Deux femmes, deux visions pour représenter les Français d’Espagne, du Portugal, d’Andorre et de Monaco. Dans un contexte politique national incertain, Martha Peciña (Nouveau Front populaire) et Nathalie Coggia (ancienne suppléante de Stéphane Vojetta) s’affrontent au second tour des législatives partielles. À quelques jours du vote du 12 octobre, elles détaillent, pour lepetitjournal.com leurs priorités et leur conception du rôle de députée des Français de l’étranger.
Présentez-vous en quelques mots.
Martha Peciña :
Candidate du Nouveau Front populaire (NFP) pour les élections législatives partielles de la 5e circonscription des Français·es de l’étranger. Ma candidature a été investie et soutenue par LFI, les Écologistes et Génération·s, ainsi que le mouvement citoyen local Agissons Ensemble (AE), qui rassemble aussi bien les représentant·es politiques locaux·les de toute la gauche, de LFI à Place Publique, des syndicalistes, que des personnes non encartées, mais engagées sur la justice sociale, l’écologie ou encore le féminisme.
Je suis également la seule candidate qui défend un programme clair, celui du Nouveau Front populaire, dont les priorités sont : la défense services publics, la mise en place de mesures ambitieuses pour la transition écologique, la justice sociale et fiscale.
Je suis née et j’ai grandi en banlieue parisienne, mais étant bi-nationale d’une mère française et d'un père espagnol, je me rends dans la circonscription depuis ma naissance. Après plus de 10 ans passés aux Etats-Unis, où j’ai travaillé comme journaliste et responsable du service presse au consulat de France à New York, je me suis installée avec ma famille à Bilbao en 2021 et j’ai rejoint une société de conseil et formation sur l’égalité femmes-hommes et la prévention des violences sexuelles au travail.
Nathalie Coggia :
Je suis une femme, menant une carrière professionnelle dans le privé, mère d’enfants binationaux, engagée bénévolement en politique, ardente défenseuse d’une Europe plus unie et souveraine et du rôle de la France en Europe, de l’égalité femme/homme, de la justice sociale et de la méritocratie. Je suis aussi persuadée que malgré le bruit, la fureur et le chaos de la vie politique actuelle, l’on peut être parlementaire sans se contenter de toujours diviser : on peut aussi tendre la main et travailler au-delà des partis dans l’intérêt supérieur de la France, des Françaises et des Français. C’est mon intention.
Quelle est, selon vous, la principale mission d’un député des Français de l’étranger ?
Nathalie Coggia :
Nous sommes 11 députés et députées des Françaises et Français de l’étranger sur 577. Si NOUS ne défendons pas les Français de l’étranger face à la caricature, aux attaques et à l’indifférence, personne ne le fera à notre place. Moi élue députée, je porterai avec force et dignité la voix de notre belle communauté qui fait briller la France tout autour du monde, et particulièrement dans notre circonscription. Et bien sûr, je m’engagerai également sur des sujets plus transversaux et nationaux en tant que députée de la nation comme n’importe quel/le autre.
Martha Peciña :
Le rôle d’une députée des Français·es de l’étranger sera le même qu’une députée d’une autre circonscription. D’un côté, voter et proposer des lois au niveau national en ayant comme unique boussole la défense de l’intérêt général.
De l’autre, assurer des permanences en circonscription, en Espagne, au Portugal, en Andorre et à Monaco, pour venir à la rencontre des Français·es y résidant et écouter leurs problématiques, leurs préoccupations, et porter leur voix à l’Assemblée nationale.
Quelles sont vos trois priorités pour les Français d’Espagne, du Portugal, d’Andorre et de Monaco ?
Martha Peciña :
- Pour la défense d’une éducation de qualité mixte et inclusive :
Se battre pour une revalorisation du budget de l’AEFE pour éviter les deconventionnements d'établissements, une nouvelle hausse des frais de scolarité dans les lycées français et défendre les initiatives associatives comme les FLAM. Revoir les critères et le calendrier d’attribution des bourses scolaires afin de permettre aux établissements d’enseignement français d’être réellement mixtes et accessibles à l’ensemble des familles françaises, et non uniquement à une élite économique. Et pour l’inclusivité, offrir une prise en charge financière des AESH (le personnel aidant les enfants à besoins particuliers) quel que soit le taux de handicap reconnu.
- Pour des mesures ambitieuses en faveur de l’égalité femmes-hommes et de la protection de l’enfance :
Au niveau national, je souhaite mener un plaidoyer pour la mise en œuvre des mesures qui fonctionnent en Espagne sur l’égalité femmes-hommes, la prévention des violences sexuelles et sexistes, la protection de l’enfance. Pour l’allongement du congé paternité et maternité à 19 semaines comme en Espagne. Pour une loi transversale pour protéger les victimes de violences conjugales et les enfants des violences physiques et sexuelles, en s’inspirant de la législation espagnole.
- Pour la bifurcation et planification écologique :
Protéger le vivant et investir massivement dans la transition énergétique afin de transformer en profondeur notre modèle de développement. Il nous faut une grande loi Énergie-climat pour inscrire le principe de la règle verte, nécessaire pour établir un plan climat visant la neutralité carbone en 2050, pour assurer une rénovation thermique et l’isolation complète des logements, pour accélérer la rénovation des bâtiments publics, pour refuser la privatisation des barrages hydroélectriques, pour mettre en place des règles précises de partage de l’eau, pour décréter un moratoire sur les grands projets d’infrastructures autoroutières, pour investir massivement dans les énergies renouvelables et les transports publics (incluant le fret ferroviaire), et pour accompagner chaque transition professionnelle par la création d’emplois verts et durables. Nous défendons également la création d’un fonds d’urgence pour répondre aux catastrophes naturelles qui ne cessent de se multiplier (sécheresse, inondations, tempêtes, incendies).
Nathalie Coggia :
- Faciliter la vie quotidienne des Française et Français de la circonscription face aux démarches administratives souvent trop complexes ou coûteuses
- Défendre le droit de nos familles à donner une éducation française ou en français à leurs enfants, à un coût raisonnable, où qu’ils vivent
- Promouvoir l’employabilité des Français de la circonscription en les rapprochant des acteurs de l’emploi français et francophones, et en créant des synergies au sein de notre communauté
Nos compatriotes évoquent souvent des difficultés administratives ou consulaires. Quelles solutions proposez-vous pour améliorer la proximité des services publics ?
Nathalie Coggia :
Faciliter la vie quotidienne de nos compatriotes implique de leur éviter déplacements et tracasseries administratives inutiles. Il faut pour cela tirer profit de la dématérialisation (notamment pour renouveler vos papiers d’identité ou obtenir vos certificats d’existence sans vous obliger à prendre avion, train ou voiture), tout en permettant aux équipes consulaires de se concentrer sur les personnes qui ont vraiment besoin de leur assistance présentielle, que ce soit dans les consulats ou au travers de tournées consulaires plus fréquentes et plus efficaces.
Martha Peciña :
Deux mesures concrètes à porter au MAE que je connais bien, car j’y ai travaillé pendant plus de 5 ans, ainsi que mon suppléant qui est actuellement chargé des affaires sociales au consulat de France à Madrid.
Je souhaite le rétablissement des fonctions administratives des consulats de Bilbao, Séville et Porto, une revalorisation des statuts du personnel local des institutions françaises (lycées, instituts et consulats).
Et renforcer les tournées consulaires d’agents administratifs des consulats, pour venir à la rencontre des personnes isolées, en situation de précarité ou de handicap et les aider à effectuer leurs démarches administratives.
Si vous êtes élue, comment ferez-vous pour rester en lien avec la circonscription ?
Martha Peciña :
Je serai accompagnée de deux collaborateur·ices parlementaires, basé·es à Madrid ou Barcelone et à Lisbonne, pour être en capacité d’avoir une permanence parlementaire ouverte et accessible du lundi au samedi, et ainsi me faire remonter autant les situations individuelles et les problématiques générales des Français·es de la circonscription.
Je suis basée à Bilbao, mais je me déplacerai le plus régulièrement possible à Madrid ou à Barcelone en tenant compte de l’agenda parlementaire et je m’engage à me rendre au Portugal une fois par mois.
Nathalie Coggia :
Je continuerai à vivre en Espagne et à partager votre vie quotidienne. Mon équipe parlementaire sera en fait VOTRE équipe et dédiera plus de 75% de son temps de travail à résoudre vos demandes d’aide et d’intervention. Je me déplacerai régulièrement aux 4 coins de la circonscription pour aller à votre rencontre, et bien sûr mes équipes, soutiens et représentants dans chaque pays - et notamment mon suppléant barcelonais Nicolas Marty - me représenteront auprès de vous.
Comment comptez-vous faire entendre la voix des Français de l’étranger à Paris, dans un contexte politique national souvent centré sur la métropole ?
Nathalie Coggia :
Dès les discussions budgétaires d’octobre je compte bien me battre pour repousser la nouvelle tentative de la France Insoumise et de ses alliés (ou pas ? on ne sait plus…) du NFP de mettre en place l’imposition universelle. Une imposition qui serait synonyme de tracasseries sans fin pour tous les Français de la circonscription, riches ou modestes. Ce débat sera l’occasion de rappeler à tous les Français que non, les Françaises et Français de l’étranger ne sont PAS des évadés fiscaux et qu’ils méritent le respect voire la gratitude des représentants de la Nation.
Martha Peciña :
En siégeant à l’Assemblée nationale toutes les semaines et en travaillant étroitement avec Karim Ben Cheick, député du parti Génération.s de la 9e circonscription des Français·e établi·es hors de France, pour porter avec lui les problématiques des Français·es de l’étranger.
Je rends hommage au travail de Karim Ben Cheick qui a adapté le programme du NFP aux Français·es établi·es hors de France. Il a fait des propositions concrètes pour les services publics de proximité, la défense de l’enseignement du Français à l’étranger, l’instauration de droits nouveaux pour les Français·es de l’étranger, les retraites et la fiscalité.
Comment résumeriez-vous votre campagne en quelques mots ?
Martha Peciña :
Collective, joyeuse, ponctuée de magnifiques rencontres et témoignages de soutien et d’affection qui ont renforcé ma volonté de gagner pour porter la voix des électeurs et électrices de la circonscription. Et quelle que soit l’issue du scrutin, je souhaite dire à mes électeur·ices que ce que nous avons construit ensemble est précieux et nous aidera pour la suite.
Nathalie Coggia :
En trois mots, je dirais : proximité, retrouvailles, et authenticité.
Quel message souhaitez-vous adresser aux électeurs avant le vote du 12 octobre ?
Nathalie Coggia :
C’est la troisième fois en trois ans que je suis soit candidate soit suppléante pour cette élection.
Que ce soit en 2022 contre Manuel Valls et mon propre camp, en 2024 contre la France Insoumise, et à nouveau en 2025 contre la candidate mélenchoniste, les électrices et électeurs de notre circonscription ont pu juger de notre sincérité et de notre capacité à tenir nos promesses. C’est comme cela que j’interprète leur soutien massif qui m’a placé largement en tête au premier tour, et dont je les remercie sincèrement.
Je compte à nouveau sur leur soutien au second tour afin de me permettre de poursuivre les actions engagées avec Stéphane Vojetta ainsi que de lancer de nouveaux combats, et cela malgré les turbulences que nous imposent les ambitions présidentielles des unes et des autres.
Martha Peciña :
Je suis cohérente, mon message reste le même qu’au premier tour :
Si vous êtes fatigué·es par 8 ans de macronisme et promesses non tenues, par la violence sociale et la rhétorique xénophobe et réactionnaire largement relayées par notre ancien député qui n’hésitait à pas s’afficher avec des personnalités machistes et nostalgiques du franquisme comme Isabel Díaz Ayuso, votez pour l’alternative du Nouveau Front populaire, votez pour moi.
Si vous croyez à la défense de l’intérêt général et de la majorité, des services publics, d’une politique ambitieuse en faveur de la transition écologique et le retour d’une diplomatie en faveur de la paix, votez pour le Nouveau Front populaire, votez pour moi.
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