Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--

Manifestation à Madrid : la droite réclame la démission de Sánchez

Environ 25.000 personnes, selon les chiffres du gouvernement, ont défilé ce dimanche à Madrid pour exiger la démission du président Pedro Sánchez. Organisée par la Plataforma por la España Constitucional, qui regroupe des associations proches de l’extrême droite, la manifestation s’est déroulée sur la place Castilla, au cœur de la capitale. Des slogans virulents ont dénoncé un “gouvernement corrompu” et ont remis en cause la légitimité de Sánchez à rester au pouvoir.

manifestation a madridmanifestation a madrid
Isabelperezmoi1 (Twitter)
Écrit par Paul Pierroux-Taranto
Publié le 21 octobre 2024, mis à jour le 22 octobre 2024

 

“Sánchez, démission !”, “Le gouvernement est une mafia !” Ce dimanche 20 octobre, les slogans fusent sur la place Castilla. Sous une pluie de drapeaux espagnols, des milliers de manifestants issus de la sphère de Vox et de la droite du Parti Populaire (PP), exigent la fin d'un gouvernement qu’ils jugent corrompu. Leur revendication : des élections anticipées. D’autres pancartes, en anglais cette fois, accusent l’Espagne d’être une dictature communiste, alimentant une rhétorique extrême droitière qui considère Pedro Sánchez comme une menace pour la démocratie

 

Vox et ses alliés dénoncent “la corruption” du gouvernement Sánchez

Les organisateurs de la manifestation appartiennent aux cercles de Vox et à des figures montantes de la droite dure. Il ont tous répondu à l’appel de la Plataforma por la España Constitucional, qui regroupe une centaine d'associations issues de cette galaxie. Quelques noms bien connus de la mouvance se succèdent à la tribune : le jeune député européen et polémiste Alvise Pérez, l'avocat Ignacio Gordillo, l'entrepreneur Ignacio Trillo ou encore le présentateur de radio Luis del Pino.

 

 

Déception pour les manifestants : l’intervention télévisée de María Corina Machado, la leader de l’opposition vénézuélienne, est tombée à l’eau. C’est Miguel Henrique Otero, le directeur du journal vénézuélien El Nacional, qui prend la relève avec un discours acéré. Selon lui, Pedro Sánchez copie les méthodes de son homologue Nicolás Maduro ; le patron de presse en exil n’hésite pas à prédire que ces deux dirigeants quitteront le pouvoir “dans les jours ou mois à venir”

Le président de Vox, Santiago Abascal, applaudit. Il est en première ligne. Fidèle à son discours, quand il prend la parole, c’est aussi pour critiquer violemment le gouvernement Sánchez, l’accusant de “toutes les formes de corruption”. Alliances douteuses avec le Venezuela, soutien discret à des groupes comme le Hamas… Le leader d'extrême droite a son catalogue de griefs bien rodé. Dans sa diatribe, il n’oublie pas de lancer une pique contre le PP. Abascal reproche au parti conservateur sa compromission avec le pouvoir avec ses “pactes d’Etat”.

 

Le PP joue la montre

Car si Vox adopte une ligne virulente contre Sánchez, prônant une motion de censure pour forcer la tenue d’élections, le PP préfère jouer la montre. Son président, Alberto Núñez Feijóo, concentré sur la bataille judiciaire, ne souhaite pas s’associer au parti d'extrême droite dans la manœuvre, en tout cas pas tout de suite. D’ailleurs, il est aux abonnés absents ce dimanche. 

C’est Carmen Fúnez, vice-secrétaire de l’organisation, qui prend la tête d’une délégation réduite, accompagnée de figures comme Alicia García, porte-parole du parti au Sénat, et Alfonso Serrano, secrétaire général du PP madrilène. Fúnez justifie la participation de son parti comme une réponse au “cri social” contre Sánchez. Elle aussi est convaincue que le président du gouvernement doit quitter la scène politique.

L’un des moments forts de la manifestation a lieu juste avant la fin du rassemblement. Alejo Vidal-Quadras, ancien vice-président du Parlement européen et cofondateur de Vox, monte à la tribune. Affaibli par l’attentat qui l’a visé en novembre dernier, Vidal-Quadras remercie la foule pour son soutien, puis tire à boulets rouges sur le gouvernement. Comparant Sánchez au diable en personne et qualifiant les progressistes de “tarés mentaux”, il déchaîne les passions. Ovations, cris pour l’Espagne, le Roi et la liberté, le tout sur fond d’hymne national à plein volume. 

Face à ce vacarme et pendant que la droite se cherche, Pedro Sánchez reste encore debout. Mais pour combien de temps ?

Pensez aussi à découvrir nos autres éditions