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Paroisse Saint Louis: tribune ouverte au Père Royannais

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Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 21 juin 2018, mis à jour le 21 juin 2018

Le Père Royannais termine cet été sa mission à Madrid, au sein de l'Œuvre de Saint-Louis, qui sera à la rentrée régie par Eric de Nattes, son successeur. L'occasion pour le recteur sortant de revenir sur une expérience de 9 ans dans le pays, avec le sens du verbe qui le caractérise.

"Six ans de ministère à Madrid et trois ans à Barcelone s’achèvent. Il est temps de recevoir une nouvelle nomination. C’est un bon principe de management, c’est aussi une manière de vivre que l’on n’est jamais propriétaire de la mission, autrement dit, que l’on essaie de s’en remettre à d’autres pour décider de ce que doit être vivre.
Je pars dans le nord de la Bourgogne, accueilli par les diocèses de Sens-Auxerre et de la Mission de France. Je serai au service des paroisses du secteur de Chablis, des détenus de la centrale de Joux-la-ville, des différentes initiatives auprès des migrants, et des services de formation des deux diocèses. La tâche sera aussi diversifiée que stimulante.


Eric de Nattes, qui prend le relai début septembre, est aussi prêtre du diocèse de Lyon. Nous avons été ordonnés en même temps, il y a vingt-sept ans. Il a exercé des ministères divers : aumônier de Grandes Ecoles ; aumôniers de mouvements (ENDJ, MCC, EDC) ; différents services dans une grande institution scolaire, les Chartreux (aumônier, directeur de l'internat des classes préparatoire, enseignant en philosophie, puis président du conseil d'administration) ; vicaire puis curé, dernièrement de Sainte Foy-lès-Lyon dans l'ouest lyonnais. Eric souhaitait vivre une expérience à l'étranger et est heureux de venir à Madrid.


La paroisse des francophones de Madrid a la chance de faire partie de l’Œuvre Saint Louis. Cela la place dans l’obligation de la charité, qu’il s’agisse de la solidarité avec les plus démunis, mais aussi du service des enfants et de leurs familles dans le contexte éducatif et du souci des personnes âgées (les problèmes des Ehpad et les questions du grand âge révèlent si besoin était qu’il s’agit d’un engagement social important). Il n’y a pas de quoi fanfaronner, c’est l’histoire qui nous offre cette chance de vivre un peu l’évangile : « À ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l'amour les uns pour les autres. » (Jn 13, 35)


Nous avons travaillé ces dernières années, dans le cadre d’une convention, avec deux « écoles de la seconde chance » à Vallecas, la Kalle et NorteJoven et avec Pueblos Unidos, ONG jésuite de soutien aux migrants et réfugiés. Alors que l’Europe se déchire à propos des migrants, parlant de crise des migrants quand il y a crise de l’Europe (l’affaire de l’Aquarius l’illustre à l’envi), nous avons apporté notre pierre à la construction d’une société selon l’évangile. Nous autres expatriés ne connaissons souvent que le bon côté de la migration. Je souhaite à tous ceux qui ont un avis sur la question, nous tous sans doute, de rencontrer en chair et en os des migrants avant que d’émettre des jugements définitifs.


En partant, si je devais choisir un seul mot qui caractériserait ce que je retiens de l’Espagne et de ses habitants, c’est celui, intraduisible, de convivencia. J’en conviens, j’ai pesté contre les attentes dans les magasins, parce que devant moi, les gens prenaient le temps d’échanger des nouvelles des uns et des autres, dans la rue, parce qu’en double file, on taille la bavette quitte à empêcher le passage. Mais il y a dans cet art de vivre qui privilégie la rencontre plus que l’efficacité, une forme de gratuité que j’aime voir contester l’évidence de la rentabilité et de la productivité ; une forme de grâce, en un sens non seulement esthétique mais aussi théologique."

 

Patrick Royannais