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Nathalie Coggia : “Je serai la députée de toutes et tous”

Élue haut la main avec 65,2 % des voix, Nathalie Coggia devient la nouvelle députée des Français d’Espagne, du Portugal, d’Andorre et de Monaco. Elle revient pour lepetitjournal.com sur sa victoire, ses priorités immédiates et sa volonté de rassembler au-delà des clivages, dans un esprit de compromis et de responsabilité.

Nathalie CoggiaNathalie Coggia
@Nathalie Coggia, DR.
Écrit par Paul Pierroux-Taranto
Publié le 14 octobre 2025, mis à jour le 15 octobre 2025

 

Quelles ont été vos premières impressions en découvrant les résultats dimanche soir ?

Une immense émotion, vraiment. Et beaucoup de gratitude face à ce si bon résultat. J’étais confiante, parce qu’après le premier tour, je savais que j’avais des réserves de voix importantes et de réelles chances de l’emporter. Mais honnêtement, je ne m’attendais pas à un tel écart. 

Je mesure aujourd’hui l’honneur et la responsabilité qui me sont confiés. Pour moi, ce résultat montre que les électrices et électeurs de notre circonscription ont choisi la voie du raisonnable, celle de la responsabilité plutôt que celle du chaos, du blocage ou de la fuite en avant. Et aussi, la voie du compromis — ce qui me paraît essentiel dans le contexte politique actuel.

 

Pour moi, le premier tour a marqué l’échec du Nouveau Front populaire, et le second celui de LFI et du mélenchonisme.

 

Cette campagne a été marquée par une polarisation entre votre camp et le Nouveau Front populaire. Qu’en retenez-vous ?

Je ne parlerais pas vraiment de polarisation entre mon camp et celui du Nouveau Front populaire. Ce que les électeurs et les électrices ont exprimé, c’est avant tout un rejet de La France insoumise et du mélenchonisme.
Mon adversaire, à qui j’adresse bien sûr mes salutations et mes félicitations républicaines, n’a pas réussi à mobiliser au-delà de son socle initial.

Il faut se rappeler que les forces du NFP se présentaient au premier tour en ordre dispersé. Et au second, certaines d’entre elles, comme Place Publique, n’ont pas appelé à voter pour Martha Peciña. Seul le Parti socialiste l’a fait.
Mais au vu des résultats, on voit bien que ces consignes n’ont pas été suivies. Pour moi, le premier tour a marqué l’échec du Nouveau Front populaire, et le second celui de LFI et du mélenchonisme.


 

Quelles sont désormais vos priorités immédiates pour les Français de la circonscription ?

La toute première, c’est de travailler avec la nouvelle ministre des Françaises et des Français de l’étranger, Éléonore Caroit, qui vient elle-même du corps des élus de l’étranger. C’est une des nôtres, elle connaît très bien nos réalités et nos préoccupations quotidiennes. 

Je veux collaborer étroitement avec elle sur tout ce qui touche à la vie concrète des Français établis hors de France. Et la première chose que je vais lui demander, c’est de lancer officiellement l’expérimentation du renouvellement des passeports sans comparution en Espagne, sur le modèle de celle menée avec succès au Portugal l’an dernier. C’est une mesure très attendue ici.

La deuxième priorité concerne notre réseau d’enseignement français à l’étranger, qui est aujourd’hui un peu au pied du mur. Je souhaite participer activement à la concertation en cours entre le ministère, les syndicats, les associations de parents d’élèves et les différents acteurs du réseau, pour repenser son financement et son fonctionnement.
L’objectif, c’est d’assurer sa viabilité et sa pérennité, sans pour autant augmenter de manière démesurée les frais de scolarité pour les familles.

Et puis, il y a bien sûr le contexte national. Ma priorité, au niveau de l’Assemblée, sera de prendre toute ma part au débat budgétaire. Il faut absolument parvenir à un compromis pour que la France puisse enfin se doter d’un budget, et éviter une nouvelle situation de blocage comme celle de l’an dernier, qui a coûté cher à notre économie.
Je profiterai de ce débat pour défendre une plus grande transparence comptable, afin que les discussions reposent sur des données sincères, notamment sur l’état de nos pensions civiles et leur déficit caché.


 

Souhaitez-vous également aborder d’autres sujets concernant les Français de l’étranger ?

Oui, il y a un autre point important que je veux mettre sur la table pendant le débat budgétaire. Il concerne les aides sociales directes versées par l’État, via les consulats, aux personnes françaises en situation de vulnérabilité à l’étranger.
Ces aides vont être progressivement supprimées d’ici 2027, non pas pour des raisons budgétaires, mais pour se conformer au droit européen.

Concrètement, cela signifie que certaines personnes fragiles risquent de se retrouver sans ressources suffisantes, notamment parce que les systèmes sociaux espagnol ou portugais sont souvent moins généreux que le système français.
Pour compenser cette disparition, je proposerai d’augmenter la subvention allouée aux organismes locaux de solidarité (les OLES), en fixant des critères précis, afin que ces associations puissent continuer à aider celles et ceux qui en ont le plus besoin.

 

La dissolution n’est pas une solution.


 

Et quelle sera désormais la place de Stéphane Vojetta dans votre équipe ?

Il fera partie de l’équipe. Ce sera l’un de mes collaborateurs, probablement plus concentré sur le travail parlementaire. Je m’appuierai sur son expérience et sur sa connaissance des dossiers, il connaît très bien le fonctionnement de l’Assemblée et les enjeux des Français de l’étranger.

 

Souhaitez-vous ajouter un mot pour conclure ?

Oui, peut-être rappeler d’abord que, pour moi, la dissolution n’est pas une solution. Elle ne résoudrait rien.
Nos électrices et nos électeurs peuvent compter sur moi pour tendre la main et travailler avec mes collègues à l’Assemblée nationale afin de parvenir à un compromis. L’objectif, c’est de sortir du blocage actuel, de donner enfin un budget à la France, et, dans le meilleur des cas, de retrouver un peu de stabilité, ce dont notre pays a bien besoin.

Au-delà des clivages et des votes de dimanche dernier, je serai bien sûr la députée de toutes et tous. Je veux exercer ce mandat de manière responsable, dans un esprit d’écoute et de compromis, tout en mettant un point d’honneur à défendre sans relâche les préoccupations des Françaises et des Français de l’étranger.

 

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