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Père Royannais: "La crise migratoire, un tournant de la civilisation"

Paroisse saint louis madridParoisse saint louis madrid
OSL
Écrit par Eva Sannino
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 24 septembre 2017

Recteur de l'Œuvre de Saint Louis (OSL) et curé de la paroisse depuis 6 ans, Patrick Royannais revient sur ses priorités dans ses fonctions et la question des réfugiés entre autres. Expatrié le Père Royannais ? Pas plus que ça : ce Lyonnais d'origine dit se sentir aussi peu dépaysé à Madrid que s'il était parti pour Brest... 

 

L'OSL centre ses activités sur trois points : l’École Saint Louis, la Résidence Saint Louis pour personnes âgées et la paroisse. Avec son équipe de l'Œuvre, Patrick Royannais a retravaillé la "redistribution solidarité" qui atteint cette année environ 300.000 euros. En la matière, l'accent a été mis sur les bourses scolaires avec près de 120.000 euros d'aide redistribuée, ainsi que sur le soutien aux associations La Kalle et la Asociacion Cultural Norte Joven, "des sortes d'écoles de la seconde chance" selon le prêtre, qui reçoivent respectivement 30.000€ et 40.000€ de subvention. L'argent restant est alloué aux personnes âgées et à l'Entraide Française. Le fonctionnement de l'OSL, notamment en ce qui concerne la qualité des services de la maison de retraite, qui offre une attention particulière à chaque résident, sont plutôt satisfaisants d'après le guide spirituel. Le bilan est positif, et après ?

 

"que les gens se rencontrent et se connaissent pour être témoins de l’Évangile dans leur vie de tous les jours"


Pour ce qui est de l'Œuvre, le Père Royannais tient d'abord à s'assurer que la délégation fonctionne et que chacun remplisse sa mission, à l'instar de Florence Reynier, directrice de l’École Saint Louis depuis deux ans, dont il souligne le grand travail de dynamisation fourni. Autre objectif : visibiliser et renforcer l'engagement solidaire. À ce titre, chacune des institutions donne déjà environ 2% de son chiffre d'affaires pour la redistribution. En ce qui concerne la paroisse, l'ecclésiastique dit agir afin "que les gens se rencontrent et se connaissent pour être témoins de l’Évangile dans leur vie de tous les jours". Pas évident, avec une communauté d'ouailles qui regroupe tous les catholiques français de Madrid, mais l'ex gône a ses méthodes pour faire jouer les rapprochements. Comme mettre en relation les parents du catéchisme dont les enfants sont dans la même classe, ou encore prendre un temps à la fin de la messe pour que les nouveaux arrivants se présentent. Enfin, de par ses interactions avec les instances locales du diocèse de Madrid, le religieux s'applique aussi à faire le lien avec l’Église espagnole.

 

La crise migratoire n'est pas qu'une simple question de sécurité nationale


"Pas de photo". Le Père Royannais refuse que l'on personnalise le travail de l'ensemble des équipes de l'Œuvre, derrière son seul visage. Tant pis pour l'illustration de cet article. On imagine que les curieux n'auront qu'à se déplacer à la paroisse. Patrick Royannais insiste en tous cas sur l'action du Conseil d'Administration de l'OSL et des 40 personnes qui s'occupent de la cure. De fait, même s'il concède que "chaque responsable marque de sa personnalité", son bon vouloir ne suffit pas. Ainsi, l'appui à l'association Pueblos Unidos, du service jésuite des migrants, consacrée entre autres à l'aide aux migrants et réfugiés, s'est décidé de façon collective. Avant même l'appel du Pape exhortant les chrétiens à prendre leur place dans l'accueil migratoire, le recteur de l'OSL avait pour autant pris ses dispositions. Il a rejoint l'association il y a deux ans et demi, après avoir pris contact avec des migrants d'Afrique subsaharienne de son quartier. Depuis, sa visite hebdomadaire au centre de rétention d'Aluche à Madrid est primordiale. Son but : "Offrir de l'humanité et aider dans les démarches". Une préoccupation forte pour l'ecclésiastique, qui estime qu'il y aura plus d'arrivées de migrants par l'Espagne que par la Grèce, à la fin 2017. Il est persuadé, comme un certain nombre d'ONG, que la réponse européenne ne réglera pas la crise migratoire. "Ce n'est pas qu'une simple question de sécurité nationale", estime-t-il. "Il s'agit d'un tournant dans la civilisation", dit-il encore, à propos du phénomène migratoire mondial.

 

Rendez-vous


A noter en novembre, en partenariat avec l'Institut français, une table ronde sur la place des chrétiens dans notre époque, avec la présence du sociologue des religions J-L Schlegel et d'autres intervenants espagnols.

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