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Guillaume Horn : “Je veux incarner une gauche responsable et proche du terrain”

À l’occasion des élections législatives partielles dans la 5ᵉ circonscription des Français de l’étranger, lepetitjournal.com donne la parole à Guillaume Horn, enseignant d’histoire-géographie à Barcelone, investi par le Parti socialiste. Il souhaite porter une voix responsable, crédible et proche des réalités du terrain. Rencontre.

Guillaume HornGuillaume Horn
Guillaume Horn
Écrit par Paul Pierroux-Taranto
Publié le 18 septembre 2025, mis à jour le 21 septembre 2025

Pourquoi avez-vous souhaité vous présenter à cette élection partielle ?

À l’annonce de la décision du Conseil constitutionnel de démettre Stéphane Vojetta de ses fonctions pour irrégularités financières, j’ai immédiatement pressenti que cette élection ne serait pas une élection ordinaire. D’un côté, un député sortant interdit de se candidature. D’un autre côté, plusieurs prétendants se sont empressés de se déclarer et d’obtenir l’investiture de leurs partis.

Face à ces attitudes, le Parti socialiste a fait un choix différent : celui de la démocratie interne. Nous avons organisé une primaire, nourrie d’un véritable débat sur notre ligne politique. Les bons résultats obtenus par le Parti socialiste, aux côtés de Raphaël Glucksman, ont conforté la nécessité de porter une gauche responsable et de gouvernement. 

Ma large victoire lors de cette primaire a démontré qu’une nouvelle vision de la gauche était souhaitée, mais qu’elle devait s’incarner par un nouveau visage, jeune, et porteur d’une exigence morale fondée sur la sincérité intellectuelle et l’humilité personnelle.

 

Quel est votre lien personnel ou professionnel avec la 5ᵉ circonscription des Français de l’étranger ?

Mon lien avec la 5ᵉ circonscription est avant tout un lien de transmission. À Barcelone, on me connaît par mes engagements éducatifs et culturels, guidés par la volonté de partager l’histoire, la culture et les valeurs républicaines. Mes recherches sur l’histoire des Français en Espagne, comme mon enseignement, poursuivent le même but : transmettre la mémoire, la pédagogie et les expériences humaines. En un mot : transmettre l’humanité.

 

En quoi votre parcours reflète-t-il les préoccupations des Français établis hors de France ?

Les Français établis hors de France partagent un même souci : créer des ponts entre la France et leurs pays d’accueil. C’est notre ADN commun. Pour certains, ces ponts sont économiques ou commerciaux ; pour d’autres, sentimentaux. Pour ma part, je les ai construits autour de la culture et de l’éducation : enseignement, formation, recherche. Mon parcours illustre ainsi une préoccupation essentielle : mettre nos compétences et notre énergie au service de l’amitié entre les peuples.

 

Quels sont, selon vous, les principaux défis qui attendent les Français de cette circonscription ?

Les défis sont multiples, car ils varient selon l’échelle — locale, nationale, européenne —, selon les sujets — services administratifs, économie, éducation, santé — et selon les publics — retraités, enseignants, entrepreneurs, étudiants, binationaux. Mais deux enjeux existentiels dominent.

Le premier est le défi climatique. Il touche directement nos vies, ici comme en France. L’Espagne se désertifie. Le Portugal brûle. Quelles seront nos vies en 2035 ?

Le second, plus immédiat, est la menace de l’extrême droite. Au Portugal avec Chega, en Espagne avec Vox, en France avec le Rassemblement national, son arrivée au pouvoir marquerait un tournant dangereux : remise en cause de la binationalité, restrictions à la mobilité, difficultés accrues d’équivalence ou d’accès aux services éducatifs et consulaires. Nous, Français de l’étranger, savons mieux que quiconque que « nous sommes toujours l’étranger de quelqu’un ».

 

Quels seraient vos chantiers prioritaires si vous êtes élu député ?

La première urgence, c’est l’adoption d’un budget. Sans lui, nos services éducatifs et consulaires ne peuvent pas fonctionner. En tant que représentant d’une gauche responsable, attachée à la justice sociale et fiscale, je défendrai un budget qui protège les Français de l’étranger tout en soutenant la croissance et le désendettement du pays.

Je souhaite être jugé sur la cohérence d’un travail de long terme. Ni la croissance, ni le désendettement ne se décrètent. Mes priorités vont donc au-delà du budget : préserver nos enfants des bouleversements de l’intelligence artificielle, porter la cause écologique et promouvoir une sobriété morale en politique, fondée sur la sincérité, l’humilité et la conviction que la politique est avant tout un engagement au service des citoyens, et non une ambition personnelle.

 

Comment voyez-vous le rôle d’un député des Français de l’étranger à l’Assemblée nationale ?

Je le conçois comme celui de tout député de métropole ou d’outre-mer : avec la même responsabilité et la même exigence. Être député des Français de l’étranger, c’est penser global et agir local. Penser global, à l’échelle des Français établis dans le monde, mais aussi de la France et de l’Union européenne. Agir local, au plus près des citoyens de notre circonscription, pour défendre leurs droits et améliorer concrètement leur vie quotidienne.

 

Comment jugez-vous le mandat du député sortant ? 

Ce n’est pas à moi de juger le mandat d’un homme : c’est aux électeurs d’en décider. Mon rôle est de présenter ma candidature et mes idées, et de mettre en lumière — par contraste — ce qui nous différencie, tant sur le fond que sur la forme.


Quel message souhaitez-vous adresser aux électeurs avant le scrutin ?

Je veux adresser aux électeurs un message en quatre temps. Un message d’espoir : nous sommes bien plus résilients que nous ne le croyons. Un message de lucidité : nos fragilités existent et rien ne se transforme en deux ou trois ans seulement. Un message de solidarité : ne sacrifions pas les classes moyennes, elles sont le cœur battant de notre société. Un message d’humilité : nul n’est au-dessus des autres, même lorsqu’il reçoit une mission de représentation. C’est avec ces valeurs que je sollicite leur confiance.

 

Un mot sur vos suppléants et vos équipes ?

Ma suppléante, Nathalie de Oliveira, est franco-portugaise et ancienne députée au Portugal. Elle a toujours œuvré pour renforcer les liens entre le Portugal et la France. Elle est d’ailleurs la seule suppléante de cette élection à disposer d’une véritable expérience parlementaire et politique. Ensemble, nous formons un duo solide, capable de porter avec force et crédibilité la voix des Français de notre circonscription.

 

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