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Conférence Mujeres Avenir : santé sexuelle et prévention

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Julia Robles
Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 29 mai 2018

Vendredi dernier, l'association Mujeres Avenir a organisé une table ronde en collaboration avec l'Ambassade de France en Espagne, sur le thème de la santé sexuelle et de la prévention chez les jeunes.

 

La présidente de l'association, María Luisa de Contes a modéré le débat mené par les docteurs Mercedes Herrero et Zinna Bessa, la psychologue scolaire Beatriz Aranda, la pédagogue Carmen Perdices et la coach Concha Peral de Andrés.

Les conférencières ont tout d'abord rappelé que bien que l'information soit désormais facilement accessible grâce aux nouvelles technologies, les jeunes restent notoirement désinformés en matière de santé sexuelle. Une ignorance qui les met en danger : selon la présidente de l'association, "les jeunes d'aujourd'hui accèdent depuis leur mobile au visionnage de contenus à caractère pornographique, qui leur donnent une information déformée, comme le cas tristement célèbre de la Manada l'illustre. Certains jeunes, spécialement les hommes, trouvent normal d'engager des relations sexuelles de la sorte".

 


Plus de protection, plus de maladies et d'avortements

 

Mais l'inquiétude est surtout liée au fait que les jeunes ne sont plus conscients de l'importance cruciale de l'usage des moyens de contraception. Le docteur Mercedes Herrero Conde, spécialiste en gynécologie et obstétrique a exposé à l'aide des données de l'enquête SEC de 2016 que "49,10% des jeunes entre 15 et 19 ans n'utilisent aucune méthode contraceptive". C'est le groupe d'âge qui utilise le moins de contraception, mais ceux qui ne se protège pas sont aussi nombreux chez les 30 et 34 ans (22,3%), contre respectivement 12,3% et 18,7% pour les 20-24 et 25-29 ans. Concernant les métholdes les plus utilisées, le préservatif est en tête pour 74,60% des hommes et 57,90% des femmes. "Qui enseigne l'éducation sexuelle aux jeunes ? Pourquoi la prévention est tant difficile ?" se demande la gynécologue, ajoutant que "seulement dans un cas sur trois les adolescents recoivent l'éducation sexuelle à la maison".

Et les conséquences de l'abandon des méthodes contraceptives a des concéquences : le taux de syphilis a quasiment quadruplé par rapport à celui de 1995, la gonorrhée, autre MST pouvant entrainer l'infertilité, qui était en baisse depuis les années 1990 est aujourd'hui à un niveau comparable à celui des années 80. Le nombre d'avortements en Espagne chez les adolescentes et mineures a aussi augmenté significativement. "Pour 100 femmes de moins de quinze ans qui avortaient en Espagne en 1996, elles étaient 406 en 2016. Nous parlons de dix filles de moins de quinze ans qui avortent par semaine, et 50 de moins de 20 ans chaque jour", a expliqué la docteur. Les conférencières ont également appuyé l'importance de l'éducation sexuelle : "Il faut enseigner aux adolescents, leur donner les moyens et les éduquer pour qu'ils soient plus forts", a estimé la coach Concha Peral de Andrés.

 

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Photo : Julia Robles

 

L'éducation : un rôle indispensable dans la prévention

 

Concha Peral de Andrés a par ailleurs souligné "le rôle important qu'ont les familles et la société dans l'éducation et la promotion de valeurs", avant d'ajouter que "les tabous et l'ignorance, qui ne concernent pas que les jeunes, occultent les abus sexuels et la fonction des parents qui est de protéger et d'enseigner : l'éducation commence à la maison". La prévention doit commencer par les parents mais l'école n'est pas en reste. La psychologue Beatriz Aranda a exposé plusieurs actions pour la prévention qui ont été réalisée au sein du Lycée français de Madrid : "Dans l'éducation pour la sexualité, plusieurs acteurs doivent participer, depuis les professeurs jusqu'aux professionnels de la santé et experts extérieurs, tout en adaptant l'éducation donnée à chaque groupe d'âge", a-t-elle déclaré.

 


La santé sexuelle, une affaire d'Etat en France

 

Enfin, la docteure Zinna Bessa a expliqué quelle était la situation en France. Contrairement à l'Espagne, la santé sexuelle est un sujet qui concerne la politique du Gouvernement et la politique publique. Mais comme dans le pays voisin, le bilan n'est pas fameux : 6.000 cas de séropositivité VIH ont été diagnostiqués en 2016 et les infections sexuellement transmissibles ont augmenté de 13% entre 2013 et 2015.
Mais la stratégie du domaine de la santé en France se base sur une politique de santé globale constituée de trois axes prioritaires : renforcer la prévention, diminuer les inégalités en matière de santé et faciliter les démarches sanitaires. Selon la docteure, "de cette manière, on fait la promotion de la santé sexuelle et de l'éducation à la sexualité, points clés, lancant un message fort sur l'importance d'un point de vue intégré et stratégique".

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