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Législatives 5e circo: la campagne est lancée

campagne législatives 8 et 22 avrilcampagne législatives 8 et 22 avril
Écrit par Vincent GARNIER
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 27 février 2018

Suite à l'annulation par le Conseil constitutionnel des élections législatives de la 5e circonscription des Français de l'étranger (Espagne, Portugal, Monaco, Andorre), pour des "irrégularités" ayant émaillé le 1er tour du scrutin de juin 2017, les dates des nouvelles échéances électorales sont désormais connues et le compte à rebours est lancé. 

 

Si la Législative aura lieu les 8 et 22 avril, et si les candidats ont jusqu'à 3 semaines avant la date de l'élection pour déposer leur profession de foi, à savoir mi mars, on devrait assister à une campagne particulièrement brève et intense, comme semble le confirmer les premiers mouvements initiés par les candidats déjà déclarés. Ils étaient 14 à s'être présentés en 2017, ils sont pour l'instant seulement 4 en course et on imagine mal comment les "petits" candidats, sans étiquette ou ne bénéficiant pas de la logistique et du support des grands appareils politiques, pourraient sérieusement se mobiliser. D'autant que le remboursement des frais de campagne est conditionné à l'obtention d'un certain pourcentage de voix, que la participation au cours des 2 Législatives précédentes s'est avérée particulièrement basse, concentrée sur les grands centres urbains de la circonscription, et que tant en 2012 qu'en 2017, l'électorat semble avoir voté en faveur d'un parti plutôt que d'un candidat, fusse-t-il de terrain.

 

Qui sont les candidats déjà en lice ? 


Si à l'annonce de l'annulation de son élection Samantha Cazebonne, la députée déchue, avait immédiatement fait connaître son souhait de se représenter, la confirmation officielle de sa candidature ne date que de jeudi dernier. Dans un communiqué divulgué sur les réseaux sociaux, la candidate de La République En Marche déclare : "Après un temps de réflexion nécessaire, lié au profond sentiment d’injustice que beaucoup d’entre vous ont exprimé avec moi, je repars au combat sans esprit de revanche ni aigreur, mais plus déterminée que jamais à vous convaincre que vous aviez fait le bon choix, il y a maintenant huit mois."

 

De son côté, François Ralle Andreoli avait dès le 5 février confirmé qu'il se présenterait de nouveau : "Mes valeurs et mes convictions ne changent pas, ma détermination non plus. Je suis bien évidemment candidat à être investi par notre mouvement citoyen et écologiste Agissons Ensemble". Mis en cause dans la procédure d’annulation pour un email envoyé hors délais, le candidat avait atteint le 2nd tour en juin 2017. Il récuse toute accusation, par le biais d'un communiqué publié le 5 février : "Le Conseil Constitutionnel ne semble pas avoir vérifié la pièce apportée dans la requête (...) et n’a jamais pris la peine de s’adresser à notre prestataire de services (...) C’est dommage, car [nous aurions] pu aisément fournir le journal d’envois de tous nos mails de campagne, qui ne se font qu’à travers un prestataire reconnu et parfaitement rodé à ce genre de contraintes réglementaires. Le dernier mail a été envoyé à 23h40 le 2 juin et non à 20h le 3 juin".

 

Chez Les Républicains, le doute devrait planer un certain temps encore, plusieurs prétendants à l'investiture ayant fait connaître au parti, qui devrait trancher, leur souhait de se présenter avec l'étiquette LR. Laurence Sailliet, à l'origine de la demande d'annulation et désormais porte-parole du parti dirigé par Laurent Wauquiez, avait pour sa part réagi rapidement à l'annulation du scrutin, en postant une brève réaction sur les réseaux sociaux : "Suite à ma requête auprès du Conseil constitutionnel l’élection de Samantha Cazebonne députée LREM sur la 5e circonscription des Français de l’étranger est annulée". 

 

Candidate malheureuse, déboutée à deux reprise sur la circonscription, Laurence Sailliet avait fini en 2017 en troisième position du 1er tour, avec seulement 60 voix la séparant de François Ralle. Dans son recours, elle alléguait des irrégularités ayant eu lieu lors du scrutin, concernant l'envoi hors délai on l'a vu d'un courrier du candidat du mouvement Agissons Ensemble, mais aussi concernant le financement de la campagne de la candidate LREM et enfin l'acheminement du matériel de vote par correspondance, arrivé en retard dans une centaine de cas avérés. Le Conseil constitutionnel, après consultation des justificatifs produits par Samantha Cazebonne devant la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques a estimé que le grief devait être écarté, et qu'il n'y avait pas lieu de prononcer l'inéligibilité, comme demandé par Laurence Sailliet. Il a cependant pris en considération les deux autres arguments de la requérante pour annuler l'élection, estimant que "compte tenu du faible écart de voix entre les candidats arrivés deuxième et troisième au premier tour de scrutin, ces irrégularités sont de nature à avoir modifié l'ordre de préférence exprimé par les électeurs entre ceux-ci à ce premier tour et à avoir ainsi influé sur l'issue du second tour".

 

On sait déjà que Yohann Castro, responsable administratif de service au Lycée français de Madrid et ex-président de la Maison de l'Amitié Franco-Espagnole, membre des Républicains, sera candidat, avec ou sans l'étiquette du parti, cela reste à définir. "La campagne va être extrêmement courte", souligne-t-il, "pragmatique et au plus près en ce qui nous concerne des préoccupations des Français de la péninsule Ibérique : l'éducation, la santé, l'emploi et la protection sociale". 

 

Le Parti Socialiste connaît lui aussi son candidat, qui à l'instar d'Arnaud Leroy en 2012, premier député de la circonscription, nous du vient du Portugal : il s'agit de Mehdi Benlahcen, Conseiller AFE Péninsule ibérique à l'Assemblée des Français de l'Etranger et professeur de sciences économiques et sociales au Lycée Français Charles Lepierre, à Lisbonne. Il publiait le 12 février un communiqué sur les réseaux sociaux, rendant publique sa candidature, et indiquant qu'il était "convaincu que la Gauche peut remporter cette élection".

 

Du côté du Front National, Natacha Barral confirme qu'elle ne souhaite pas se représenter. On ne connaît pas pour l'instant le nom de l'éventuel candidat.

 

Des sujets brûlants qui devraient être au centre des débats

D'autres prétendants peuvent encore se faire connaître. Toujours est-il que la campagne est déjà lancée. Elle l'a de fait été dès l'annonce de l'annulation des élections : un climat chaud agitait déjà la communauté expatriée en cet hiver ibérique, avec des sujets brûlants qui devraient être au centre des débats, si débats il y a. A commencer sans surprise par l'inquiétude relative à la gestion des lycées français de l'étranger et liée aux coupes budgétaires de 33 millions d'euros et à leurs conséquences sur le fonctionnement du réseau. Avec deux candidats professeurs au sein de ce même réseau (François Ralle Andreoli, professeur d'Histoire au Lycée français de Madrid et Mehdi Benlahcen, professeur de sciences économiques et sociales au Lycée Français à Lisbonne), une ex proviseure (Samantha Cazebonne, du Lycée français de Palma de Majorque, de 2014 à 2017 et du Lycée français international Jean Charcot de 2011 à 2014, les deux établissements dépendant de la Mission laïque française) et un employé au Lycée français (Yohann Castro), les prétendants à la diputation sont concernés de près. D'autant que Samantha Cazebonne avait reçu, début 2018 alors qu'elle était encore députée, une mission interministerielle sur l’avenir du réseau.

 

Autre sujet qui a beaucoup fait parler dernièrement, la fiscalité des Français de l’étranger et la hausse de la CSG. A cet égard, le ministre de l’Action et des comptes publics, Gerald Darmanin, a confirmé mi-février que le décret du 30 décembre, prévoyant une hausse de 1,7 points des cotisations dues par les personnes affiliées à l'assurance maladie française mais non-résidentes fiscales, serait suspendu. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a pour sa part annoncé qu’une mission sur le régime social et fiscal des Français de l’étranger allait être lancée, avec pour mission de "travailler à une solution garantissant une égalité de traitement". Il faudra faire preuve de didactisme de la part des candidats, pour décrypter la situation au regard des situations de chacun, et leur position en la matière. 

 

Le projet de réforme de la représentation des Français de l'étranger, l'évolution du réseau consulaire, les moyens mis en place pour assurer la permanence du réseau culturel, via les Instituts français et les Alliances françaises, ou encore la suppression de la Réserve parlementaire, sont autant de sujets qui feront certainement vivre cette élection, qui arrive à un moment où les Français établis hors de France sont plus que jamais au cœur de l'actualité.

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