Selon le dernier recensement publié par l'INE, l'institut national des statistiques espagnol, plus de 1800 villages en Espagne ne disposeraient en tout et pour tout, pour population, que d'un seul habitant.
C'est le journal numérique El Confidencial qui a révélé l'information, il y a quelques jours. Alors que la crise du Covid avait (aussi) fait parler d'elle pour l'exode urbain dont elle est à l'origine, avec une tendance marquée des populations des grandes villes de retourner vers leurs périphéries et plus loin, le phénomène des villages à un seul habitant illustre une réalité plus crue de la vie rurale, dans bien des cas en Espagne.
Les communautés autonomes les plus touchées sont de fait et sans surprise loin des grandes capitales : les Asturies et la Galice, caracolent loin devant le reste du pays en la matière. Mais les provinces de Salamanque, dans le centre et toute la frange pyréneenne, du Pays Basque à la Catalogne sont aussi représentatrices de cette Espagne vide. Plus surprenant, dans la Communauté de Madrid on retrouve une vingtaine de villages concernés : c'est le cas par exemple de Prado Grande, rattaché à la commune de Boadilla, d'El Garzo, rattaché à Las Rozas, ou de la Galeana, rattaché à San Fernando de Henares, des zones particulièrement proches de la capitale. Le village de Can Mir, rattaché à la commune de Viladecavalls, à quelques encâblures de Barcelone, ne comporte lui aussi qu'un seul habitant.
Les difficultés de l'Espagne rurale
De manière générale, ces quelque 1800 villages où une seule âme réside illustrent les difficultés de l'Espagne rurale la plus profonde, qui depuis de nombreuses années souffre d'une désertification aigue. Certaines zones d'Espagne sont moins peuplées que la Laponie : c'est le cas de la zone qui a été nommée la Serrania Celtibérica, qui recouvre des territoires compris entre Castille-La-Manche, Catsille et Léon, Aragon, Valence et la Rioja, et est caractérisée par une densité de population inférieure à 8 habitants au km2. En 2019, on estimait que quelque 3.000 villages et hameaux étaient laissés à l'abandon. Un boom immobilier, illustré par la vente de villages complets à des prix maudiques, avait déjà illustré les attraits et les effets repoussoirs de l'Espagne rurale. Lors des dernières élections générales, le parti "Teruel existe" a obtenu un député à l'Assemblée, une première pour cette Espagne du vide.
La crise du Covid pourrait être l'opportunité pour cette Espagne rurale d'éviter la mort lente à laquelle elle semble condamnée. Le télétravail et une nouvelle attractivité du monde rural dans ce début d’ère post Covid-19 constituent des sources d’espoir indéniables pour une partie de ces territoires.