A l'occasion de ce superdimanche électoral, les Espagnols se sont déplacés en masse pour déposer leurs bulletins dans l'urne, avec à la clé des élections européennes, mais aussi municipales et autonomiques dans de nombreux cas, et notamment à Madrid.
Les Espagnols étaient donc à nouveau appelés aux urnes ce dimanche, pour une triple échéance électorale, après "un exténuant cycle électoral de 4 ans", comme titrait ce week-end le quotidien El País. Entre les Législatives de 2015 qui avaient vu le PP l'emporter sans obtenir une majorité suffisante pour former un gouvernement, les Législatives de 2016 qui cette fois-ci avaient accordé à la formation conservatrice l'équilibre nécessaire pour placer Mariano Rajoy à la tête du pays, tandis que le PSOE récoltait son pire résultat de l'Histoire, avec seulement 90 députés, puis la motion de censure de Pedro Sánchez en juin 2018 et finalement les élections Législatives d'avril dernier, et avec un feuilleton à rebondissement en 2015 et en 2017 au sein de la Généralité catalane, la boucle devrait être bouclée ce dimanche et les cartes réparties pour une nouvelle donne politique.
Elections Européennes
Tandis que quelque 427 millions d'Européens étaient appelés aux urnes, dans les 27 états membres de l’Union, sans prendre compte du Royaume-Uni, pour élire les 705 députés qui siégeront au Parlement européen (751 en 2014), les Espagnols devaient élire 54 députés.
Rappel des résultats en 2014 en Espagne :
Taux de participation : 45,85%.
PP : 16 sièges (-8) avec 26,03% des suffrages.
PSOE : 14 sièges (-9) avec 23,04% des suffrages.
Izquierda plural (IU) : 6 sièges (+4) avec 9,99% des suffrages.
Podemos : 5 sièges (+5) avec 7,93% des suffrages.
UPyD : 4 sièges (+3) avec 6,46% des suffrages.
Coalición por Europa (CiU, PNV y CC) : 3 sièges (+1) avec 5,45% des suffrages.
EPDD (ERC) : 2 sièges avec 4,08% des suffrages. En 2009 ERC partageait 1 siège avec Bildu et BNG.
Cs (Ciudadanos) : 2 sièges (+2) avec 3,16% des suffrages.
LPD (Los Pueblos Deciden : Bildu et BNG) : 1 siège des suffrages.
Primavera Europea (Equo, Compromís y CHA) : 1 siège (+1) des suffrages.
Européennes : estimations selon sondage Celeste.Tel
Le PSOE devancerait le PP, avec 20 sièges, contre 12 pour le parti conservateur. Les deux formations seraient suivies par C's (7), Unidas Podemos (6) et Vox (3).
A 86% du scrutin dépouillé, les résultats étaient les suivants :
- PSOE 33%
- PP 20%
- C’s 12%
- Podemos 10%
- Vox 6%
A noter que tant Carles Puigdemont comme Oriol Junqueras obtiendraient leur passeport d'eurodéputé.
Municipales et autonomiques
Les Espagnols de 12 régions et des villes de Ceuta et Melilla étaient convoqués pour les élections autonomiques. Exception faire de l'Andalousie, dont les élections se sont tenues fin 2018, portant la Droite à la tête de la région pour la première fois depuis plusieurs décennies, mais aussi de la Communauté de Valence (avril 2019) et de la Catalogne, dont le feuilleton électoral s'est soldé en 2017 par la constitution d'un Parlement dirigé par les indépendantistes, l'ensemble de l'Espagne était appelée à renouveler les dirigeants des régions.
Dans plus de 8.000 municipalités espagnoles, les élections de ce dimanche constituaient aussi un test pour Pedro Sánchez, tout frais vainqueur des élections législatives. Elles seront particulièrement significatives à Madrid et à Barcelone, deux villes tenues par des "maires du changement", Manuela Carmena et Ada Colau, deux capitales économiques objet des convoitises de tous les partis.
Manuela Carmena et Ada Colau menacées
A Barcelone, avec plus de 96% des bulletins dépouillés, c'est finalement Ernest Maragall, ERC, qui aura reçu le plus grand nombre de voix au cours des Municipales pour la Mairie de la capitale catalane. Il l'emporte avec 21,35% des votes, contre 20,71% pour Barcelona en Comé, la formation de la Maire sortante, Ada Colau.
Le PSC s'attribue 18,45% des suffrages, la candidature menée par Manuel Valls, proche de C's, 13,25%.
Junts obtient 10,41% des voix, le PP 5,03%. Le parti d'extrême droite Vox plafonne avec 1,16% des suffrages exprimés.
A Madrid, le scrutin s'avèrait particulièrement serré. La réelection de la Maire sortante Manuela Carmena, pourtant largement donnée gagnante, n'a pas eu lieu.
Sur les 57 sièges de conseillers municipaux, Más Madrid remporte 19 sièges, tandis que le PSOE en récolte 9. En face, le PP, mené par José Luis Martínez Almeida, successeur d'Esperanza Aguirre comme porte parole du PP à la Mairie, récolte 14 sièges, Ciudadanos 11 et le parti d'extrême droite Vox, 4. La balance penche donc, à 90% des bulletins dépouillés en faveur d'une alliance à l'andalouse, qui devrait faire basculer la capitale à droite.
Dans la Communauté de Madrid, le jeu des alliances n'a longtemps pas permis de définir une majorité claire. Un sondage à la sortie des urnes pour Telemadrid, divulgué à 20h, indiquait que la région passerait aux mains du PSOE, pour la première fois depuis 24 ans. Il faut au moins 67 sièges pour obtenir la majorité au sein de l'Assemblée de Madrid, l'organe en charge de diriger la région, au sein duquel le parti d'extrême droite Vox devrait faire son entrée. A plus de 77% du scrutin dépouillé, c'est néanmoins la Droite qui devrait l'emporter. Isabel Díaz Ayuso (PP) serait alors la nouvelle Présidente de la région.
Sur l'ensemble du territoire, le PSOE s'impose comme le parti le plus voté au cours de ces élections autonomiques.