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Olivia Ruiz, espagnole de cœur, parle de son livre sur les exilés de la guerre civile

Olivia RuizOlivia Ruiz
(c) Sidney Carron
Écrit par Marion Lantin
Publié le 17 octobre 2022, mis à jour le 18 octobre 2022

Olivia Ruiz est heureuse, son premier roman qui a connu un grand succès en 2020 en France, sort en Espagne aux Éditions Duomo. L’exemplaire de son livre en espagnol, "El color de los recuerdos", est un beau cadeau qu’elle souhaite offrir à sa grand-mère Rita, dès qu’elle rentrera en France après sa tournée de promotion à Barcelone et à Madrid.

 

 

Artiste aux multiples talents, Olivia chante, compose, joue, met en scène et écrit. Profondément humaine, émotive et émouvante, elle raconte l’histoire des exilés espagnols de la guerre civile, pour que les gens connaissent cette partie de l’Histoire trop peu relayée.

 

Et surtout, pour que les réfugiés d’aujourd’hui et de demain soient accueillis autrement, pour que les hommes ne commettent pas les mêmes erreurs que par le passé. Entretien à l’Institut français avec une femme chaleureuse et spontanée, qui ne se lasse pas de raconter l’histoire de ses personnages mêlée à sa propre histoire.

 

Lepetitjournal: Ton livre existe désormais en Espagne en espagnol, comment le vis-tu?

Olivia Ruiz: Émotionnellement, c’est quelque chose d’assez fort. Au fur et à mesure de mes rencontres ces deux derniers jours à Barcelone et Madrid, je me suis rendue compte que ce que j’ai pu écrire d’historique dans mon livre, même ici, certains ne le savent pas. Et c’est un peu fou. Je savais que les Français connaissaient mal cette part de l’Histoire, mais je pensais que les Espagnols en avaient toutes les clés. Qu’ils connaissaient la "Retirada", les camps, mais finalement pas vraiment. Donc j’avoue que je suis un peu à fleur de peau. Parce que l’émotion est grande de se dire qu’il y a des choses oubliées qui vont ressurgir.

 

couverture du livre d'olivia ruiz

 

Peut-on parler de ton roman aussi comme d’un travail de mémoire?

Complètement, indépendamment de ma volonté. Je ne sais pas pourquoi ni comment certains de ma famille, mon frère particulièrement, Toan qui est rappeur et qui a écrit de très belles chansons sur le sujet, notamment un très beau clip qui s’appelle "El silencio", nous étions quelques-uns à être complètement habités par le sujet, presque obsédés par le fait de comprendre de quoi nous avions hérité alors que nos trois grands-parents espagnols étaient dans l’incapacité de partager leur histoire. Probablement trop de souffrances. On imagine bien que quand tu as entre 6 et 10 ans, que tu te retrouves à faire 400 bornes à pied durant l’hiver le plus froid qui n’ait jamais été vu en Catalogne jusqu’à aujourd’hui ; que tu finis parqué sur une plage où on ne te donne même pas à manger pendant des mois, où tu es maltraité, où les premiers mots que tu apprends sont des insultes parce que c’est comme ça qu’on s’adresse à toi, on peut comprendre que ces personnes aient cousu leur bouche sans le vouloir.

A partir de quel âge as-tu ressenti cet intérêt pour le sujet des exilés et réfugiés espagnols?

Ça a été très précis. A l’âge de 8 ans on partait voir notre famille en Espagne pour la semaine sainte, chose que l’on faisait quasiment tous les ans. On prépare des chansons avec mon père, parce qu’il est chanteur, et que ça fait plaisir à la famille. Et tout d’un coup il me dit 'tiens, la Foule, d’Edith Piaf, existe en espagnol' et il me sort le texte. Moi à ce moment-là je n’avais quasiment jamais entendu parler l’espagnol, à peine mon grand-père quand il le chantait. Je me mets à chanter le texte, et là ma voix se transforme. Tout de suite. Le timbre change, ma voix devient beaucoup plus grave, rocailleuse. Alors que j’ai 8 ans, j’ai une petite voix toute fluette à la Vanessa Paradis. Cette scène a laissé mon père totalement perplexe et moi avec. C’était le premier cri non pas du cœur mais du corps. Et le déclencheur. Et là j’ai commencé à poser des questions, et je me suis retrouvée face à des portes closes ou des larmes. Des torrents de larme.

J’ai hâte d’aller voir ma grand-mère Rita et lui ramener la version espagnole. Pour lui dire tu vois, Abuela, je suis éditée en Espagne, on est un peu de retour.

Donc ce n’était pas seulement le silence autour de ce sujet, mais une absence de réponse, ou une grande tristesse….

Oui. J’avais une de mes grand-mères qui me disait 'mais arrête de regarder le passé, regarde devant'. Et l’autre grand-mère qui est toujours en vie et qui s’appelle Rita (ndlr : comme le personnage du roman), quand je lui demande 'parle-moi de l’Espagne', c’est tout de suite des larmes et des larmes. Tu vois bien comment c’est quand tu pleures, tu ne peux pas parler. Je pense que cela lui ferait du bien de le sortir mais elle est juste dans l’incapacité de le faire.

Dans ton roman, qu’est-ce qui relève de la fiction et de ton histoire familiale?

Facile : les prénoms je les ai piqués à des membres de ma famille et les noms de famille aussi pour leur faire des petits clins d’œil. Et tout le reste c’est fiction. De toutes façons, je n’avais pas un seul élément, donc je n’avais pas d’autre choix que de faire une fiction. Et ce qu’il y a d’amusant c’est qu’avec le livre, des petites choses se sont passées. Par exemple, je suis allée voir un de mes cousins en Espagne, près de Gérone, après qu’il a lu la traduction du roman en espagnol, et à qui j’avais dit 'tu verras, ce n’est pas l’histoire familiale, c’est trois petites filles qui font la Retirada alors que nous, elles étaient 4 ou 5'; et là mon cousin me dit mais bien sûr qu’elles ont fait la Retirada et qu’elles sont allées dans les camps. Là les bras m’en sont tombés, et je lui ai dit 'mais c’est pas possible, personne ne le sait chez moi'. Là avec du recul ensuite je me suis dit qu’il y avait une logique. La mère de mon cousin était beaucoup plus âgée que ma grand-mère et elle est revenue en Espagne tout de suite après la fin de la guerre. Donc elle, le déracinement n’a été que ponctuel. Donc il y a vraiment une différence majeure entre celle qui n’a jamais pu revenir et celle qui est revenu. A mon retour, j’ai dit à mon père 'mais comment toi tu peux ne pas savoir que mes grands-parents ont fait la Retirada alors que ton cousin germain le sait'. Et tout d’un coup mon père me dit 'maintenant que tu me dis ça, je me rappelle que ma grand-mère, quand on était petit me disait qu’elle enterrait ses filles chaque soir dans le sable pour ne pas qu’elles meurent de froid'. Et là, un choc de plus. Cette image est tellement puissante, douloureuse et belle que j’ai envie de me mettre à pleurer. J’ai engueulé mon père en lui demandant comment il pouvait oublier un truc pareil.

 

olivia ruiz, pendant la présentation du livre aux personnes présentes
Olivia Ruiz, à l'Institut français, lors de la présentation de son livre en Espagne

 

On peut sûrement parler de refoulement, ce processus psychologique de protection…

On peut imaginer oui…. Après c’est seulement des histoires que je me raconte, des déductions que je fais, et puis les souvenirs sont mouvants. De plus, deux des grands-parents espagnols sont morts aujourd’hui. Je pense que ceux qui ont parlé de cette époque sont clairement minoritaires malheureusement pour nous.

Et toi, qui est aujourd’hui maman d’un garçon de 8 ans, comment fais-tu pour lui transmettre ton histoire?

D’abord il a énormément de livres sur les migrants. Ce qui m’intéresse dans le fait de lui transmettre les choses, c’est pas hier. C’est demain. Je veux qu’il soit en capacité de comprendre l’histoire de ses grands-parents pour pouvoir, le jour où il sera confronté lui aussi à l’exil, allez savoir, ou peut être aussi à des exilés, qu’il soit en capacité de tendre la main en mémoire de ses ancêtres, c’est tout. Mais il s’en fiche complètement de l’espagnol, il préfère l’anglais (rire). C’est un petit garçon qui a une personnalité très forte et qui est toujours à l’inverse des parents même s’il est encore petit. Mais il est ravi de venir en vacances en Espagne, il adore, on vient une semaine chaque année et il a rencontré ses petites cousines catalanes, qui parlent espagnol ; et de loin je l’entendais dire 'pero claro !' (rires), il communiquait super bien sans avoir pratiquement aucun mot. Il connait l’Histoire, il connait Franco, il sait lesquels des grands-parents sont venus, à quel âge. Il sait que ça a été difficile pour eux. Il a vu mon spectacle 'bouche cousue' qui raconte tout ça ; il sait ce qu’est La Retirada. Mais ça ne l’intéresse pas plus que ça ; c’est un petit garçon qui veut être lui plus qu’être l’héritier de ses parents.

Elle enterrait ses filles chaque soir dans le sable pour ne pas qu’elles meurent de froid

Tu es romancière (ndlr : son deuxième roman a paru en France « Écoute  la pluie tomber ») et compositrice, quelle est la différence entre l’écriture d’un roman et celle de paroles de chanson? 

La liberté ! Avec le roman tu peux t’étendre, tu peux poser une situation et jouer les rythmes très fort, bizarrement. Il y a quelque chose qui est plus de l’ordre de l’abandon. Alors que quand on fait une chanson, le format fait qu’on jette plein de choses sur le papier, mais on n’a pas le temps de s’abandonner, on sait qu’il va falloir se restreindre ; on va garder trois idées fortes mais on ne rentre pas dans une immersion telle qu’avec le roman, qui est très agréable. Ce moment où on a suffisamment écrit pour que nos personnages soient posés. Et qu’on soit juste en train de les aimer, ou de les détester. Mais en tous cas de s’attacher à eux. C’est très agréable, ça console. On a l’impression qu’ils existent au bout d’un moment. Ca fait du bien.

 

Olivia Ruiz, pendant une dédicace
Français et Espagnols étaient venus nombreux pour se faire dédicacer le livre de l'artiste Olivia Ruiz

 

D’où l’envie de prolonger cette histoire j’imagine? Puisque tu as écrit un deuxième roman…

Oui. Et justement le personnage de Carmen (ndlr : qui est une des sœurs dans le premier roman et qui est le personnage central du deuxième roman), quand j’ai écrit cette première histoire, j’apprends que ma grand-mère a fait la Retirada, et qu’elle avait 6 ans : l’âge de Carmen. Et on m’avait dit 'ta grand-mère était difficile quand elle était jeune' … Alors juste avec ces deux éléments (elle claque des doigts), je suis partie ! Mais à nouveau tout est fictif, si ce n’est ce lieu magique de mon enfance qui est le café de Marseillette.

Quels sont les retours que tu as de ce deuxième roman?

A nouveau j’ai beaucoup de chance, il a bien fonctionné. C’est rigolo, il y en a qui préfèrent la commode (ndlr : titre du premier roman en français La "commode aux tiroirs de couleurs") et d'autres qui préfèrent Carmen (ndlr : héroïne du deuxième roman "Écoute tomber la pluie"). Certains me disent 'Carmen, quand même, elle envoie ! C’est moins sage!'.

La junte de Calais, c’est le camp d’Argelès des Catalans, 65 ans plus tard…La preuve qu’on ne tire aucune leçon de l’histoire

Dans le premier roman Rita a deux sœurs : Carmen et Leonor. Le premier était consacré à la vie de Rita, le deuxième celle de Carmen… Peut-on espérer un troisième roman sur la vie de Léonor?

(rires) Pour le moment pas du tout, je viens de finir une courte pièce, qui sera jouée et qui fera partie d’un recueil de 9 pièces. Mais non, pour le moment je travaille sur une autre histoire, je fais une pause. Mais bien sûr qu’il faudra que je boucle la trilogie. Et puis j’ai déjà l’histoire de Léonor, qui part encore bien loin (geste de la main qui s’envole comme un oiseau) ; la 'parfaite' Léonor avec son petit mari chéri, ce couple qui va 'si bien' (rire).

Suite à ton premier roman, tu as reçu un très grand nombre de témoignages de la part d’exilés espagnols, et de leur descendance. As-tu également reçu des témoignages de personnes ayant vécu l’arrivée des Espagnols en France? En situation d’accueil de migrants? De personnes qui auraient pu être bouleversées de voir l’envers du décor et se rendre compte du ressenti, du vécu d’un migrant, d’un exilé?

Non…. Aucun….En revanche j’ai eu des témoignages d’exilés d’autres pays. Une maman africaine venue en France pour éviter que sa fille ne soit excisée; je pourrais en repleurer d’ailleurs. Une polonaise, suite à mon spectacle 'bouches cousues' qui m’est tombé dans les bras et qui s’est mis à me parler en polonais. Son mari m’a expliqué que depuis son arrivée c’était la première fois qu’elle reparlait sa langue natale sur le territoire français.

On pourrait imaginer que ton livre, au-delà d’un écho et d’un vécu personnel de l’exil, touche aussi en tant 'qu’accueillant'. Qu’il touche ceux qui vivent l’immigration de l’autre côté, qui reçoivent chez eux, et permettre de changer de regard sur les émigrés?

Ah ben je vais te dire, quand la guerre en Ukraine a éclaté, mon fils m’a tout de suite dit 'Maman, on va en prendre à la maison ; on peut pas les laisser, j’étais tellement fière'.

Je m’attendais à me faire 'snyper' en mode 'la chanteuse qui se met à écrire'

C’est vrai qu’à l’époque de l’arrivée des Espagnols en février 1939, l’accueil a été rude…

C’est sûr qu’on est loin d’être exemplaires, ça se saurait.

Dans ce cas précis, les Espagnols ont été enfermés dans un camp, parqués.

La junte de Calais, c’est le camp d’Argelès des catalans, 65 ans plus tard…La preuve qu’on ne tire aucune leçon de l’histoire et c’est nécessaire d’en parler et d’en parler encore et encore.

Donc au-delà d’un travail de mémoire, tu considères que tu fais aussi un travail d’information auprès de tes lecteurs, de ton public? Est-ce qu’il y a aussi un engagement politique par rapport à ce sujet?

Bien sûr. C’est ça mon but. Tu sais ce qui m’a fait prendre la plume définitivement ? C’est la photo du petit Aylan échoué sur la plage (ndlr : photo du petit Aylan Kurdi, Syrien de 3 ans tragiquement retrouvé sans vie sur une plage turque l'été 2015. Image qui a fait les unes des journaux du monde entier). C’est pas ma grand-mère. C’est pas mes grands-parents. C’est pas ça qui compte pour moi. Et pourtant on me dit 'alors, tu vas pouvoir reconstituer ton histoire' mais mon histoire elle m’est égale en fait, la vérité finalement (moue du visage joues gonflées avec un air circonspect) … Ce que j’aurais voulu, c’est sauver mes grands-parents de leur peine, j’ai pas réussi ; maintenant ils sont plus là, et pour la dernière, elle refuse toujours. Donc ça c’est derrière moi depuis longtemps…

 

En toile de fond du roman, tu nous parles aussi du lien entre les générations, du regard que l’on porte sur l’histoire de nos aînés. Est-ce quelque chose d’important pour toi de montrer les personnes âgées comme les personnes porteuses de leur histoire, et ne pas les réduire seulement à leur vieillesse, malgré le temps qui passe, malgré la mort?

Absolument. Et puis surtout nos ainés sont toujours un mystère pour nous quoi qu’on en dise. Comme on dit 'tant qu’on vit pas chez les gens' … Et Rita est une femme résolument moderne et elle a beaucoup souffert d’avoir sacrifié sa sexualité au profit de son rôle de mère. Car elle aurait pu quitter André si elle n’avait pas été dans une culpabilité, pour ne pas arracher sa fille, puis sa petite fille, à André qui était leur père et grand-père. Dans ses lettres, Rita parle de certaines choses à sa petite fille qui peuvent paraitre inappropriées, de sa sexualité, mais c’est une façon de dire 'la sexualité te rendra libre aussi'. La liberté est l’obsession de Rita.

En tous cas ton livre donne vraiment à voir, à regarder, à observer, presque à traquer les parents et les grands-parents différemment

Ah c’est chouette, c’est trop chouette.

Plus léger, ton livre a déjà été adapté en BD…

Oui, par une petitoune de 23 ans, c’est son premier album, elle a assuré !

Et va bientôt être adapté en série, est-ce pour bientôt?

Je suis sur le point de recevoir ce que l’on appelle 'la bible', le scénario et j’ai emmené cet été les scénaristes à Marseillette, à Narbonne, un peu partout, la productrice les a emmenés à Argelès pour qu’ils s’imprègnent un petit peu de tout ça.

Tu t’attendais à un tel succès?

Je m’attendais à rien. Je m’attendais à me faire snyper en mode 'la chanteuse qui se met à écrire', à ce que tous les médias me tombent dessus… Et bon voilà…(sourire), je touche ma tête, ça ne s’est pas passé. C’est pour ça que je ne voulais pas le sortir et que mon agente a envoyé le livre dans mon dos aux éditeurs alors que je venais de lui dire que je ne me sentais pas prête. Je lui ai dit qu’elle devrait jouer au poker parce qu’apparemment elle a un don pour les prises de risque.

Ce qui m’a fait prendre la plume définitivement, c’est la photo du petit Aylan échoué sur la plage

D’où est venu le titre: La commode aux tiroirs de couleurs?

C’est pas moi qui l’ai choisi, ça c’est le titre du PDF de la mini nouvelle que j’avais écrite il y a 10 ans, et qu’a retrouvé mon agente ; sur l’impulsion de Mathias Malzieu (ndlr : musicien, écrivain, réalisateur)  qui lui a dit 'vas-y, c’est le bon moment, elle ne veut être que maman, elle ne veut plus faire de tournées'. Donc voilà après avoir passé une après-midi avec Mathias Malzieu, mon agente revient vers moi et avait retrouvé les nouvelles que je lui avais envoyées à l’époque où elle travaillait chez Flammarion, mais je l’avais plantée parce qu’à l’époque j’étais en tournée… L’une d’elle s’appelait 'La commode aux tiroirs de couleurs', elle m’a dit: 'tu n’as plus qu’à les remplir. Moi tu sais, je perds tout, je suis très mauvaise archiviste, d’ailleurs je perds énormément de mon travail à cause de cela'. Je me suis prise au jeu. Mais je détestais ce titre et je ne l’aime toujours pas de fou.

Le mot « commode » a été supprimé dans le titre espagnol…

Ouais, mais il a viré partout, dans toutes langues. Mon titre préféré c’est l’allemand 'Toute une vie en une seule nuit', c’est beau hein? 'El color de los recuerdos' c’est joli aussi, ça sonne bien. Mais à l’époque je n’avais pas eu l’idée.

Comment a été accueilli ce premier roman dans ta famille à l’époque de sa sortie?

Bien. Il y a eu un peu de tout. Ma mère m’a dit 'mais, c’est pas du tout notre histoire' (rires). Je lui ai dit 'Ben évidemment puisqu’on ne la connait pas'. Du coup elle m’a dit, que ça lui avait fait se demander pourquoi elle n’avait jamais posé plus de questions. Ma grand-mère Rita ne l’a pas lu. Quand je lui ai offert un exemplaire, elle était fière, elle l’a posé bien calé sur le manteau de la cheminée, bien en vue, mais elle ne l’a pas ouvert. J’ai hâte d’aller la voir et de lui ramener la version espagnole. Pour lui dire tu vois Abuela, je suis éditée en Espagne, en espagnol, on est un peu de retour. Et puis il y a une chose de jolie. Une personne de l’ehpad de mon grand-père qui m’a dit, un jour que j’allais le voir, 'vous savez, je lui ai lu par petits bouts, tout', ça c’est un cadeau de la vie, on n’a pas fini de les remercier les soignants.

marion lantin
Publié le 17 octobre 2022, mis à jour le 18 octobre 2022