activité majoritairement masculin mais en voie de féminisation. La nécessité de légiférer pour faire évoluer les droits des femmes dans tous les secteurs de la société a largement été débattue. 

 

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Photo Julia Robles

 

Tous les 8 mars Mujeres Avenir marque chaque fois un peu plus de son empreinte le paysage revendicatif de la place de la femme dans la société, avec une approche double : l'une au plus haut niveau, cette année impliquant le corps diplomatique et les sphères décisionnaires qui en sont le corollaire, et ce, autre nouveauté pour cette édition, de façon internationale comme l'annonçait le titre de la conférence, l'autre à l'échelle de l'engagement de terrain, en récompensant dans les mondes de l'hispanité ou de la francophonie, une personne dont le parcours pour la lutte en faveur des droits des femmes est jugé exemplaire. Après l'universitaire Tunisienne Faouzia Farida Charfi en 2016, puis la Colombienne Alejandra Miller Restrepo en 2017, c'est la Sénégalaise Julie Cissé qui a en 2018 été distinguée, pour son engagement en faveur des droits des femmes du monde rural et la création du Groupe d'Initiatives pour le Progrès Social/WAR, une organisation regroupant quelque 300 groupes associatifs et ayant pour objectif de promouvoir le progrès social des femmes en Afrique.

 

Ce Prix est une parenthèse émotionnelle et solidaire qui ponctue chaque année l'activité de notre association

 

"Ce Prix est une parenthèse émotionnelle et solidaire qui ponctue chaque année l'activité de notre association", a rappelé Maria Luisa de Contes, qui a souligné "le courage" et "la détermination" des lauréates, "qui jouent un rôle clé au sein de leurs communautés". "C'est un privilège de vous remettre ce prix", a pour sa part déclaré Yves Saint Geours, l'Ambassadeur de France en Espagne, "vous incarnez toutes les vertus du combat de la femme au Sénégal, pour atteindre plus d'autonomie de décision et d'action". La lauréate a exprimé sa gratitude et sa fierté de voir, à travers sa personne, le travail de l'ensemble des femmes impliquées dans le Groupe d'Initiatives pour le Progrès Social/WAR reconnu. Elle a évoqué les difficultés qui émaillent l'émancipation féminine au Sénégal : les grossesses précoces, l'accès à la scolarité, la violence de genre, la machisme ordinaire notamment. 

 

C'est ce lien, cette synergie formidable, qui a permis de valoriser ici, ce soir, le travail des femmes qui sont au fin fond des villages

 

Surtout, Julie Cissé a su transmettre, après avoir assisté aux discours des Ambassadrices et au protocole très urbain qui caractérisent les débats de l'association, non seulement la communauté d'intérêt qui rapproche toutes les femmes du globe qui luttent pour leurs droits, en pointant notamment les similitudes dans l'engagement des ambassadrices avec celui des agricultrices qu'elle représente, mais aussi une véritable union qui transcende les frontières, les classes sociales et les cultures et constitue une fraternité au féminin -la sororité- qui s'est avérée particulièrement palpable au cours de son allocution. "Il faut savoir s'organiser pour parler d'une même voix", a-t-elle déclaré. "C'est ce lien, cette synergie formidable, qui a permis de valoriser ici, ce soir, le travail des femmes qui sont au fin fond des villages", a-t-elle encore exprimé. "Pour lutter contre les pesanteurs socio-culturelles, nous nous devons d'être pacifiques, très stratégiques, mais aussi parfois de monter au front, en prenant les hommes comme alliés", a-t-elle commenté, à propos du combat mené dans son pays. "Nous espérons trouver, avec Mujeres Avenir, des alliées dans notre combat", a-t-elle conclu.

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