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G. Aymeric, CleverGreen: pour une transition écologique ambitieuse

guillaume aymeric clevergreenguillaume aymeric clevergreen
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Publié le 10 décembre 2017, mis à jour le 24 avril 2018

Entrepreneur au long cours, Guillaume Aymeric est aussi un Français d'Espagne de longue date. En 2016, il a créé avec deux associés CleverGreen, une société qui se positionne dans le domaine des énergies renouvelables, dans un pays et à un moment où les évolutions technologiques pourraient bien bouleverser la donne du marché. Questions-réponses.

lepetitjournal.com : Pouvez-vous revenir sur votre parcours en Espagne et vos expériences professionnelles ? 
Guillaume Aymeric :
Cela fait pratiquement 25 ans que je vis en Espagne que je considère comme ma deuxième patrie. J’ai démarré ma carrière en 1993 en tant que volontaire pour le service militaire en Entreprise. J’ai dirigé les filiales de multinationales dans le domaine de l’IT (ADP-GSI, POLK-IHS) jusqu’en 2008. En 2008, j’ai cofondé une compagnie de conseil en optimisation des achats marketing avec de prestigieux annonceurs. J’ai abandonné toutes mes activités en 2016 pour définir et lancer le projet CleverGreen dans le domaine de la transition écologique. Je suis très heureux de cette décision qui me permet d’aligner mon activité professionnelle avec mes convictions. Nous sommes trois associés dans cette aventure, Anne-Catherine Chanterelle, Georges Etienne Baud et moi-même.

 

Vous vous lancez dans le domaine des énergies renouvelables et des technologies du développement durable. Quel est le positionnement exact de CleverGreen ?
CleverGreen est une entreprise qui propose des solutions innovantes et efficaces dans le secteur de la transition écologique. Nos domaines d’intervention sont aujourd’hui les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et bientôt l’éco mobilité. Il existe aujourd’hui un nombre infini de solutions et de technologies qui permettent de mettre en place une véritable transition écologique. Notre job consiste à identifier ces technologies et les présenter à nos clients. Nous leur démontrons qu’ils peuvent, à leur mesure, participer à la transition écologique tout en améliorant leurs performances et leur image. C’est gagnant-gagnant, d’un côté, j’obtiens un bénéfice opérationnel et de l’autre, je réduis mon impact environnemental. Nos clients sont des entreprises privées, des collectivités locales et des municipalités. Début 2018, nous allons lancer des solutions destinées au marché des particuliers.

 

Ce secteur est-il porteur en Espagne ?
Le secteur est porteur d’autant plus qu’il bénéficie d’un côté de la prise de conscience globale de la prégnance des problèmes environnementaux et climatiques et de l’autre, d’une reprise significative de l’activité économique, notamment dans la construction et les renouvelables. Les entreprises investissent dans leur outil de production et sont demandeuses d’équipements plus frugaux en énergie et, par conséquent, moins polluants. Il y a aussi une réflexion passionnante qui a lieu autour de l’urbanisme, de la mobilité, de la distribution d’énergie, de la production industrielle et alimentaire. Les technologies de l’information et la digitalisation peuvent contribuer d’une façon très positive à une meilleure gestion de nos ressources et à la réduction de notre impact climatique.
J’appelle de mes vœux une implication plus importante des autorités publiques tant au niveau national qu’européen afin de disposer de budgets plus importants pour encourager et dynamiser l’investissement public, celui des entreprises et des particuliers dans la transition écologique.

 

Comment se positionne l’Espagne dans sa démarche écologique, par rapport au reste de l’Europe ?
Du point de vue de la production d’énergies renouvelables, l’Espagne est en milieu de peloton (14e sur 28) par rapport au reste de l’Europe. La suède et la Finlande sont respectivement nº1 et nº2, la France occupe la 16e place, le Luxembourg et Malte sont bons derniers, selon Eurostat. En Espagne, les énergies renouvelables représentent 45% de la capacité de production électrique totale, selon le rapport REE 2016. L’éolien est nº1 suivi de l’hydraulique puis du solaire. Pour les autres domaines de la transition écologique tels que le bâtiment, les infrastructures, la mobilité, l’agriculture, le recyclage, etc… il reste encore beaucoup à faire en comparaison avec les pays du nord qui sont plus avancés que nous en la matière. Par exemple, la Suède est tellement efficace en matière de recyclage qu’elle importe des déchets.

 

Y a-t-il des bassins géographiques et des secteurs plus avancés que d’autres ? Quelles sont les dynamiques qui leur sont propres ?
Les renouvelables en Espagne répondent à un modèle "traditionnel" de l’énergie. Des grosses centrales de production, un réseau électrique, et des clients finaux qui payent sans broncher. Ce système est rigide, cher et lourd à gérer. De nos jours, grâce aux progrès technologiques, chaque agent économique peut se transformer en producteur d’énergie. La transition écologique dans le domaine de l’énergie doit passer par une décentralisation de la production (autoconsommation) et par la modernisation des réseaux électriques (smartgrids). Je trouve que ça constitue un très joli programme politique en matière d’énergie.

 

Quelles sont les perspectives dans le développement durable, en Espagne, pour les années à venir ?
Elles sont excellentes puisque nous ne sommes qu’au début du mouvement. La société est très demandeuse d’un "new deal" en terme de modèle de développement et ce, à tous les niveaux. Notre rôle dans cette logique est de trouver les solutions techniques et de le mettre en place. Je travaille d’ailleurs à créer un groupe de dirigeants, entrepreneurs, professionnels, élus et responsables politiques convaincus de la nécessité de lancer une transition écologique ambitieuse et de repenser nos modèles de développement et de société.

 

Quels sont vos conseils pour bien entreprendre en Espagne ?
L’ambiance business en Espagne est moins formelle qu’en France, on se tutoie, on donne l’accolade etc. cela ne doit pas cacher le fait que les affaires sont dures en Espagne, le niveau d’exigence élevé et il faut donc donner son maximum. Les Français peuvent parfois se montrer arrogants, condescendants ou donneurs de leçon. Ce n’est pas une bonne idée d’avoir cette attitude si vous voulez convaincre des clients espagnols de travailler avec vous. Les Espagnols adorent les proverbes et il y en a pour tout et pour tous. Un de ces proverbes affirme "donde fueres haz lo que vieres" équivalent de notre "à Rome fais comme les Romains". Il est important de prendre les choses comme elles viennent et ne pas tout comparer avec la France. C’est à mon sens la condition sine qua non pour bien profiter de votre séjour en Espagne. Pour ma part je prends un immense plaisir à vivre à Madrid, j’en apprécie la qualité de vie, le climat et la culture.