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JP Lefèvre: "Quelle image ont les Madrilènes de l'Alliance française?"

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Publié le 10 janvier 2018, mis à jour le 24 avril 2018

Arrivé à la rentrée 2017 à la tête des 21 antennes présentes dans le pays, le nouveau Directeur de l'Alliance française de Madrid et DG de la Fondation en Espagne dispose d'un parcours riche en expériences dans les domaines de l'enseignement du français et de la coopération linguistique. En provenance de Rio de Janeiro, où il exerçait les mêmes fonctions au sein d'un réseau de 40 Alliances, près de deux fois la taille du réseau espagnol, il entend désormais adapter encore plus l'offre de cours à l'évolution des besoins du public espagnol, mais aussi homogénéiser les méthodes.

 

Il a dédié le dernier trimestre de l'année 2017 à un état des lieux du réseau, avec plusieurs déplacements en province, des contacts avec les directeurs des différentes antennes de la Péninsule et une immersion complète au sein de la structure madrilène, qui accueille chaque année près de la moitié des étudiants recensés sur le territoire. Avec une vague d'inscription particulièrement significative, celle liée aux cours de longue durée débutant à l'automne, il a pu prendre la mesure de la dynamique qui caractérise le marché local : "Madrid change, se développe dans ses périphéries", constate Jean-Paul Lefèvre, "il y a des publics qu'on ne touche pas suffisamment, vers lesquels nous devons aller", estime-t-il, "en faisant évoluer notre offre et en nous déplaçant physiquement". "En Espagne, nous disposons d'un beau réseau, très vivant, particulièrement implanté dans le sud, en Catalogne et en Galice, historiquement peu présent dans la zone centrale", analyse-t-il encore. "Il faut continuer à travailler à l'harmonisation et à la cohérence de ce réseau".

 

Son arrivée à Madrid s'inscrit dans une longue trajectoire qui lui procure une connaissance certaine des mécanismes propres à la promotion du français à l'étranger

 

A 55 ans, Jean-Paul Lefèvre apparaît comme un Parisien cosmopolite, qui entre le Quai d'Orsay el la Cuesta de Santo Domingo, siège de la Fondation Alliance française en Espagne, a écumé sur trois continents un réseau dédié à la promotion de la culture et de la langue de Molière, tout en préservant, de Marrakech à Lisbonne, de Rio à Madrid, un panache très rive gauche. Cet amateur d'ailleurs, qui a très tôt délaissé la voie académique et mis de côté sa thèse anthropologique au profit d'une carrière plus concrète et au service de la coopération linguistique, ne cache pas un certain penchant pour le Brésil et la lusophonie, qui aura conditionné en grande partie son parcours professionnel. Son arrivée à Madrid s'inscrit dans une longue trajectoire qui lui procure une connaissance certaine des mécanismes propres à la promotion du français à l'étranger. Sensibilisé à la question au Maroc, il fut notamment Attaché de coopération éducative près de l'Ambassade à Brasilia de 1994 à 1999, Attaché de coopération et d'action culturelle à Rio de Janeiro de 2002 à 2006, Attaché culturel et Directeur délégué de l'IFP à Lisbonne (ancêtre de l'Institut français du Portugal) de 2006 à 2010 et Délégué Général de la Fondation Alliance française au Brésil, de 2013 à 2017. Entre les missions à l'étranger, ses séjours à Paris, au ministère des Affaires étrangères, auront permis de compléter sa culture de diplomate. Dans la capitale française de 2010 à 2013, sous quatre ministres successifs -Bernard Kouchner, Michèle Alliot-Marie, Alain Juppé et Laurent Fabius- il assiste ainsi à la création de l'Institut français et à la transmission croissante des aspects opérationnels à ce nouvel opérateur, qu'il connaît donc bien.

 

"L'Alliance française jouit d'un fonctionnement qui intéresse de près nos parlementaires" défend le DG de la Fondation en Espagne. "En grande partie autofinancé, c'est un réseau résistant, résilient, qui survit à toutes les crises, capable de se développer dans des pays divers, sous forme d'association locale", décrypte-t-il. En Espagne, où, de façon atypique par rapport au reste des implantations dans le monde, les réseaux publics de l'Institut français et associatifs de l'Alliance française cohabitent, "il faut continuer à marcher sur ces deux jambes", estime Jean-Paul Lefèvre, en connaisseur des subtilités de la maison, "et travailler de manière complémentaire". 

 

Il faut être attentif, ajuster les structures, développer les partenariats, être inventif et créatif

 

"Quelle image ont les Madrilènes de l'Alliance française ?", s'interroge son nouveau directeur. Dans un environnement où la concurrence est pléthorique, "il faut continuer à adapter et moderniser nos produits", juge-t-il, "avec un constant soucis de qualité et d'excellence". S'adapter à la demande du public aussi, "qui dispose de toujours moins de temps et d'argent", en développant des formules "plus ludiques, plus légères", en fonctionnant d'avantage "en mode d'ateliers", mais aussi en "revoyant les rythmes et les méthodes pédagogiques". En provenance du Brésil où il a dû accompagner le réseau à un moment où le pays s'enfonçait dans la crise, Jean-Paul Lefèvre n'a pas pour habitude le statu quo et ne craint pas le changement. "Il faut être attentif, ajuster les structures, développer les partenariats, être inventif et créatif", considère-t-il. "Il faut répondre aux attentes d'un public plus jeune, aux nouvelles pratiques culturelles et d'accès à la connaissance", résume-t-il encore. Dans ce contexte, la promotion des cours à distance et des formules hybrides fait clairement sens, mais pas que : le directeur de l'AFM souhaite aussi aller à la conquête d'un public plus périphérique, moins disposé à se déplacer dans le centre, et pourtant inclus dans la clientèle cible de la structure. "Il faut que nous ayons une vision des partenariats et des possibilités d'implantation, pour nous développer vers l'ouest madrilène notamment", analyse-t-il. 

 

Il faut que l'Alliance française reste un lieu de dialogue et d'ouverture sur les valeurs de la culture française et de la francophonie

 

Parallèlement, le DG de la Fondation Alliance française prépare un chantier qui devrait prochainement mobiliser l'ensemble des directeurs en Espagne : l'harmonisation et la mise en cohérence du réseau. "Cela passe par le dialogue, par l'échange", estime Jean-Paul Lefèvre, "afin d'identifier les axes prioritaires et fédérateurs". Concernant l'offre de cours, les méthodes utilisées ou la communication visuelle, "il est important qu'un élève de Madrid, qui quitte la capitale pour une ville de province, retrouve le même environnement et les mêmes repères, s'il continue ses cours dans notre institution", défend l'intéressé, sensibilisé à la mobilité croissante des citoyens. 

 

Si une rencontre avec l'ensemble des directeurs des Alliances françaises d'Espagne devrait être organisée à Madrid au printemps prochain, plusieurs échéances importantes jalonneront d'ici là le premier semestre 2018. A commencer par l'ouverture des inscription aux cours, effective depuis début janvier, et courant jusqu'à la fin du mois. Autre moment fort : la remise, le 31 janvier prochain à la Résidence de France, du Prix du Concours International de Photographie, organisé en collaboration avec l'EFTI. Du 8 au 12 mars, dans le cadre de la Francophonie, la quatrième édition du festival de cinéma francophone devrait voir une belle affiche présentée à la Cineteca, au Matadero. "Il faut que l'Alliance française reste un lieu de dialogue et d'ouverture sur les valeurs de la culture française et de la francophonie", commente Jean-Paul Lefèvre. "Nous sommes, plus qu'une simple école, un vecteur d'expérience de la langue et de la culture française".
 

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