Lors des élections du 28 avril dernier, le PSOE a obtenu une large majorité au congrès des députés (123 sièges), mais pas absolue (176). Pedro Sánchez devrait déclarer la date de l’investiture mardi. S'il n'obtient pas les appuis nécessaires au cours des deux tentatives qui lui sont permises, il est néanmoins possible que de nouvelles élections soient organisées à l'automne.
Une des rares certitudes concernant la position de chacun des partis, face à l'investiture de Pedro Sánchez, qui doit au moins être appuyée par un nombre supérieur de "oui" à celui de "non", concerne la position des deux partis de droite PP et VOX, qui voteront contre l'élection du dirigeant socialiste. Concernant le parti de centre droit Ciudadanos, à propos duquel le PSOE a longtemps espéré qu'il pourrait compter sur une simple abstention, et non un vote contre, tout semble indiquer, comme l'a à maintes reprises réitéré son président Albert Rivera, qu'il ne faudra pas compter sur la moindre clémence. Ce sera donc "non" aussi de la part du parti orange. Ne restent plus que les votes d'Unidas Podemos, des petits partis régionalistes et des partis indépendantistes pour permettre à Sánchez d'atteindre la majorité des voix.
Unidas Podemos, avec ses 42 sièges, désire faire une alliance avec le PSOE, mais pas sous n'importe quelles conditions. Le parti d’Iglesias demande des places dans certains ministères en échange de son soutien, alors que Sánchez ne propose que des postes intermédiaires. Iglesias, a déjà annoncé qu'il considérait que l’investiture prévue au mois de juillet allait échouer, et qu'il souhaitait repousser à septembre les accords pour investir Sánchez. Alors que le "oui" de Unidas Podemos semblait acquis, le doute plane plus que jamais quant à l'appui de la formation violette à un gouvernement socialiste auquel elle ne prendrait part à la tête d'aucun ministère.
Quoi qu’il en soit, une alliance entre le PSOE et Podemos pourrait investir Sánchez avec une majorité simple (165 sièges), mais ce n’est pas suffisante pour obtenir une majorité absolue (176), nécessaire pour passer au premier tour. L'alliance serait en outre fragile, puisqu'elle soumettra à nouveau le PSOE pour toutes les décisions de gouvernance, au vote des "petits partis". Même en cas d'investiture, le risque d'une impossibilité de faire avancer les lois, ou de définir un budget, comme cela a été le cas lors du blocage de fin 2018, qui a poussé Sánchez à convoquer de nouvelles élections, est bel et bien réelle.
Du côté des indépendantistes catalans, Rull, Turull et Sánchez, trois des prisonniers de la crise catalane, demandent à Junts Per Catalunya de s’abstenir pour éviter un blocage politique. Le porte-parole parlementaire d’ERC, Gabriel Rufían, a laissé sous entendre que ses 14 députés s’abstiendraient pour ne pas bloquer l’investiture de Pedro Sánchez, à condition que le PSOE ouvre le dialogue sur les questions de souveraineté catalane. Alors qu'il cherchait à tout prix à l'éviter, Pedro Sánchez se trouve à nouveau dépendant des exigences des indépendantistes.
Une majorité absolue difficilement atteignable
Dans ces conditions, il sera de toutes façons difficile pour Sánchez d’obtenir une majorité absolue dès le premier tour. Tous les partis se tiennent donc prêts à procéder à un deuxième tour concernant l’investiture.
Le chef du parti socialiste a été proposé par le Roi pour son investiture, ayant remporté le plus de sièges lors des élections générales mais il ne sera pas forcément investi. En effet, au premier tour le PSOE doit obtenir la majorité absolue, soit 176 sièges. Pour y parvenir, les socialistes peuvent compter sur leurs 123 sièges, mais devront tout de même faire des alliances, ce qui semble compliqué. Si la confiance n’est pas accordée par une majorité absolue, le candidat se soumettra 48 heures plus tard à un nouveau vote de confiance où la majorité simple sera requise.
Il est possible que Pedro Sánchez n’obtienne pas la majorité simple non plus, par exemple si la coalition de droite et Podemos votent contre son investiture, il n’y aura pas de majorité. Si ce cas de figure se concrètisait, un remplaçant lui serait désigné, et si dans les deux mois qui suivent le premier scrutin, aucun candidat n’obtenait l’investiture du Congrès, le Roi en prononcerait la dissolution du Congrès. Cela conduirait à de nouvelles élections générales. Depuis 2015, il y en a déjà eu trois.
La Moncloa a déclaré que la première tentative d’investiture aura lieu le 9 ou le 23 juillet. Cette décision sera officialisée mardi. Si d’ici là Podemos décide de s’unir avec les socialistes, le PSOE devra compter sur d’autres acteurs pour espérer avoir la majorité absolue.